C’est une figure doublement plébiscitée. D’une part par les «covidosceptiques», ceux qui se sont opposés à la campagne vaccinale anti-Covid, et plus largement à toutes les mesures de lutte contre la crise sanitaire. Et d’autre part par ceux qui, au-delà de la pandémie, remettent en cause l’innocuité de l’ensemble des vaccins, les «antivax». Deux sphères, perméables (sans se confondre forcément) qui ont largement repris à leurs comptes les propos de Didier Raoult pour appuyer leur argumentaire.
Mais voilà qui risque de décevoir certains de ses adorateurs : Didier Raoult est pour une vaccination généralisée contre les papillomavirus humains (HPV). Alors qu’Emmanuel Macron a annoncé mardi la mise en place d’une campagne de vaccination gratuite et «généralisée» dans les collèges, et affiché sa volonté d’«éradiquer» le virus, d’anciennes déclarations de Didier Raoult (souvent présentés ans être datées) circulent sur les réseaux. Dans une des vidéos de la chronique «Nous avons le droit d’être intelligents», que le professeur tenait régulièrement du temps où il dirigeait encore l’IHU de Marseille, il s’était montré favorable à un élargissement de la vaccination contre le HPV, et même à la lutte contre la diffusion de fausses informations à ce sujet.
Politique vaccinale «très timorée»
La vidéo remonte à septembre 2019. Didier Raoult y rappelle que s’il est établi depuis longtemps que le papillomavirus est en «lien direct et exclusif avec le cancer du col» de l’utérus, on a découvert plus récemment que ce virus est aussi «la cause de multiples autres cancers», dont ceux «de la gorge», «de l’anus» et «de la verge». «On estime qu’il y a 2 000 morts par an en France de cancers qui sont induits par le papillomavirus. C’est une vraie priorité de santé publique», renchérit-il.
Voilà qui va faire buguer les conspis qui hurlent contre le vaccin contre le papillomavirus/HPV.
— Tristan Mendès France (@tristanmf) March 2, 2023
Ici, Raoult himself fait la promo de ce vaccin, sans limite d’âge, et veut même sanctionner ceux qui désinforment sur le sujet. https://t.co/o42DQKdgSR
Or, déplore ensuite Raoult, la France a «une couverture vaccinale qui est une des plus basses des pays développés». En cause, une politique vaccinale «très timorée» : «Nous ne vaccinons que les jeunes filles avant 16 ans, sinon on ne le rembourse pas. Maintenant on a ajouté les garçons homosexuels, mais on voit mal les garçons dire “remboursez-moi le vaccin parce que je suis homosexuel”.» Au moment du tournage de cette vidéo, les autorités sanitaires françaises recommandaient l’injection de deux doses entre 11 et 14 ans révolus, ou trois doses en rattrapage chez les jeunes filles non vaccinées de 15 à 19 ans révolus. Le professeur propose donc de «ne pas l’orienter», et à la place de «proposer ça à tous les jeunes», «qui ont ou vont avoir une activité sexuelle, qu’ils soient hétéro ou homosexuels». Et met en avant son propre exemple : «Moi, j’ai vacciné mes enfants bien sûr, avant que ce soit remboursé. Mon garçon comme mes filles.»
Mais le retard de la France en la matière peut aussi s’expliquer, souligne-t-il, par l’omniprésence dans le débat public de «rumeurs», telles que «moi, j’ai eu les syndromes de la ménopause parce que j’ai eu le vaccin». «Je souhaite que l’Etat mette en place un contrôle des lanceurs d’alerte fantasques», des «structures qui permettent de sanctionner des fausses alertes qui sont antagonistes de la réalité scientifique», «je suis pour la censure des fausses informations», martèle l’infectiologue.
«Je ne vais pas me déjuger»
Contacté par CheckNews, Didier Raoult explique n’avoir pas changé d’avis sur le sujet. Il se montre donc favorable à la mesure annoncée mardi par le chef de l’Etat. «J’ai écrit un livre sur les vaccins [La vérité sur les vaccins, ndlr] dans lequel je faisais la même recommandation. Donc je ne vais pas me déjuger juste pour le plaisir de contredire M. Macron», explique-t-il, ajoutant : «Sur un bateau, il y a des boussoles et des girouettes. Je suis du côté des boussoles. Je ne change pas en fonction de mes affects pour les uns et les autres.» Sur la forme que doit prendre cette évolution de la politique vaccinale, il préconise les «recommandations» plutôt que les «obligations» : «Je pense que c’est mieux de convaincre les gens.»
A ce jour, la vaccination est recommandée pour les filles et les garçons entre 11 ans et 14 ans, peut être proposée en rattrapage jusqu’à l’âge de 19 ans et reste possible jusqu’à 26 ans pour les hommes qui ont des relations sexuelles avec des hommes.
Sur les réseaux sociaux, de nombreux antivax dénoncent l’annonce présidentielle et mettent en avant des supposés effets secondaires graves du vaccin utilisé pour protéger contre les infections à HPV – actuellement le Gardasil 9. Comme le soulignait CheckNews en 2018, il n’existe aucune preuve scientifique d’effets indésirables sérieux dus à ce vaccin.
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