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Vaccin contre le cancer du poumon: "un espoir solide", estime un médecin azuréen - Nice matin

Le devoir de prudence s’impose tout particulièrement dans le domaine de la cancérologie: on parle là de maladies graves, associées à des pronostics parfois très sombres.

Aussi, quand les spécialistes de ces pathologies prononcent les mots "espoir solide", on peut se laisser aller à rêver de lendemains plus souriants pour les victimes de ces maladies. Et ce sont bien les mots employés par le Dr Olivier Castelnau, oncopneumologue, lorsqu’on le sollicite pour commenter les résultats positifs présentés lundi par la biotech française Immunothérapeutics concernant son vaccin contre le cancer du poumon.

Rencontre avec ce spécialiste en exercice à l’institut Arnault Tzanck de Saint-Laurent-du-Var et à la polyclinique Saint-Jean de Cagnes-sur-Mer.

Comment fonctionne ce vaccin dit thérapeutique?

Il consiste à injecter des fragments de cinq protéines spécifiquement présentes à la surface des cellules cancéreuses (antigènes) pour apprendre au système immunitaire à reconnaître ces dernières et à les éliminer.

Quelles différences entre ce vaccin thérapeutique et l’immunothérapie, utilisée efficacement et depuis une quinzaine d’années contre le cancer du poumon?

Si les deux traitements ciblent le système immunitaire, les approches sont très différentes; l’immunothérapie permet de "débloquer" le système immunitaire mis en sommeil par le cancer, alors que le vaccin stimule directement l’immunité antitumorale.

Classiquement, on associe le mot "vaccin" à prévention. Qu’est-ce que ce vaccin anti-cancer a en commun avec des vaccins classiques?

Ce vaccin sert à traiter, il n’a pas de vertu préventive: il ne protège pas contre le cancer du poumon. Si on parle de "vaccin", c’est parce qu’il fonctionne de la même façon que les vaccins utilisés contre les infections: il "éduque" le système immunitaire.

Chez quels types de patients ce vaccin a-t-il été testé?

L’essai de phase 3, qui représente la dernière étape avant la commercialisation, a inclus des malades atteints de cancer du poumon métastatique [qui s’est propagé à d’autres endroits du corps, Ndlr]; ces patients avaient en commun d’avoir subi plusieurs lignes de traitements: immunothérapie, chimiothérapie, et n’y répondaient plus… Ils étaient en situation d’échappement thérapeutique.

Quels ont été les effets de ce traitement?

Il a permis de quasiment doubler la survie: 44,1% des patients traités par ce vaccin étaient toujours en vie un an après le début du traitement, contre seulement 27,5% pour ceux qui n’en avaient pas bénéficié.

Si le vaccin est commercialisé, pourra-t-il profiter à tous les malades?

Non, ou du moins pas à ce stade. Tout d’abord, les essais ont concerné seulement des patients atteints d’un certain type de cancer du poumon (non à petites cellules, classiquement liés à la consommation de tabac). Par ailleurs, l’efficacité du vaccin n’a été démontrée que chez ceux présentant un certain profil génétique (porteurs d’un gène nommé HLA-A2, présent chez environ 50% de la population), et chez lesquels l’immunothérapie, au moins dans un premier temps, avait été efficace.

Combien cela représente de patients en France?

On évoque le chiffre de 5.000 à 7.000 patients concernés par an en France, plusieurs centaines sur notre territoire.

Peut-on parler d’espoir de guérison pour ces malades?

Même si l’essai est concluant, il ne faut pas susciter de faux espoirs en parlant de guérison, alors qu’il n’est même pas encore commercialisé. Ce qui est sûr, c’est que ce traitement va faire gagner des temps de vie, et surtout des temps de vie de qualité, puisqu’il est peu toxique. Par ailleurs, il vient s’ajouter à un arsenal thérapeutique qui s’est considérablement enrichi ces dernières années. Il faut se souvenir qu’avant l’arrivée de l’immunothérapie, les personnes atteintes de cancer du poumon métastatique avaient une espérance de vie de quelques mois. Aujourd’hui, beaucoup de patients sont vivants des années après le diagnostic.

À quel horizon peut-on espérer voir arriver cette innovation thérapeutique sur le marché?

D’après la société de biotechnologie qui a réalisé les essais, la commercialisation pourrait intervenir en 2027. Cela peut paraître une date très éloignée pour les patients actuellement traités pour un cancer du poumon. C’est en réalité très proche. C’est donc un très gros espoir thérapeutique qui se dessine à court terme. Et pas seulement dans le cancer du poumon; le mélanome, le cancer des ovaires et celui du pancréas pourraient être d’autres indications de ce vaccin.

Quelles sont les étapes qui restent à franchir?

La crise sanitaire n’a pas permis à l’étude d’aller au terme de son recrutement. Seulement 219 patients, dans neuf pays européens, y ont participé. D’autres essais cliniques de phase 3, incluant un plus grand nombre de malades, doivent encore être conduits.

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