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Glyphosate : retour sur un bras de fer

C’est la principale substance active présente dans le désherbant Roundup produit par Monsanto. Produit phare du géant américain, il est le plus utilisé au monde. En 2014, près de 825 000 tonnes de Roundup ont été répandues sur la planète. Près de 8 000 tonnes sont vendues en France tous les ans.  Le glyphosate n’est jamais utilisé seul. Dans le Roundup, le glyphosate est couplé à d’autres substances, elles aussi soupçonnées d’être toxiques.

La substance de la discorde

Largement utilisés par les agriculteurs français, le Roundup est au cœur de la lutte entre partisans et opposants à la prolongation de l’autorisation du glyphosate. Soupçonnée d’être cancérigène cette substance divise organismes de réglementation et scientifiques. Selon une étude de Générations future publiée en avril 2017, le glyphosate serait présent dans 7 céréales de petit déjeuner sur 8 et dans 7 légumineuses sur 12. On trouve des traces de cette molécule dans 60 % des cours d’eau français, d’après les statistiques officielles.

Dans son rapport sur « L’exposition des Français au glyphosate, » Générations futures indique qu’au-delà des potentiels effets cancérogènes, des phénomènes de perturbation endocrinienne, de stress oxydatif ou encore des effets tératogènes (malformations) ou hépatoxiques (destruction des cellules du foie) pourraient apparaitre, d’après les recherches de l’équipe du professeur Gilles Eric Seralini.

Mardi 3 octobre, une famille de l’Isère a annoncé qu’elle porterait plainte contre Monsanto. La famille Grataloup considère que l’herbicide Roundup est responsable du lourd handicap de leur fils. La mère a été fortement exposée à ce produit pendant sa grossesse. Leur fils, qui s’apprête à subir une 52ème opération, souffre de malformations importantes au niveau de la trachée a-t-elle déclarée à RTL le 3 octobre dernier.

En mars 2015, l’agence de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), a classé le glyphosate comme « probablement cancérogène » pour les humains. Une position que ne partage pas l’Autorité européenne de sécurité sanitaire des aliments (EFSA). Le 15 mars dernier, ce fut au tour de l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA) de se prononcer sur la dangerosité de l’herbicide. Comme l’EFSA avant elle, elle écarte le risque cancérogène. 

En Europe, seuls la France et l’Autriche se sont clairement opposés à la proposition de la Commission européenne de renouveler pour dix ans la licence du produit. Ce matin, le ministre de l’Agriculture Stéphane Travert a réaffirmé cette position. Cependant, il n’évoque pas d’arrêt net de l’utilisation du glyphosate mais la mise en place « d’un calendrier de sortie » «pour permettre la transition nécessaire, notamment dans les professions agricoles. » Invité de Sénat 360, Christophe Robin, membre des jeunes agriculteurs de France, pointe « l’absence d’alternative » à l’emploi du glyphosate.

Des études sous influences

Mais en septembre 2017, une analyse conduite par le biochimiste autrichien Helmut Burtscher, associé à l’ONG Global 2000 et révélé par un consortium de médias (La Stampa, The Guardian, RMC et la Libre Belgique) met à jour les dysfonctionnements du rapport produit par pas l’Autorité européenne de sécurité sanitaire des aliments (EFSA). Les experts qui ont diligenté cette étude ont largement plagié des documents de la Glyphosate Task Force, le consortium industriel de Monsanto.

L’enquête du journal Le Monde va plus loin. Ils mettent à jour les conflits d’intérêts et les pressions qui planent sur plusieurs expertises attestant la non-dangerosité du glyphosate. L’enquête démontre que certaines décisions favorables au glyphosate étaient basées sur les conclusions de Monsanto.  C’est notamment le cas de l’Autorité européenne de sécurité sanitaire des aliments (EFSA) accusée d’avoir « indûment écarté une étude » au prétexte que les souris testées avaient contracté des infections virales sans lien avec le glyphosate.

Petre Clausing un toxicologue allemand associé à l’ONG Pesticide Action Network (PAN) indique que « La première spéculation sur une infection virale en lien avec l’étude “Kumar, 2001” provient d’un article de 2015 sponsorisé par Monsanto et signé de Greim et collaborateurs. » La collusion entre Monsanto et Jess Rowland, chargé d’évaluer le glyphosate pour le compte de l’Agence américaine de protection de l’environnement (EPA) est aussi mise en lumière par l’enquête. La firme américaine avait vraisemblablement peu de doute sur le fait qu’une étude indépendante révèlerait la dangerosité du glyphosate. Le courriel d’un membre de la firme révélé par Le Monde est sans équivoque : « Ce que nous redoutions depuis longtemps s’est produit. Le glyphosate doit être évalué par le CIRC en mars 2015. »

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https://www.publicsenat.fr/article/societe/glyphosate-retour-sur-un-bras-de-fer-78262

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