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« J’étais persuadé que je n’y avais pas le droit »… La vaccination des garçons contre le papillomavirus à la… - 20 Minutes

En France, la vaccination anti-HPV est recommandée chez les filles de 11 à 14 ans depuis 2007, et chez les garçons du même âge seulement depuis 2021. (PHOTO D'ILLUSTRATION) — Canva
  • Le papillomavirus est la première cause de cancer de l’utérus, avec environ 3.000 cas par an mais il touche aussi les hommes avec des cancers anaux, du pénis et de la sphère ORL.
  • Une vaccination gratuite des collégiens de 5e débutera à partir du 1er octobre dans près de 7.000 établissements, ont annoncé les ministres de l’Education nationale et de la Santé lundi.
  • Fin 2022, seulement 48 % des filles et 13 % des garçons de 15 ans avaient reçu au moins une dose de vaccin en France.

Longtemps, le papillomavirus s’est propagé silencieusement en France. Depuis 2006 et la mise sur le marché d’un vaccin, les HPV - abréviation anglaise pour « human papillomavirus » –, sont évitables. Malgré tout, ils continuent à contaminer et à tuer de nombreuses Françaises et Français chaque année. Ils sont ainsi responsables de plus de 6.000 nouveaux cas de cancers par an et de 1.100 décès du cancer du col de l’utérus. Dans l’espoir d’endiguer ces contaminations, une vaccination gratuite des collégiens de 5e débutera à partir du 1er octobre dans près de 7.000 établissements, ont annoncé les ministres de l’Education nationale et de la Santé lundi.

Une urgence alors que la France a l’une des couvertures vaccinales les plus faibles des pays industrialisés. Fin 2022, seulement 48 % des filles et 13 % des garçons de 15 ans avaient reçu au moins une dose de vaccin en France. En Australie, ce sont 67 % des adolescents et 78 % des adolescentes de 15 ans qui ont reçu leurs trois doses. « Il y a un énorme retard en France sur la vaccination contre le papillomavirus alors qu’un homme sur cinq dans le monde est porteur d’un HPV à haut risque et que le vaccin est le seul outil de prévention », rappelle Lydie Porée, membre du bureau du planning familial, en charge du plaidoyer sur la lutte contre le VIH et les infections sexuellement transmissibles.

Un vaccin présenté comme féminin

Le papillomavirus est la première cause de cancer de l’utérus, avec environ 3.000 cas par an mais il touche aussi les hommes avec des cancers anaux, du pénis et de la sphère ORL. Longtemps, la vaccination contre le papillomavirus a été présentée comme « l’arme » ultime face au cancer du col de l’utérus. Oubliant, au passage, les autres risques qui entourent les HPV. « Je savais que ça existait pour les filles parce qu’elles encouraient plus de risques mais, avant que mon médecin m’en parle, je ne savais pas que les garçons étaient autorisés à être vaccinés », explique Alex Merillou. Le jeune homme de 20 ans s’est fait vacciner l’année dernière, sur le fil du rasoir.

« J’étais persuadé que je n’avais pas le droit de le faire », ajoute le jeune homme. Car le vaccin contre le papillomavirus voit son image de traitement préventif « pour les filles » lui coller à la peau. Pas surprenant quand on sait qu’en France, la vaccination est recommandée pour ces dernières depuis 2007 mais que les garçons ont dû attendre encore près de quinze ans pour être inclus. « Ce vaccin est essentiel pour les filles comme les garçons », assure toutefois Leslie Fonquerne, ingénieure de recherche en santé des populations et sociologue du genre et de la santé. Au-delà des cancers, plus rares chez les garçons, les HPV entraînent d’autres affections comme les verrues anogénitales. Or, parmi les 100.000 détectées chaque année, la moitié concerne des hommes.

Les hommes tenus éloignés de la santé et de la santé sexuelle

« La société agit comme si les hommes n’avaient pas de corps, comme si la charge de leur santé ne leur revenait pas. C’est tellement ancré que ça en devient contreproductif pour leur propre santé », dénonce Lydie Porée. « Quand une problématique est liée à la santé sexuelle et reproductive, les femmes toujours sont responsabilisées. De leur côté, les garçons ne sont pas encouragés à consulter en général, encore moins sur les questions de santé sexuelle », abonde Leslie Fonquerne. Elle explique que les statistiques montrent un grand écart de consultation médicale entre les hommes et les femmes, qui se transforme en véritable fossé quand il s’agit de santé sexuelle. La plupart des femmes consultent leur gynécologue dès l’adolescence tandis que « quand les hommes consultent dans le domaine de l’andrologie, c’est en général plutôt vers la fin de la vie », note-t-elle.

En vaccinant plus systématiquement les garçons au papillomavirus, on leur permet donc de se protéger mais aussi de protéger leurs futures partenaires sexuelles, car de nombreux hommes sont porteurs asymptotiques et peuvent contaminer leurs partenaires. Se vacciner pour protéger ses futures partenaires convainquait peu, il y a quelques années. Toutefois, « on assiste à un changement de société, même s’il est lent », se félicite Lydie Porée. C’est d’ailleurs avant tout pour protéger ses « futures partenaires » qu’Alex Merillou a choisi la piqûre. Le jeune homme regrette d’ailleurs le manque d’information à ce sujet et encourage les lycées et surtout les collèges à faire « plus de prévention ».

« J’ai eu la chance de pouvoir le faire à la toute dernière limite parce que ma médecin m’en a parlé. J’en ai ensuite discuté avec mon entourage et beaucoup de mes amis n’en avaient jamais entendu parler. Et c’était malheureusement trop tard pour eux », explique-t-il. Les autorités sanitaires françaises recommandent en effet l’injection de deux doses entre 11 et 14 ans révolus ou trois doses en rattrapage chez les jeunes non vaccinés de 15 à 19 ans révolus.

« Débinariser la santé sexuelle »

« En France, on a encore du mal à mobiliser les garçons et les hommes sur les questions de santé sexuelle. Dans les politiques de santé plus large, par exemple la contraception, les femmes sont très responsabilisées dans notre pays alors que c’est plus équilibré en Australie », explique Leslie Fonquerne. Or, le pays d’Océanie est en passe d’éradiquer le cancer du col de l’utérus grâce à ses campagnes de vaccination qui ont rapidement intégré les garçons. Pour parvenir au même résultat, il faut donc mieux informer. « Le manque d’information sur le papillomavirus interroge sur l’éducation à la sexualité. La loi [qui prévoit trois séances annuelles obligatoires] n’est pas respectée, ce qui fait courir un risque sur la santé des personnes », fustige Lydie Porée. Seuls 15 % des jeunes bénéficient de ces trois séances par an au cours de leur enseignement secondaire, d’après SOS Homophobie.

Et quand il s’agit du papillomavirus, le silence est encore plus assourdissant pour les garçons. « Au collège et au lycée, on nous a parlé du Sida et du préservatif. Mais jamais de ces maladies-là », regrette Alex Merillou. Or, le préservatif ne permet pas de se protéger des HPV. Lors de ces sessions, garçons et filles sont souvent séparés et, comme de nombreuses personnes continuent à considérer le papillomavirus uniquement comme un vecteur du cancer de l’utérus, il a moins de chance d’être présenté lors d’une session non-mixte. « Il faut débinariser la santé sexuelle, ce n’est pas qu’une affaire de femme », appelle Lydie Porée. « Aujourd’hui, ce n’est plus que la femme qui doit se protéger, ça se fait à deux. Et ce chemin commence aussi par la vaccination », conclut Alex Merillou.

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