Le chiffre était très attendu. 5 800 hospitalisations de bébés passés aux urgences pour bronchiolite à virus respiratoire syncytial (VRS) auraient été évitées cet automne/hiver grâce au Beyfortus, d’après une estimation de Santé publique France et de l’Institut Pasteur, parue ce vendredi 26 avril. Ce traitement préventif, produit par l’alliance Sanofi-AstraZeneca, a été proposé pour la première fois à tous les bébés de l’année à l’automne dernier (dans la limite du nombre de doses disponibles).
Plusieurs études suggéraient déjà que ce Beyfortus avait permis de protéger, à hauteur d’environ 80 %, les bébés des formes graves d’une infection par le VRS (le virus qui provoque la grande majorité des bronchiolites sévères).
Dans une nouvelle publication parue ce vendredi 26 avril, Santé publique France aboutit elle aussi à une efficacité de cet ordre de grandeur contre les admissions en réanimation. Mais la nouveauté réside dans une autre publication, menée conjointement avec l’Institut Pasteur et qui devrait être publiée prochainement dans une revue scientifique.
Une hospitalisation évitée pour 40 enfants immunisés
Les chercheurs se sont basés sur plusieurs données : nombre d’hospitalisations pour bronchiolite, circulation du VRS chez les bébés, doses délivrées, etc. Le pic d’hospitalisations pour bronchiolite à VRS était semblable, chez les bébés de trois mois à deux ans qui ont très peu reçu le traitement, cette saison par rapport à la précédente. En revanche, il était deux fois moins élevé d’une année à l’autre chez les tout-petits de moins de deux ans, nombreux à avoir été immunisés. Signe que le Beyfortus semble très efficace.

Après avoir passé toutes ces données à la moulinette de leurs modélisations, les scientifiques estiment donc que 5 800 hospitalisations de bébés passés aux urgences ont été évitées du 15 septembre au 4 février dernier, dont 4 200 de nourrissons de moins de deux mois. Cela représente un quart du total estimé dans un scénario « contre factuel », sans le Beyfortus.
« Quand des hôpitaux pédiatriques saturent, on est forcément preneur d’une telle réduction du nombre d’hospitalisations. Et l’impact devrait être encore plus important si davantage d’enfants se font immuniser », indique au Parisien Simon Cauchemez, professeur à l’Institut Pasteur et auteur référent de l’étude. Rapporté au nombre de tout-petits ayant reçu le traitement (plus de 200 000), ce résultat correspond aussi à une admission à l’hôpital évitée pour 40 enfants immunisés.
Bientôt un vaccin pour les femmes enceintes ?
L’impact serait encore plus fort en prenant en compte toutes les hospitalisations, pas seulement celles enregistrées après un passage aux urgences. Mais attention : il ne s’agit que d’une estimation, basée sur un modèle mathématique soumis à différentes limites méthodologiques. Par ailleurs, on ne parle ici que des bronchiolites à VRS.
D’autres virus peuvent aussi provoquer ce type de maladie, sans pouvoir espérer une quelconque efficacité du Beyfortus. « Au début, on avait travaillé sur toutes les bronchiolites. Mais on s’est aperçu que certaines d’elles survenaient quand le VRS ne circulait pas », décrit Simon Cauchemez.
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Davantage de bébés pourraient recevoir ce traitement préventif l’année prochaine... sous réserve que le laboratoire et les autorités de santé s’accordent sur un nombre de doses et un prix d’achat, car la demande a dépassé les attentes du gouvernement à l’automne dernier. Mais le Beyfortus ne sera peut-être plus seul sur ce créneau : le vaccin Pfizer visant à protéger les bébés des infections à VRS, destiné aux femmes enceintes, pourrait arriver sur le marché dans les prochains mois.
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