Plus de 12,4 millions d’élèves ont repris lundi le chemin de l’école: un peu d’appréhension pour certains, la joie de retrouver les copains pour beaucoup et des CP avec une douzaine d’enfants dans les quartiers les plus défavorisés.

A l’école Pierre Mendès-France de Clermont-Ferrand, les deux classes de CP ne comptent plus que 14 élèves cette rentrée car l’établissement fait partie d’un réseau d’éducation prioritaire renforcée (REP+).

«Ca fait tout drôle. Il manque un, deux, trois... euh sept copains en fait», dit Skerd, petit blondinet de 6 ans. «Comme ça on va faire le silence, il n’y aura pas beaucoup de bruit», chuchote Madysson à l’autre bout de la classe.

La maîtresse, Sandra Giraud, estime que «cela fera une grosse différence». «On pourra accroître le temps de lecture de chacun et ça c’est primordial».

Les parents d’une petite Lina se disent «rassurés». «On sait qu’au moins elle sera bien encadrée, qu’elle aura les conditions optimales pour apprendre à lire et écrire. C’est un peu du luxe quand même», se félicitent-ils.

Mais à Vaulx-en-Velin, dans la banlieue lyonnaise, près d’une école sur deux était fermée lundi: les enseignants protestent contre des suppressions de postes et la fin du dispositif «plus de maîtres que de classes» (un professeur en plus dans une école), mis en oeuvre précédemment.

Pour les plus petits, le premier jour d’école s’accompagne souvent de gros sanglots.

Joannès, presque 3 ans, entre en petite section à l’école d’Orsel dans l’est parisien. Il se souvient de la salle de classe qu’il a visitée avec ses parents en juin - et surtout du camion sur l’étagère des jouets - mais il pleure lorsque ses parents quittent la pièce. L’assistante de la maîtresse le prend dans ses bras pour le réconforter.

Le nouveau ministre Jean-Michel Blanquer avait annoncé avant l’été «une rentrée en musique». L’initiative, intervenue quelques jours avant le début des vacances, n’a pas permis à toutes les écoles d’organiser une chorale ou une fanfare. Dans une école de Boulogne-Billancourt, au sud-ouest de Paris, une sono diffuse quelques notes dans la cour de récréation.

A l’école Mendès-France de Clermont-Ferrand, une vingtaine d’élèves entonnent des chansons, accompagnés au violon par un professeur. A Paris, c’est la Garde républicaine qui égaye la rentrée dans une poignée d’établissements.

- «Connaître les enfants» -

Côté enseignants, plus de 880.000 ont déjà fait leur prérentrée vendredi, en retrouvant leurs équipes. Edouard, enseignant en moyenne section dans une école maternelle de Boulogne-Billancourt, veille «à la mise en place de rituels» lors de ce début d’année, qui sécurisent et rassurent les petits. «Et on va apprendre à connaître les enfants», dit-il.

Mesure-phare de la rentrée pour lutter contre les inégalités sociales, 2.500 classes de CP dans les quartiers très défavorisés (REP+) vont mettre en oeuvre le dédoublement des classes, une promesse de campagne d’Emmanuel Macron. Dans 86% des cas, les classes compteront au maximum une douzaine d’élèves. Dans les 14% restant, il y aura deux maîtres dans la salle de classe.

Emmanuel Macron se rend d’ailleurs lundi à l’école Louis-Houpert de Forbach (Moselle), pour rencontrer deux classes de CP dédoublées. Il sera accompagné de Jean-Michel Blanquer.

L’autre grande nouveauté est le retour à la semaine de quatre jours pour un tiers des écoles, notamment dans les zones rurales et quelques villes moyennes. Dans les grandes villes, seule Nice a sauté le pas dès cette rentrée, évoquant l’accord quasi-unanime des conseils d’école. Pour la FCPE, première fédération des parents d’élèves, les parents «ont été mis devant le fait accompli».

Les syndicats et parents d’élèves s’inquiètent aussi de la baisse annoncée des contrats aidés auxquels l’Education nationale a largement recours. Environ 23.000 emplois supprimés étaient dédiés notamment à l’assistance des directeurs d’école.

Confrontées à des difficultés d’organisation, plusieurs municipalités, en métropole et outremer (Réunion et Guyane), ont décidé ou menacé de reporter momentanément la rentrée scolaire.

A Saint-Martin et Saint-Barthélémy, la rentrée a été reportée, mais en raison de l’arrivée annoncée d’un ouragan.

AFP