L'obésité rime avec précarité. C’est le constat qui se dessine dans les conclusions d'une étude baptisée PrevenDiab et dirigée par un chercheur lillois, le professeur Philippe Froguel, et son équipe, depuis un an et demi, au sein de l’Institut de recherche sur le diabète (Egid). A l’occasion de la Journée mondiale de l’obésité, ce samedi, 20 Minutes fait le point sur cette étude qui visant à démontrer qu’une vie précaire est un facteur aggravant pour déclencher un diabète.
« Aussi surprenant que ça puisse paraître, aucune étude spécifique n’avait été lancée sur le lien entre précarité et diabète », raconte Philippe Froguel, dont l’équipe de recherche avait découvert, en 1998, un premier gène responsable de certaines formes de diabète et d’obésité. Mais si ce spécialiste du diabète a fait progresser la connaissance génétique autour de l’obésité, il n’élude pas les causes environnementales : « globalement, les variations de poids sont liées pour 70 % aux gènes et pour 30 % à l’environnement. »
L’espoir d’améliorer la prévention
Menée avec le centre de santé de l’Institut Pasteur de Lille, l’étude PrevenDiab suit donc déjà 750 patients considérés comme précaires par la Caisse nationale d’assurance maladie. L’étude cible les 2.000 volontaires. Avec, en tête, l’espoir d’améliorer la prévention. « Les premiers résultats montrent un nombre de prédiabétiques, c’est-à-dire avec un taux de glycémie trop élevé, supérieur à 50 % chez ces personnes précaires par rapport à la moyenne », détaille le Pr Froguel. Reste à déterminer quelles facettes de la précarité sont les plus associées à la mauvaise santé.
Une étude en Finlande avait déjà montré que le nombre d’enfants par famille, le fait d’habiter loin des centres-villes ou que les parents fument ou non, étaient autant de facteurs d’obésité. « On sait, par exemple, que le tabac rend l’insuline moins efficace, souligne le pr Froguel. Mais il reste encore beaucoup de choses à découvrir sur cette maladie qu’est l’obésité. »
Moins « vingt ans d’espérance de vie »
Et l’enjeu est grand. « Les causes sont multiples et il faut les trouver, même si ce n’est pas simple, reconnaît Philippe Froguel. Car l’obésité accélère le vieillissement. Une personne obèse perd vingt ans d’espérance de vie. » Et ce n’est pas une simple question de régime alimentaire ou de prévention. « Si vous avez des problèmes d’addiction, faire un régime ne sert à rien, au contraire, si vous êtes victime d’un dérèglement génétique du contrôle de l’appétit », prévient le chercheur.
Ainsi, le second volet de l’étude prévoit une prise en charge des personnes prédiabétiques, via des associations spécialisées dans la précarité. « L’objectif premier est de réintégrer ces personnes dans le système de santé, explique-t-il. C’est un point qui dépasse le côté recherche et qui est tout aussi compliqué. Ensuite, nous pourrons constater si, oui ou non, cette prise en charge précoce est réellement bénéfique. C’est l’autre objectif de l’étude. »
Un traitement pour les ados souffrant d’obésité sévère
Une équipe lilloise de l’EGID, dirigée par le Dr Amélie Bonnefond, vient de démontrer que, chez l’enfant, certaines formes d’obésité sévères d’origine génétique, peuvent être traitées par un médicament. « Ces résultats révèlent l’importance du diagnostic génétique pour dépister ces formes qui entraînent une défaillance du contrôle de la satiété et de l’appétit », souligne l’EGID, dans un communiqué.
Après 25 années d’effort, la setmélanotide, dont le développement découle des découvertes faites en 1998 par l’équipe du Pr Philippe Froguel, est enfin disponible en France pour soigner ces jeunes adolescents en surpoids sévère. « Cependant, ce médicament coûte très cher, environ 300.000 euros par an, et entraîne certains effets secondaires, prévient l’Institut de recherche. Aussi, il doit être réservé aux enfants en situation d’obésité génétique pouvant être spécifiquement ciblés par ce médicament. »
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