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Santé - Symptômes, risques, contagion, vaccination... Ce qu'il faut savoir sur l'explosion des cas de coqueluche en France - La Montagne

Autorités sanitaires et scientifiques appellent à la vigilance face à la flambée de cas de coqueluche, une infection respiratoire très contagieuse qui peut provoquer des complications sévères chez les nourrissons.

Vous la pensiez disparue ? Erreur. En ce début 2024, la coqueluche fait un retour en force dans l’Hexagone – comme dans de nombreux autres pays européens (Croatie, Danemark, Belgique, Espagne, Royaume-Uni, etc.). D’après le dernier décompte de l’Institut Pasteur, 5.824 cas ont été diagnostiqués dans le pays entre début janvier et fin mai, soit onze fois plus, déjà, que sur l’ensemble de l’année 2023. Et encore, ce chiffre ne donne qu’une vision partielle de la réalité, la maladie n’étant pas « à déclaration obligatoire ».

1. Comment l’attrape-t-on ?

La coqueluche est une infection hautement contagieuse, causée principalement par la bactérie Bordetella pertussis. Cet agent « va tapisser les voies respiratoires et agir ensuite par sécrétion de toxines spécifiques. Ce sont ces toxines qui sont responsables d’une toux très tenace et parfois de complications beaucoup plus graves », explique le pédiatre Jean Sarlangue, ancien chef de service au CHU de Bordeaux et expert du groupe mesvaccins.net.

Au même titre que la grippe ou le Covid, la maladie se diffuse par voie aérienne, via les gouttelettes provenant du nez ou de la bouche lors des quintes de toux. Et cela peut aller très vite : d’après l’Institut Pasteur, « une personne infectée en contamine quinze autres en moyenne ».

2. Quels symptômes doivent alerter ?

Une mise au point, déjà : contrairement à une croyance encore largement répandue, la coqueluche n’est pas une maladie infantile. « Les adultes sont fréquemment touchés eux aussi », insiste le docteur Sarlangue.Vous êtes en proie depuis plus d’une semaine à une toux sèche et quasi incessante, qui tend à devenir plus prégnante la nuit ?  « Dans ce cas, il faut vraiment se poser la question d’une possible contamination », prévient le pédiatre bordelais. Qui rappelle au passage, et à rebours d’une autre idée reçue, que cette infection « n’est pas immunisante, comme peuvent l’être la rougeole ou la varicelle ». On peut donc la contracter plusieurs fois.

3. Quelles sont les populations les plus à risque ?

« Soyons précis, pour éviter de tomber dans le catastrophisme : la coqueluche n’est vraiment dangereuse que pour les nourrissons de moins de six mois, et éventuellement pour les sujets fragiles, comme les femmes enceintes ou les personnes souffrant de pathologies respiratoires chroniques », pose Jean Sarlangue.

Chez les tout-petits, les toxines peuvent en effet migrer dans le cerveau, provoquant par exemple des encéphalopathies et des crises convulsives, ou dans le cœur, avec de possibles troubles cardiaques à la clé. Les cas mortels restent cependant extrêmement rares, de l’ordre d’une dizaine par an en France en moyenne. Bien que nettement moins graves, les conséquences chez l’adulte ne sont pas anodines pour autant. « Le fait de tousser pendant des semaines, ça épuise et ça perturbe inévitablement le sommeil », indique le praticien.

4. Quid de la vaccination ?

La France a instauré en 2018 l’obligation vaccinale contre la coqueluche pour tous les nourrissons. Deux injections sont réalisées, à deux et quatre mois, avant un premier rappel qui intervient à l’âge de onze mois. La suite relève de la « recommandation » et non plus de l’obligation :  deuxième rappel à 6 ans,  troisième à 11 ans.

Photo Pascal Proust

Chez les adultes, une nouvelle piqûre est conseillée à 25 ans. Plus largement, « toutes les personnes en contact avec des nourrissons, que ce soit dans l’entourage familial ou le milieu professionnel, devraient se faire vacciner, quel que soit leur âge, pour éviter de contaminer les bébés », préconise le docteur Sarlangue.

Le pédiatre exhorte également « toutes les femmes enceintes » à franchir le pas « à la fin de chaque grossesse ». « C’est non seulement la garantie que la maman ne contaminera pas son enfant, mais aussi le meilleur moyen de protéger le nouveau-né en lui transmettant le maximum d’anticorps jusqu’à ses deux mois, avant qu’il soit lui-même immunisé ». Le spécialiste rassure sur un point : s’il a « une efficacité limitée dans le temps », le vaccin est « parfaitement bien toléré ».

5. Que faire en cas de suspicion de contamination ?

Le premier réflexe doit être de se soumettre à un test PCR par écouvillonnage – de quoi rappeler quelques souvenirs de la séquence Covid. Précision utile : l’acte est remboursé par la Sécurité sociale. « Dans l’esprit de beaucoup, la coqueluche appartient au passé. Même des médecins n’y pensent pas forcément tout de suite. Il est pourtant très important de se faire dépister au plus vite, car quand on commence à tousser, c’est le signe que les toxines ont commencé à sévir et que l’on peut provoquer des contaminations en série », pointe encore le docteur Sarlangue.

En cas de retour positif, le traitement se fait par des antibiotiques « qui ne stoppent pas la toux, qui peut durer des semaines, mais qui permettent de ne plus être contagieux ».

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6. Pourquoi un rebond aussi fort, et pourquoi maintenant ?

Comme d’autres infections, la coqueluche obéit à des cycles. « Les pics surviennent tous les 4-5 ans, et entre chacun de ces pics, on observe un niveau de circulation beaucoup plus faible », indique le praticien bordelais. À titre d’exemple, seuls 67 cas avaient été diagnostiqués en 2023, et 34 en 2021.

La dernière épidémie d’ampleur datant de 2018 – sans atteindre les sommets actuels –, ce rebond n’est donc pas une totale surprise. « On a eu un petit décalage d’un ou deux ans par rapport au rythme habituel, très certainement lié aux mesures barrière mises en œuvre lors de la crise du Covid », avance Jean Sarlangue.

Cette même période explique aussi, sans doute, que le retour de bâton soit aussi cinglant. « Pendant l’épidémie de Sars-CoV-2, ajoute le spécialiste, la bactérie de la coqueluche a beaucoup moins circulé, ce qui a fait baisser l’immunité dans la population. Les gens sont logiquement plus vulnérables aujourd’hui. »

Stéphane Barnoin

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