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Beyfortus : Pas de doses supplémentaires, le traitement préventif contre la bronchiolite victime de son succès - 20 Minutes

La bronchiolite, c'est quoi ? — 20 Minutes
  • Lancée mi-septembre, la campagne d’immunisation contre le virus respiratoire syncytial (VRS), responsable de la majorité des cas de bronchiolite chez les tout-petits, patine en raison d’une pénurie de Beyfortus.
  • Ce traitement préventif de la bronchiolite, conçu par AstraZeneca et Sanofi a été plébiscité par les jeunes parents et a très rapidement été victime de son succès.
  • De prochaines livraisons doivent être effectuées ces jours-ci en maternités pour honorer les commandes passées en septembre, mais après cela, aucune autre dose ne pourra être livrée cette saison.

Inutile de faire le tour des pharmacies avec son ordonnance de Beyfortus. Moins de trois mois après son lancement, ce traitement préventif du virus respiratoire syncytial (VRS), principal responsable de la bronchiolite chez les tout-petits, est introuvable, victime de son succès. Plus une officine n’en a dans ses tiroirs, alors que l’épidémie poursuit sa progression dans tout l’Hexagone.

Vanté par le ministre de la Santé Aurélien Rousseau comme « une avancée majeure », le Beyfortus a été plébiscité par les jeunes parents, nombreux à vouloir protéger leur bébé de la bronchiolite. Mais de nouvelles doses seront-elles bientôt disponibles ? Et ce traitement prophylactique est-il efficace ?

« Un engouement fou »

Généralement sans gravité, la bronchiolite provoque toutefois des difficultés respiratoires chez les bébés et entraîne chaque année nombre de passages aux urgences et d’hospitalisations. L’an dernier, elle a ainsi été à l’origine d’une épidémie sans précédent depuis plus de dix ans, menant des dizaines de milliers de nourrissons – et de parents inquiets – à l’hôpital. Et elle est déjà de retour cette année. « Au sein de notre groupe de pédiatres infectiologues, nous réalisons des tests de dépistage VRS, grippe et Covid-19, et le VRS est extrêmement présent actuellement, à des taux relativement importants », confirme le Dr Sylvie Hubinois, pédiatre et ancienne présidente de l’Association française de pédiatrie ambulatoire (AFPA). Selon les derniers chiffres de Santé publique France, douze régions sont en phase épidémique et la Corse, elle, est en phase pré-épidémique.

Le Dr Hubinois le constate chaque année, « la bronchiolite fait extrêmement peur aux parents, alors, quand le Beyfortus a été mis sur le marché le 15 septembre, son lancement a suscité un engouement fou. Pourtant, lorsqu’il s’agit d’un nouveau vaccin, on a généralement du mal à les convaincre, mais le Beyfortus, qui n’est un pas vaccin mais un traitement préventif qui consiste en une injection unique d’anticorps, tous les parents le voulaient. »

Au départ, le gouvernement a commandé 200.000 doses de nirsevimab, ou Beyfortus, développé et commercialisé conjointement par Sanofi et AstraZeneca : 145.000 doses de 50 mg et 55.000 doses de 100 mg. « Mais l’engouement a été tel qu’en quelques jours, le traitement n’était plus disponible », indique le Dr Hubinois. Résultat, la Direction générale de la Santé (DGS) a adapté sa stratégie et depuis le 26 septembre, « les doses de nirsevimab 50 mg, adaptées aux enfants de moins de 5 kg », ont été « réservées aux maternités ». Le 29 septembre, ce sont « les livraisons de doses de 100 mg en officines en France métropolitaine pour les nourrissons de 5 kg et plus » qui ont été « temporairement interrompues ».

Un stock sécurisé mais pas de nouvelles doses

En pratique, « je n’ai pu faire qu’une injection de Beyfortus sur les nombreuses ordonnances que j’ai délivrées, et nous avons vite dû cesser de le prescrire, déplore le Dr Hubinois. J’ai eu des retours de parents qui ne parvenaient pas à le trouver malgré l’ordonnance. Les pharmaciens leur ont expliqué qu’il n’était plus disponible qu’en maternité. »

Face à cette situation, le ministre de la Santé, Aurélien Rousseau, a annoncé fin novembre la commande de « 50.000 nouvelles doses supplémentaires » auprès de Sanofi pour « tenir la saison hivernale dans les maternités ». Dans le détail, « 30.000 doses de 50 mg vont être livrées aux maternités. Et 20.000 doses de 100 mg sont destinées à couvrir les commandes passées en septembre en pharmacie qui n’avaient pas été honorées, indique-t-on à 20 Minutes du côté de Sanofi. Nos équipes ont repris contact avec les pharmaciens concernés pour confirmer les commandes en vue de livrer les doses, donc le processus est en cours. »

Pierre-Olivier Variot, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), a « passé une commande avant la clôture, mais je ne suis pas sûr qu’elle soit honorée, et pour l’heure, j’ignore si d’autres ont reçu les leurs, nous n’avons pas eu de nouvelles ». De son côté, Sanofi l’assure, « les doses ont déjà commencé à être livrées et toutes les commandes qui avaient préalablement été passées par les pharmaciens seront honorées ». En revanche, pour ce qui est de la possibilité de passer de nouvelles commandes pour cette saison, « cela me semble très peu probable, avance Pierre-Olivier Variot. Les prochaines seront à mon avis pour l’an prochain. » Et le pharmacien a raison. « Nous ne pourrons pas aller au-delà des 50.000 doses supplémentaires, nous confirme Sanofi. Beyfortus est un traitement à base d’anticorps monoclonaux et sa production est plus complexe et requiert plus de temps que pour un vaccin. »

Une efficacité encore à démontrer

Mais si le Beyfortus a été plébiscité au point d’être victime de son succès, qu’en est-il de l’efficacité de ce traitement ? En septembre dernier, la Haute Autorité de santé (HAS), l’instance chargée d’évaluer les nouveaux traitements, n’évoquait pour le Beyfortus qu’un progrès « mineur » en termes de « service médical rendu ». Mais mi-novembre, Aurélien Rousseau estimait que le Beyfortus faisait déjà ses preuves dans les chiffres des hospitalisations, même si les pédiatres, eux, se sont montrés plus mesurés, jugeant trop précoces de telles conclusions.

Pour l’heure, les passages aux urgences pour bronchiolite sont certes moins fréquents que l’an dernier, mais l’inflexion n’est pas significative par rapport aux saisons précédentes. En revanche, ces passages semblent déboucher moins souvent sur des hospitalisations, en particulier dans des services de réanimation pour les cas les plus graves. « Le but du Beyfortus n’est pas d’empêcher toutes les infections à VRS, mais de diminuer le nombre de formes graves, rappelle le Dr Hubinois. Mais si les premiers retours de nos collègues hospitaliers semblent positifs, pour l’instant, il est trop tôt pour juger de son efficacité, il faut attendre la fin de la saison pour le savoir ». Les résultats d’évaluation en vie réelle de ce traitement devraient ainsi être disponibles dans les prochaines semaines.

Et puisqu’il n’y aura pas de Beyfortus pour tout le monde, « il est important de rappeler l’importance des mesures barrières : hygiène des mains, aération du domicile et port du masque si les parents sont malades, poursuit-elle. Et à l’approche des fêtes, il ne faut pas que les bébés passent de bras en bras lors des réunions de famille, surtout s’il y a des enfants, des gens qui toussent ou qui sont enrhumés, parce que les adultes aussi sont porteurs du VRS et peuvent le transmettre. »

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