
Les premiers registres, apparus dans l’est de la France dans les années 1975 ont été développés sur des initiatives de recherche, notamment en lien avec des préoccupations environnementales. Il y avait en effet dans cette région des usines d’incinération d’ordures ménagères, « pour lesquelles on pensait qu’il y avait des nuisances locales », précise le Dr. Defossez. « On souhaitait alors avoir un recensement exhaustif des cas sur ces territoires ».
Progressivement, et de façon assez hétérogène dans les premiers temps, ces registres sont devenus des outils de référence en surveillance épidémiologique en matière de prévention du cancer. Puis progressivement, ces centres ont été coordonnés par un Comité National des Registres (CNR), qui en 1986 a commencé à mettre en place une politique de développement de nouveaux registres. « On arrive aujourd’hui à couvrir entre 21 et 24 % de la population française, grâce à 28 registres généraux et spécialisés, répartis sur le territoire », explique le Dr. Defossez.
Tous cancers confondus, les évolutions observées des taux d’incidence révèlent un doublement du nombre de nouveaux cas de cancers depuis 1990 chez l’homme et la femme.
En France, on compte 433 136 nouveaux cas de cancers recensés en 2023, dont 57 % chez les hommes et 43 % chez les femmes. Le pronostic chez les hommes s’est amélioré ces dernières années, bien que le taux de mortalité reste le plus élevé. On constate en effet une diminution du nombre de cancers de la prostate, du poumon, ainsi que du colon. Chez la femme, on constate en revanche une augmentation très préoccupante du nombre de cas de cancers du poumon (+ 4,3 %) ainsi que du pancréas (+ 3,3 %), deux des cancers présentant les plus mauvais pronostics.
« Le cancer est une pathologie multifactorielle », précise Dr. Defossez. Le cancer n’est pas une seule et même maladie. Il y a une multitude de cancers, et c’est d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles ces dégénérescences sont si instables et complexes à comprendre et à traiter.
Dans la récente publication, la restitution des informations obtenues par les registres des cancers donne une vision sur certaines localisations de cancers. « Ce sont les dix-neuf cancers les plus fréquents qu’on observe chez les deux sexes », explique-t-il. Cette étude permet de comprendre l’évolution des cancers qui touchent principalement la population depuis les années 1990.
Or le Docteur Defossez explique qu’il y a « un intérêt non négligeable à monter des analyses par sous-types histologiques ». Cette étude plus spécifique est essentielle pour comprendre qu’une même dénomination de cancer, par exemple le cancer du poumon, peut avoir une multitude de localités différentes, et donc une multitude de causes. Dans le cas de ce cancer, on retrouve une catégorie « à grandes cellules », et une autre « à petites cellules », dans lesquelles se trouvent d’autres sous-localisations.
L’intérêt ici est de prendre conscience que « cancer du poumon », peut désigner une multitude de sous-localisations, et mobiliser autant de spécificités et de causes possibles. « Les facteurs de risques, localisation par localisation sont très variables », ajoute le docteur Defossez. Le repérage de ces subtilités est essentiel, notamment pour identifier le traitement médical approprié. Des rapports beaucoup plus complets, qui traitent de soixante-quatorze localisations et sous-localisations, sont publiés tous les cinq ans à cet effet.
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