
Le Pérou a déclaré l'état d'urgence sanitaire le week-end dernier face à l'explosion de cas de Guillain-Barré. Depuis, certains n'hésitent pas à faire le lien entre cette recrudescence et la vaccination contre le Covid-19. La Dépêche du Midi démêle le vrai du faux.
Le 8 juillet dernier, le Pérou a déclaré l’état d’urgence sanitaire national pour 90 jours, afin de faire face à une "augmentation inhabituelle" des cas du syndrome neurologique de Guillain-Barré (SGB). Depuis janvier, plus de 190 cas ont été recensés. Quatre personnes sont décédées.
Sur les réseaux sociaux, de nombreux internautes ont établi un lien entre cette maladie et la vaccination contre le Covid-19. En effet, le Pérou est l’un des pays les plus vaccinés au monde, avec plus de 89 % de sa population vaccinée, comme le rapporte Our World in Data.
Les campagnes de vaccination trop anciennes
Le syndrome de Guillain-Barré est une affection rare dans laquelle le système immunitaire du patient attaque les nerfs périphériques. Il peut ainsi entraîner une faiblesse musculaire et la perte de sensation dans les jambes et/ou les bras. Les cas graves sont rares, mais peuvent entraîner une paralysie quasi complète.
Selon l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS), le SGB est souvent déclenché par une infection - bactérienne ou virale - ou plus rarement par une intervention chirurgicale ou la vaccination. Ainsi, en septembre 2021, l’Agence européenne des médicaments (EMA) avait annoncé avoir répertorié quelques centaines de cas du syndrome de Guillain-Barré après l’injection du vaccin AstraZeneca. Néanmoins, toujours selon Our World in Data, la population du Pérou a été principalement vaccinée avec Pfizer/BioNTech (53,81 millions de doses) et le vaccin chinois Sinopharm (21,31), et minoritairement avec AstraZeneca (8,19).
De plus, les campagnes de vaccination contre le Covid-19 au Pérou datent de 2021 et de 2022 et sont donc trop anciennes pour avoir une incidence sur l’augmentation des cas de SGB très récents. "Même s’il n’y a pas de définition universelle du SGB imputable aux vaccins, la vaccination peut être pertinente si elle a été administrée jusqu’à quatre semaines avant le déclenchement des symptômes", indique ainsi une étude publiée dans la revue National Library of Medicine en janvier dernier. Tout lien est donc à exclure.
La faute à la bactérie Campylobacter jejuni ?
Mais comment expliquer cette recrudescence ? Première piste : Zika, qui se transmet par la piqûre de moustiques, qui s’est fortement propagé en Amérique latine à partir de 2016. "L’explication la plus probable au vu des données disponibles est que l’infection à virus Zika est un déclencheur du syndrome de Guillain-Barré", indique ainsi l'OMS.
Seconde hypothèse : selon certains spécialistes, cette augmentation des cas pourrait également être liée à l’épidémie de dengue qui sévit actuellement au Pérou, mais le lien n’est pas formellement établi. "En pratique, s’il y a une épidémie de dengue et une épidémie de Guillain-Barré, on a envie de faire un lien entre les deux même si ce n’est pas encore totalement certain et qu’il faut rester prudent", affirme ainsi le professeur Nicolas Weiss, coauteur de plusieurs études sur ce syndrome, auprès de Libération.
Dernière possibilité : la bactérie Campylobacter jejuni, à l'origine de diarrhées. En 2019, le pays avait déjà connu une hausse inédite de cas de Guillain-Barré. Deux ans plus tard, la bactérie avait été identifiée comme responsable par une équipe internationale de chercheurs. Selon l'OMS, 11 personnes actuellement malades du SGB viennent d’être testées positives.
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