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La chirurgie esthétique, du cabinet médical au phénomène de société - Le Monde

Quand elle rouvre son cabinet sur Park Avenue à la sortie du confinement, en juin 2020, la chirurgienne esthétique Haideh Hirmand s’attend à retrouver sa salle d’attente plus ou moins vide. La première vague de Covid-19 vient de faire près de 25 000 morts à New York. La métropole américaine est sous le choc. « On connaissait tous quelqu’un qui avait été en soins intensifs ou même pire, se souvient-elle. On n’avait pas encore de vaccin. On pouvait imaginer que les gens mettraient leur santé, leur vie, au-dessus de leur apparence. » Au contraire : comme l’ensemble de la profession, la docteure Hirmand voit la demande rebondir dès la levée des restrictions.

Très vite, elle remarque que ses nouveaux patients se plaignent non pas de leur reflet dans le miroir, mais de leur image à l’écran. « Quand on se regarde dans la glace, on ne bouge pas, explique la chirurgienne. Avec le recours massif au télétravail, pour la première fois, les gens voyaient leur propre visage en mouvement. A en juger par ma clientèle, les hommes en ont particulièrement souffert, sans doute parce qu’ils sont moins habitués à se regarder. Hommes ou femmes, nous avons tous vu à l’écran des choses qu’on n’avait jamais remarquées. »

La presse américaine a baptisé « Zoom boom » – du nom de l’une des principales plates-formes de visioconférence – l’appétit de chirurgie esthétique qui a saisi les Etats-Unis dès le début de la pandémie. Une analyse des tendances Google publiée en septembre 2021 dans la revue Aesthetic Surgery Journal suggère que les recherches concernant les interventions sur le visage ont augmenté plus fortement après février 2020 que celles portant sur les autres parties du corps.

« Les planètes étaient alignées »

Sans que personne ne l’ait vu venir, « les planètes étaient alignées pour notre spécialité », ajoute le docteur Steven Williams, vice-président de l’Association américaine de chirurgie plastique : « Les Américains des classes moyennes avaient annulé leurs vacances. Ils avaient du temps libre, de l’argent à dépenser, des masques sous lesquels cicatriser discrètement, et un grand besoin de se remonter le moral. »

Les statistiques les plus récentes de l’Association internationale de chirurgie plastique esthétique (Isaps) révèlent que ce phénomène est mondial : malgré l’interruption des soins non essentiels dans de nombreux pays, le volume des interventions ne s’est pas contracté en 2020.

Les bureaux d’études, qui auscultent chaque année le marché mondial de la chirurgie esthétique, le situent autour de 45 milliards de dollars (environ 43,87 milliards d’euros). En comparaison, celui du luxe pèse environ 300 milliards : jusqu’à présent, Homo sapiens consacre davantage de ressources à parer son corps qu’à le modifier. Mais la quête de beauté est un phénomène en pleine expansion. Une discipline de la médecine est devenue un fait de société. Selon les données internationales de l’Isaps, le nombre d’actes pratiqués chaque année par les chirurgiens esthétiques à travers le monde est passé de 14 millions à 24 millions depuis 2010.

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