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Personnes à risques, contagiosité, traitements… Ce qu’il faut savoir sur la coqueluche qui se répand en France - Libération

Epidémie

Personnes à risques, contagiosité, traitements… Ce qu’il faut savoir sur la coqueluche qui se répand en France

L’infection respiratoire, hautement contagieuse, a tué au moins 17 personnes depuis le début de l’année, majoritairement des bébés. La vaccination, en particulier des femmes enceintes, est la mesure la protection la plus efficace contre cette maladie.
publié le 11 juillet 2024 à 20h54

Ce sont des quintes de toux incontrôlables, suivies de sifflements évoquant le chant d’un coq : épuisantes pour la plupart des personnes infectées, mais pouvant entraîner de graves complications, voire être fatales pour les tout-petits et les plus fragiles. La coqueluche, infection respiratoire hautement contagieuse, se répand à nouveau dans l’Hexagone depuis le début de l’année.

Au moins 17 personnes en sont mortes en 2024, selon le dernier bulletin de Santé publique France, daté du 28 juin. Dont 14 enfants, majoritairement des bébés âgés de 1 à 2 mois. S’y ajoutent 80 nourrissons de moins de six mois hospitalisés  déjà le double de 2023. «Un taux anormal d’enfants se retrouve à l’hôpital pour la coqueluche. On reste très vigilants pour éviter les transmissions, mais on arrive à juguler les hospitalisations, assure auprès de Libération Julie Toubiana, pédiatre à l’hôpital Necker-Enfants Malades (Paris). Ce sont surtout les laboratoires, en ville, qui sont surchargés.»

Pourquoi la maladie circule-t-elle activement ?

Le retour de la coqueluche n’est, en soi, par préoccupant. Il était même attendu, puisque la maladie circule selon des cycles de trois à cinq ans. «Les inconnues actuelles concernent sa durée et son ampleur, précise Fatima Aït El Belghiti, en charge de la coqueluche à Santé publique France. L’augmentation qu’on observe est exponentielle et extrêmement importante.»

Pour l’expliquer, elle pointe en particulier un effet indirect du Covid. Car les mesures barrières, entre confinements et masques, ont quasiment stoppé la circulation de nombreux germes dont la bactérie Bordetella pertussis, responsable de cette infection respiratoire. «Pour maintenir une réponse immunitaire efficace, il faut que nos anticorps soient réexposés régulièrement. Comme il n’y a pas eu de coqueluche pendant longtemps, un nombre faramineux de personnes vont développer la maladie au moindre contact avec la bactérie.» L’épidémiologiste cite aussi d’autres facteurs, comme le changement, il y a quelques années, du type de vaccin administré : celui utilisé aujourd’hui est mieux toléré et permet d’immuniser plus largement, mais a une durée de protection un peu plus courte.

Il est impossible, à ce jour, de prédire quelle sera la dynamique de l’épidémie dans les semaines et les mois à venir. Alors l’approche des Jeux olympiques, tandis que les autres pays européens connaissent la même recrudescence, amène les agences de santé à redoubler de vigilance.

Quelle est l’origine de l’infection et ses effets ?

La bactérie Bordetella pertussis se transmet par des gouttelettes, lorsque les personnes infectées toussent ou postillonnent. Elle est très contagieuse : un malade contamine en moyenne 15 à 17 personnes – bien plus que la varicelle, par exemple. Après dix jours d’incubation environ, viennent les premiers symptômes. D’abord un simple nez qui coule, sans fièvre. Puis les fameuses quintes de toux apparaissent. Elles peuvent durer des semaines, voire des mois – ce qui vaut à la coqueluche le surnom de «toux des 100 jours». «En dehors des quintes, les malades n’ont pas de symptôme. Ils sont surtout fatigués par cette toux, qui affecte leur sommeil», souligne Julie Toubiana, aussi responsable adjointe du Centre national de référence Coqueluche à l’Institut Pasteur.

