
Une publication scientifique américaine reconnue met en lumière une recherche qui conclut au caractère non cancérogène du pesticide controversé sur lequel l'UE doit statuer lundi.
Alors que l’Union européenne doit statuer lundi sur le sort du glyphosate en son sein, une étude s’invite en dernière minute dans le débat. Et sème le trouble. Le 9 novembre, le Journal of the National Cancer Institute a publié les données d’une recherche selon laquelle l’exposition au pesticide le plus utilisé au monde – il entre dans la composition de plusieurs centaines de produits, dont l’herbicide phare de Monsanto, le Roundup – n’augmenterait pas le risque de déclarer un cancer. Des conclusions pour le moins détonantes alors que le Centre international de recherche sur le cancer (Circ), agence spécialisée de l’OMS créée en 1965 et basée à Lyon, a classé en 2015 le glyphosate comme «cancérogène probable» et perturbateur endocrinien pour l’espèce humaine.
Commanditée et financée par des institutions publiques américaines de recherche, l’étude, baptisée «Agricultural Health Study» (AHS), avance qu’il n’y a pas d’association entre l’herbicide décrié et les cancers «solides», ni avec les cancers du sang, contrairement à d’autres travaux précédemment publiés.
Etude «importante, sérieuse et bien réalisée»
Sous l’égide de Laura Beane Freeman, épidémiologiste au National Cancer Institute et spécialiste de l’interaction entre les pesticides et la survenue de la maladie, une douzaine de chercheurs ont suivi vingt ans durant quelque 50 000 travailleurs agricoles des Etats de l’Iowa et de Caroline du Nord. Dans ce groupe, 9 300 n’ont jamais été en contact avec le glyphosate. Dès lors, l’objectif des scientifiques était clair : dénombrer parmi le panel les agriculteurs malades d’un cancer, puis évaluer la proportion de ceux qui ont été en contact avec le glyphosate et ceux qui ne l’ont pas été. Résultat, lors de la période de suivi médical du groupe faisant partie de l’étude (vingt ans), quelque 7 000 travailleurs agricoles ont déclaré la maladie. Soit, selon les chercheurs, la même proportion d’individus qu’ils aient été ou non exposés au glyphosate.
Pour le Circ, l’étude de l’AHS est «importante, sérieuse et bien réalisée». Et l’organisme lié à l’OMS de préciser qu’en 2005, il avait déjà pris en compte les conclusions de cette étude dans l’évaluation du glyhosate. «Conclusions qui disaient déjà à l’époque qu’il n’y avait pas d’association entre le lymphome hogkiien et le glyphosate.» Mais quid de cette mise à jour ? Réponse : «Elle aboutit aux mêmes résultats mais sur une période plus longue. Pour autant, cette nouvelle étude ne change pas la classification du glyphosate car le Circ a pris en compte beaucoup d’autres études publiées. Et elle ne contrebalance pas ces autres études combinées.»
Reste à attendre lundi pour savoir si l’étude publiée dans le Journal of the National Cancer Institute aura influé sur la décision d’une Union européenne indécise sur la question de l’interdiction de l’utilisation du glyphosate à compter de décembre. Ou, a contrario, de renouveler l’autorisation de son usage pour un temps qui reste incertain.
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