
Quid des risques de sur-diagnostic et de sur-traitement ?
Pr François Desgrandchamps : En réalité, il faut savoir interpréter le dosage du PSA. On ne prend jamais aucune décision sur un seul dosage. Si le premier est anormal, il faut en refaire un autre un mois après. Ensuite si l’anomalie persiste, il faut faire un toucher rectal afin de déceler la présence d’un nodule suspect. Et enfin l’outil essentiel du dépistage du cancer de la prostate est l’IRM. Aujourd’hui, on fait une biopsie seulement si l’IRM détecte une lésion de haut grade.
Et puis, avant de se jeter sur le dépistage et le traitement, il faut savoir à qui l’on s’adresse et le patient doit recevoir une information complète. Car il a été dit, et je partage cet avis, qu’un dosage PSA c’est comme demander une sérologie VIH.
Quand un dosage PSA est anormal, tout s’enchaîne et les patients ne contrôlent plus rien. Et malheureusement parfois on aboutit à un diagnostic que l’on n’aurait préféré jamais connaître car on ne va pas rendre service malade pour sa survie. En revanche, on va lui gâcher sa qualité de vie si on commence à lui faire passer un tas d’examens et lui parler de cancer.
Donc bien sûr que oui, il faut dépister, mais il ne faut traiter pas tout le monde. Il faut prendre en charge les patients qui en ont besoin, ceux qui risquent de mourir de leur cancer de la prostate car ils sont atteins de tumeurs agressives. On sait qu’en France un cancer dépisté sur deux n’est pas mortel.
Et comment identifier ces patients ?
Pr François Desgrandchamps : Pour l’instant, et pour encore un bon moment je pense, nous n’avons que le score de Gleason. Développé dans les années 1950, il permet de prédire l’évolution des tumeurs. Par exemple, pour un cancer de score 6, le risque de mourir de ce cancer dans 15 ans qui viennent est de l’ordre de 5 %. Donc le rôle de l’urologue est d’estimer le risque pour son patient et de proposer un traitement si le pronostic est mauvais. Il est donc très important d’expliquer au patient que dans certains cas le meilleur traitement est de ne rien faire.
D’autres tests sont en cours de développement, notamment des scores génétiques qui pourraient compléter le score Gleason. Mais ils ne sont pas encore aussi fiables que ce celui utilisé.
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