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Prévention du cancer du col de l'utérus : itinéraire d'un échec - Le Monde

Le cancer du col de l’utérus touche chaque année plus de 3 000 femmes en France et provoque environ 1 100 décès. Il devrait pourtant être en voie de disparition : « C’est le seul cancer pour lequel il existe un examen de dépistage (…) et un vaccin », rappelait l’Institut national de lutte contre le cancer (INCa), dans son plan anticancer 2014-2019, qui visait, à l’époque, une couverture vaccinale de 60 % chez les filles. Les résultats sont pourtant décevants. Alors que le vaccin contre les papillomavirus humains (HPV) – responsables à 70 % des cancers du col – est disponible depuis 2006, le schéma vaccinal complet chez les adolescentes de 16 ans est de 37,4 % en 2021, selon Santé publique France.

« C’est loin d’être satisfaisant et c’est un échec par rapport à d’autres pays européens, mais nous observons une vraie augmentation », tempère le docteur Jean-Baptiste Méric, oncologue médical et directeur du pôle santé publique et soins à l’INCa. En 2015, le taux était de 13,5 %.

« Nous n’arrivons pas à amener la population à se faire vacciner », constate le professeur Xavier Carcopino, chef du service de gynécologie-obstétrique de l’hôpital Nord à Marseille et vice-président de la Société française de colposcopie et de pathologie cervico-vaginale. Ainsi, la France figure parmi les pays d’Europe ayant les taux les plus bas de vaccination anti-HPV : l’Angleterre, le Portugal ou encore la Suède ont réussi à vacciner respectivement 85 %, 76 % et 83 % de leur population cible.

Vaccination contre les papillomavirus, à Lille, en octobre 2010.

« C’est d’autant plus désespérant que nous avons plus de quinze ans de recul », souligne le professeur Carcopino. De nombreuses études ont confirmé par le passé une nette diminution des infections HPV et des lésions précancéreuses grâce à la vaccination. Plus récemment, son incidence sur le recul des cancers du col a été démontrée : une étude en population ouverte entre 2006 et 2017 portant sur plus de 1,6 million de Suédoises âgées de 10 à 30 ans a permis d’établir que la vaccination anti-HPV diminuait de 88 % les risques de développer un cancer invasif chez les femmes vaccinées avant 17 ans.

Pour de nombreux professionnels, la disparition de la politique vaccinale en milieu scolaire est en grande partie responsable de ces faibles taux. Les pays qui présentent les couvertures vaccinales les plus hautes ont introduit des programmes de vaccination scolaires. La Suède, par exemple, l’a proposé gratuitement dès 2012 pour les filles âgées de 10 à 12 ans. En 2021, 84 % des moins de 16 ans ont reçu au moins une dose de vaccin anti-HPV.

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