
Sophie Chereau a créé le collectif des Victimes du nouveau Lévothyrox de Haute-Garonne, à la tête duquel elle se bat devant les tribunaux pour faire reconnaître la douleur et le droit des patients à revenir à l'ancienne formule...
«Je n'ai jamais été à une manif de ma vie»... Si on lui avait dit qu'elle se retrouverait à la tête du combat des victimes du Lévothyrox, Sophie Chereau ne l'aurait sans doute pas cru... Pour elle, tout a basculé un matin de septembre, quand elle entend l'actrice Annie Duperey évoquer à la radio l'enfer qu'elle vit au quotidien, depuis que la formule de ce médicament régulateur de la thyroïde a été modifiée par son fabricant, le groupe pharmaceutique Merck. «J'ai eu le déclic, se souvient Sophie Chevreau, qui comprend tout d'un coup l'origine de la grande fatigue, qui l'assaille depuis le printemps. «J'étais à côté de moi-même, je n'avais plus de goût à rien, percluse de douleurs musculaires, sans aucune énergie, et condamnée à l'insomnie. Je ne supportais plus les autres, ni ce que j'étais devenue». Pour cette commerciale de 49 ans, mère de trois grands enfants, qui partage sa vie entre Toulouse et Saint-Gaudens, l'affaire du Lévothyrox est d'abord une trahison des malades. «Pour moi, ce n'est pas un médicament de confort. C'est vital. On m'a enlevé la thyroïde en 2003. Et personne ne s'est étonné que le laboratoire Merck ait changé sa formule à notre insu sans avertir qui que ce soit. Nous avons été abusés. J'avais bien vu que le packaging avait changé, mais le nom, la forme, la couleur du cachet sont restés similaires». Sophie Chereau est très en colère contre l'agence nationale de sécurité du médicament qui a couvert l'opération. D'autant que dès qu'elle repasse à l'ancienne formule du Lévothyrox, qu'elle a été contrainte d'aller chercher en Espagne, son état de santé s'améliore miraculeusement. «Auparavant, j'avais pu avoir des problèmes de dosage, mais j'avais jamais eu des effets secondaires aussi extrêmes, poursuit-elle. Et là, en quatre jours, tous mes malaises ont disparu». Pas question pour elle d'en rester là, face à ce qu'elle considère comme un scandale médical. «J'ai appelé Me Jacques Lévy, un avocat que je connaissais et qui a été d'un grand secours. Sans lui rien n'aurait été possible. Sophie décide sur ses conseils de faire un collectif. «Je pensais réunir une dizaine de personnes, ce sont des centaines qui se sont manifestées». Depuis, Sophie vit au rythme des réunions qu'elle anime dans les villes de la région et à celui des audiences devant le tribunal. «Jacques Lévy a bien compris qu'il ne s'agissait pas d'une question d'argent, mais d'obtenir le retour à l'ancienne formule pour le confort des patients». Le 14 novembre, le collectif a obtenu une première victoire au civil. Les juges ont condamné le laboratoire Merck à fournir «par le biais des circuits de distribution et de commercialisation, sans délai, le produit ancienne formule» aux patients de Haute-Garonne. Le labo a fait appel, mais d'autres décisions sont attendues, aujourd'hui même à Saint-Gaudens, et le 11 janvier au palais de justice de Toulouse. Mais le combat ne fait que commencer. Avec toujours les mêmes interrogations. «Pourquoi l'agence du médicament, a retiré l'autorisation de mise sur le marché de l'ancienne formule alors qu'elle est toujours valide dans les autres pays européens, pourquoi le laboratoire Merck est en situation de quasi-monopole en France sur ce médicament ?», se demande Sophie Chereau qui subodore une histoire de marché et de gros sous. «On a changé la formule alors qu'en trois ans, 500 cas d'effets indésirables avaient été détectés sur 37 millions de boîtes vendues. Aujourd'hui, on en est à 19 000 cas en 6 mois», remarque-t-elle, bien décidée à rencontrer la ministre de la Santé pour se faire entendre. Et d'avertir dans un clin d'œil à sa maladie : «On n'est pas des crétins» !
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