- De fausses informations circulent sur Internet à propos de l’efficacité du vaccin contre le papillomavirus, qui prévient notamment le cancer du col de l’utérus.
- Des internautes se basent sur une lecture biaisée de l’évolution du nombre de cas de cancers du col de l’utérus en Australie, qui vaccine les filles contre le papillomavirus depuis 2007.
- La cancérisation apparaissant entre 25 et 30 ans entre 5 et 10 ans après l’infection, il est trop tôt pour voir les effets sur les cancers chez la population vaccinée à l’âge de 12-13 ans en 2007. L’efficacité du vaccin est néanmoins déjà observable à travers la diminution des lésions précancéreuses.
Depuis l’annonce de la campagne de vaccination contre le papillomavirus en février 2023 par Emmanuel Macron, de nombreuses fausses informations circulent sur les réseaux sociaux. Ces affirmations concernent la prétendue dangerosité du vaccin, ou encore son efficacité réelle. Récemment, avec l’approche du lancement de la campagne, qui débutera en octobre pour proposer une vaccination gratuite aux élèves de 5e volontaires, ce type de publications trouve un écho important en ligne.
Un exemple précis est souvent mis en avant par les détracteurs de la vaccination, qui se basent sur l’exemple de l’Australie. Le pays a lancé sa campagne de vaccination contre le papillomavirus en 2007 pour les filles, et en 2013 pour les garçons.
On y voit deux graphiques, montrant l’évolution de l’incidence (nombre de cas à une période donnée) des cancers du col de l’utérus dans le pays par année. Ces graphiques sont accompagnés des légendes : « Depuis les vaccinations l’incidence du cancer invasif ne diminue pas », ainsi que « la vaccination ne diminue pas le nombre de cancer ».
Ces deux visuels sont partagés dans des publications qui affirment notamment que « le vaccin Gardasil [nom d’un des vaccins contre le papillomavirus] ne diminue pas l’incidence du cancer du col et l’augmente plutôt dans les groupes vaccinés ».
En suivant la lecture des graphiques soutenues par ces publications, c’est ce qu’on est amené à comprendre, les courbes stagnant ou augmentant même légèrement après l’année 2007.
FAKE OFF
En réalité, il est trop tôt pour pouvoir évaluer le nombre de cancers chez les jeunes filles dont la vaccination a débuté en 2007. En effet, comme l’explique l’Institut national du cancer (INCa), contacté par 20 Minutes, « l’âge médian de survenue du cancer du col de l’utérus est de 53 ans ». Ces graphiques ne permettent donc en aucun cas de conclure de l’inefficacité du vaccin, et leur lecture tel qu’induite par les plublications est biaisée.
Comme le rappel l’Institut national du cancer (INCa), ces infections suivent trois étapes : « infection (quelques jours ou semaines), puis condylomes ou/et lésions précancéreuses (entre 5 et 10 ans), et enfin cancérisation en 25-30 ans ».
Le fait que les courbes des graphiques ne remontent pas directement après l’année du début de la campagne de vaccination, est donc tout à fait logique. Les données utilisées dans les graphiques sont par ailleurs authentiques et consultables en ligne. Elles sont issues du National Cancer Control Indicators, qui rassemble les données officielles des cancers en Australie.
Une efficacité bel et bien observable
Concernant l’augmentation des cancers du col de l’utérus à partir du milieu des années 2000 observable dans plusieurs pays, l’INCa précise que cette dernière a touché les tranches d’âges supérieures aux 20-29 ans. Et que par conséquent « les personnes atteintes n’étaient pas vaccinées » et que « celles qui étaient vaccinées n’étaient pas, et de loin, arrivées à l’âge du cancer ».
Pour ce qui est de l’Australie, c’est donc seulement à partir de 2019-2020 que les premiers groupes de femmes vaccinées à 12-13 ans sont entrés dans le programme de dépistage du cancer.
L’efficacité du vaccin est par ailleurs déjà observable en ce qui concerne la prévention des lésions cancéreuses et des infections, en « Australie, Suède, Écosse, États-Unis, Belgique, Allemagne, Nouvelle-Zélande, Danemark, et Canada », informe l’INCa. L’organisme ajoute : « On observe une diminution de l’incidence des lésions précancéreuses du col utérin de l’ordre de 90 % ».
« Ce qui est en train d’y être éradiqué – au-delà même de toutes les espérances, c’est la circulation du virus et les lésions précancéreuses », appuie l’Institut national du cancer.
Un risque qui concerne aussi les hommes
Contrairement à ce qu’affirment également d’autres publications en ligne, le lien entre le papillomavirus et les cancers du col de l’utérus est lui aussi bel et bien avéré. Toujours selon l’INCa, ce sont ainsi chaque année 6400 nouveaux cas de cancers qui sont causés par les papillomavirus. Parmi eux, 2900 sont des cancers du col de l’utérus.
Mais si la vaccination est aussi proposée aux garçons à partir d’octobre prochain, c'est parce que ces derniers sont aussi concernés par les risques de cancers à la suite d’infection à papillomavirus. Plus d’un quart des cancers détectés chaque année concernent en effet des hommes, avec des cancers de l’oropharynx (partie de la gorge), du pénis, ou encore de l’anus.
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