Mais la violence et répétition des quintes peuvent provoquer des spasmes voire des vomissements, et surtout compliquer la respiration. Les jeunes enfants, en particulier, deviennent rouges voire bleutés, parce qu’ils ont du mal à s’oxygéner. «Chez les petits nourrissons, les quintes peuvent être très mal tolérées, avec des arrêts respiratoires transitoires et une diminution de la fréquence cardiaque», explique la pédiatre. Les personnes immunodéprimées, avec des problèmes respiratoires, enceintes ou très âgées sont aussi vulnérables – les trois adultes décédés en 2024 avaient plus de 80 ans et des comorbidités.

Quelle durée de contagiosité ?

Détail qui a son importance : une personne infectée est contagieuse pendant trois semaines. Sauf qu’elle est asymptomatique durant la première. Certaines formes plus légères chez l’enfant vacciné et l’adulte peuvent aussi passer inaperçues – une toux qui traîne pendant sept jours, sans fièvre, est suspecte.

«Contrairement à la grippe et aux virus respiratoires saisonniers qui circulent essentiellement en hiver, on se rend compte depuis quelques années que la coqueluche aime la fin du printemps et le début de l’été», ajoute la chercheuse. Alors si vous vous mettez à tousser en ce mois de juillet, pensez à la coqueluche – et au Covid, qui circule aussi davantage depuis plusieurs semaines.

Quels traitements ?

Il existe un traitement antibiotique contre Bordetella pertussis, et des études montrent que s’il est pris suffisamment tôt il peut limiter l’évolution de la maladie vers une forme grave. Mais les quintes de toux persistent même après la disparition de la bactérie.

Le bouclier le plus efficace est donc la vaccination. Elle est obligatoire pour les enfants nés à partir de janvier 2018 : deux doses administrées à 2 puis 4 mois, avec un rappel à 11 mois (puis 6 ans et de 11 à 13 ans). «La coqueluche est une maladie évitable par les vaccins. Celui à notre disposition est extrêmement efficace», insiste la chercheuse de Santé publique France.

Parce qu’ils sont trop jeunes pour être vaccinés, les nourrissons de moins de 2 mois sont les plus à risques. Les bébés non ou partiellement vaccinés sont aussi plus susceptibles de développer une coqueluche «maligne» : forme beaucoup plus rare, très grave, qui atteint le corps entier. Le cœur, les poumons deviennent défaillants ; le cerveau peut lui aussi être touché. «C’est ce qu’on redoute le plus. Elle est très compliquée à prendre en charge, même dans nos services de réanimations les plus performants», prévient Julie Toubiana.

Comment éviter la transmission ?

La meilleure manière de protéger les nouveau-nés, martelée par les scientifiques et professionnels de santé reste la vaccination des femmes enceintes. «Elle permet de transmettre les anticorps de la mère à son fœtus à un taux élevé pour protéger l’enfant après sa naissance, en attendant qu’il soit vacciné», insiste la praticienne. L’injection est recommandée entre la 20e et 36e semaine de grossesse, pour une transmission optimale.

L’ensemble des proches a globalement un rôle clef dans la transmission de la maladie. «La coqueluche n’est pas qu’une maladie de l’enfance, c’est aussi une maladie d’adulte, pointe Fatima Aït El Belghiti. A chaque fois qu’un nourrisson est contaminé, il y a forcément un adulte tousseur dans son entourage.» D’où la stratégie du «cocooning», qui consiste à vacciner l’entourage du nouveau-né pour le protéger dans ses premiers mois de vie. «Quand on est au contact d’un nourrisson de moins de 6 mois, le dernier rappel ne doit pas dépasser dix ans.», complète Julie Toubiana.

En plus de la vaccination, d’autres précautions s’imposent pour protéger les plus fragiles. «Dès que des parents ont un symptôme respiratoire, même des signes de rhume, il faut porter un masque, s’assurer que personne dans son entourage n’a la coqueluche et consulter rapidement», résume la pédiatre. D’autant qu’à l’inverse de la varicelle, contracter la coqueluche n’empêche pas de l’avoir à nouveau. «Si vous l’attrapez, vous êtes immunisé entre dix et quinze ans. Si vous êtes vacciné, vous êtes protégé cinq à dix ans», rappelle Fatima El Belghiti.

Pour aller plus loin :

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