
ROUNDUP - Alors que la commission européenne doit décider ce lundi du renouvellement de la licence du glyphosate, les chercheurs restent divisés sur la question de la nocivité du désherbant. Les études de l’OMS, de l’Efsa et depuis peu de chercheurs américains se contredisent et sèment le trouble. Explications.
Claire Cambier
Le glyphosate sera-t-il réautorisé au sein de l’Union européenne ? La décision devrait être connue d’ici quelques heures. La licence de cet herbicide que l’on retrouve notamment dans le produit agricole Roundup fabriqué par l’entreprise Monsanto expire à la fin de l’année et il revient ce lundi à la commission européenne de statuer. Si l’opposition se fait de plus en plus forte, les études scientifiques ne s’accordent pas toujours. La dernière en date, une étude américaine publiée dans le "Journal of the National Cancer Institute" est venue semer le trouble la semaine dernière. Car elle conclut à la non-nocivité du glyphosate en terme de risque de cancers et contredit ainsi (entre autres) l'Organisation mondiale de la santé (OMS), qui a classé en 2015 la molécule active du RoundUp parmi les "cancérogènes probable chez l’humain".
Les contradictions ne sont pas nouvelles. Toujours en 2015, l’Agence européenne de sécurité des aliments (Efsa) assurait de son côté que le risque était "improbable". Mais sa crédibilité a depuis été fortement remise en cause, notamment par son manque d'indépendance. Des journaux britannique, italien et français ont révélé que des pans entiers de l'étude étaient tout simplement des copier-coller de rapport rédigés par Monsanto lui-même. Et ce plagiat concernait justement les interrogations sur la nocivité du produit. Difficile de croire, alors, à une réelle neutralité.
L'étude de l'Agricultural Health Study apparaît davantage légitime : "Ce programme a été financé par la recherche publique et non par des industriels", fait remarquer à nos confrères du Parisien Claude Monneret, spécialiste du cancer et membre de l’Académie de pharmacie. "Surtout, il s’agit d’une étude épidémiologique de grande ampleur. Les chercheurs ont suivi pendant vingt ans plus de 50.000 agriculteurs et épandeurs en Iowa et en Caroline du Nord." Les 7290 cas de cancer repérés ne permettent pas d'établir un lien avec l'utilisation de l'herbicide.
Une conclusion que nuance cependant François Veillerette, de l’association Générations futures, dans les pages du quotidien : "Les agriculteurs qui ne pulvérisent pas de glyphosate sont considérés comme non exposés, sans prises de sang ou prélèvements de cheveux", souligne-t-il. "Rien n’est aussi évident, surtout si les champs voisins sont l’objet d’épandages massifs." Des experts scientifiques remarquent également que les effets toxiques des perturbateurs endocriniens peuvent mettre des dizaines d'années à se manifester.
Autre nuance, l'étude ne conclut pas non plus à la non-nocivité du glyphosate. Les chercheurs mettent en avant une corrélation avec le risque de contracter une leucémie myéloïde : les agriculteurs les plus exposés ont deux fois plus de risques de tomber malade.
Pour troubler un peu plus l'opinion, l'Inserm démontrait quant à elle, en 2013, un lien entre exposition professionnelle à des pesticides et la maladie de Parkinson, le cancer de la prostate et certains cancers hématopoïétiques (lymphome non hodgkinien, myélomes multiples). Mais, comme le rapporte Sciences et avenir, sans pouvoir préciser les pesticides incriminés.
Face à ce flou scientifique, la France a fait son choix, elle s'opposera ce lundi à la reconduction de la licence du glyphosate pour 5 ans, "seule proposition sur la table". Interrogée au sujet de l'étude de l'Agricultural Health Study, la ministre de la Santé a assuré au micro de LCI que "tant que le niveau de risque n’est pas rétrogradé, nous restons dans la même ligne qui est, par principe de précaution, d’aller plutôt vers une non-utilisation dans un délai proche." Le gouvernement souhaiterait un renouvellemement pour trois, voire quatre ans au maximum. "Un arrêt immédiat de l'autorisation n'est pas possible", remarque la secrétaire d'Etat à l'Ecologie, Brune Poirson, qui souhaite obtenir un délai pour trouver une alternative sans danger.
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