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Baumes à lèvres «toxiques»: une alerte très exagérée

Dans son numéro d’octobre, le magazine mensuel Que Choisir révèle que plusieurs marques de stick labial renfermeraient des substances nocives.

Alerte sur les baumes à lèvres! Dans son dernier numéro, le magazine Que Choisir épingle 10 marques de sticks labiaux dont la composition dissimulerait des allergènes, des composés cancérogènes mais aussi des perturbateurs endocriniens. Un véritable cocktail «toxique en cas d’ingestion», si l’on en croit le mensuel. Mais avant de jeter ces baumes à la poubelle, regardons de plus près ce que dit l’étude.

Que Choisir a sélectionné 21 baumes à lèvres du commerce. Pour chacun d’entre eux, le magazine a recherché la présence de «substances indésirables», à savoir: des «perturbateurs endocriniens», des allergènes, des hydrocarbures saturés d’huile minérale (aussi appelés «MOSH» pour «Mineral oil saturated hydrocarbons») et des hydrocarbures aromatiques d’huile minérale («MOAH» pour «Mineral oil aromatic hydrocarbons»). Ces huiles, issues du pétrole brut, sont notamment présentes dans les cires - qui forment la structure du stick — et dans les émollients, qu’on ajoute pour ne pas que le produit se casse.

Les résultats des analyses indiquent que 10 baumes sur 21 contiennent des MOSH et des MOAH. Concernant les MOAH, seule leur présence ou absence est notifiée, leur concentration n’étant pas précisée par Que Choisir. Pour les MOSH, les quantités retrouvées dans les baumes vont de 1% (1 gramme pour 100 grammes de baume) à 41%.

Une alerte exagérée

Des résultats problématiques selon Que Choisir, puisque ces huiles minérales, «a priori inoffensives lorsqu’elles sont appliquées sur la peau, peuvent avoir des effets nocifs lorsqu’elles sont ingérées». Le magazine affirme aussi que les MOSH «peuvent s’accumuler dans l’organisme, notamment dans les ganglions lymphatiques et le foie», pouvant entraîner de «possibles réactions inflammatoires dont on ignore les répercussions exactes».

Dans un rapport daté de mars 2017, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation (Anses) souligne pourtant que «dans les nombreuses études de toxicité chronique disponibles, y compris les études long terme et même avec des doses élevées, les Mosh n’ont pas montré de potentiel toxique particulièrement élevé». L’agence sanitaire fixe tout de même une dose sans effet nocif observable (DSENO, dose la plus élevée n’ayant pas provoqué d’effet néfaste) à 19 milligrammes par kilo de poids corporel par jour. Une quantité bien difficile à atteindre avec un stick à lèvres dont le poids total n’excède pas 5 grammes (soit près de 4 fois la DSENO), et dont l’usage se fait par application cutanée. Même si de faibles quantités de produit peuvent effectivement être ingérées par le détenteur du baume.

Quant aux MOAH, poursuit le périodique, «ils sont cancérogènes». De son côté, l’Anses souligne que «la seule étude de cancérogenèse utilisant la voie orale a été réalisée sur une paraffine liquide qui n’a provoqué aucune augmentation de l’incidence tumorale. En revanche, par voie cutanée, divers MOAH et dérivés ont induit des augmentations significatives des tumeurs» chez des rongeurs. Dans son rapport, l’Agence sanitaire insiste sur «la rareté des donneés disponibles (...), les effets toxicologiques potentiels et l’exposition humaine aux MOAH» et, en conséquence, ne propose pas de valeurs toxicologiques de référence.

Un perturbateur endocrinien...qui n’en est pas un

Que Choisir a également relevé la présence de BHT (hydroxytoluène butylé ou E321) dans 3 sticks à lèvres sur 21. Ce puissant conservateur synthétique est utilisé dans l’industrie agroalimentaire et cosmétique en remplacement du BHA, suspecté d’être cancérigène et perturbateur endocrinien. Selon le magazine Que Choisir, le BHT n’est pas «le plus méchant des perturbateurs endocriniens». Pourtant, selon un rapport de l’Anses daté d’avril 2016, «il n’existe pas dans la littérature de données indiquant que le BHT aurait un potentiel effet de perturbateur endocrinien sur les organismes présents dans l’environnement». Pour l’heure, cette substance est surveillée et non classée comme perturbateur endocrinien.

«Il faut cesser de faire peur aux gens, s’indigne Laurence Coiffard, professeur de pharmacie industrielle et de cosmétologie à l’université de Nantes et fondatrice du blog Cela sert l’industrie du bio qui est pourtant pourvoyeuse d’allergies à cause de l’utilisation d’huiles essentielles et d’alcool. Ces produits sont loin d’être les meilleurs du marché et ils remplissent les cabinets des dermatologues», conclut la scientifique.

POUR EN SAVOIR PLUS:

» Perturbateurs endocriniens: de quoi s’agit-il?


Big Bang Santé, Maison de la Chimie à Paris, le 26 octobre 2017, de 8h30 à 19 heures

» Découvrez la 2ème édition 2017


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