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11 vaccinations deviennent obligatoires : une décision scientifique

L’efficacité et l’innocuité des 11 vaccins désormais obligatoires en France apporteront des bénéfices individuels et pour l’ensemble de la société. Au pays de Pasteur, les lobbies anti-vaccins font feu de tout bois dans les média, n'hésitant pas à menacer, mais les données scientifiques sont claires.

Porté par la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, et adopté fin octobre par l'Assemblée nationale, le passage de trois à onze vaccins obligatoires concerne les enfants nés à partir du 1er janvier 2018.
En plus des 3 vaccins déjà obligatoires (diphtérie, tétanos et poliomyélite ou DT-Polio), 8 vaccins recommandés deviennent donc obligatoires : coqueluche, rougeole-oreillons-rubéole (ROR), Haemophilus influenzae b, pneumocoque, méningocoque C et hépatite B.
Ces onze vaccins seront indispensables à l'enfant pour être admis en collectivité (crèche, école...). Pour laisser un temps de mise en conformité, les premières vérifications n'auront lieu qu'à partir du 1er juin.

Pourquoi rendre obligatoire ces 11 vaccins

Avec l’amélioration de l’hygiène et de la qualité de l’eau, la vaccination a constitué l’intervention de santé publique la plus efficace contre les maladies infectieuses.
La vaccination est tout à fait satisfaisante sur les maladies pour lesquelles elle est obligatoire (polio, tétanos, diphtérie) ou pour celles dont les vaccins sont systématiquement (coqueluche) ou quasiment systématiquement (Haemophilus influenzae b) combinés avec les vaccins obligatoires.
Par contre, pour les autres maladies, et en particulier la rougeole, la couverture vaccinale en France reste notoirement trop faible pour protéger l’ensemble de population contre la maladie : des enfants meurent ou ont des séquelles de la rougeole en France en 2017 alors qu’ils sont évitables.

Le seuil vaccinal n’est pas atteint pour toutes les infections

Il existe un seuil minimum de couverture vaccinale pour qu’une « protection de groupe » fonctionne chez ceux qui ne peuvent pas être vaccinés (nouveau-nés, immunodéprimés…). Ce seuil dépend de la contagiosité de la maladie.
En France, avec une couverture vaccinale de près de 97 % pour la diphtérie, on dépasse le seuil pour l’immunité de groupe et c’est donc toute la communauté nationale qui est protégée, y compris en cas d’infection apportée par un migrant. De la même façon, les infections à Haemophilus influenzae b de l’enfant, la rubéole ou les oreillons ont presque été éliminés dans le pays parce que les taux de couverture de leurs vaccins dépassent le seuil d’immunité de groupe pour ces 3 maladies.
En revanche, le niveau actuel de couverture vaccinale contre la rougeole (79 %) reste insuffisant pour permettre une immunité de groupe (seuil d’immunité de groupe = 94 %), et on assiste donc à des résurgences épidémiques de la maladie de grande ampleur : plus de 23 000 cas déclarés en France entre 2008 et 2012, plus de 1500 pneumonies graves et plus de 30 encéphalites avec 10 décès). C’est insupportable.
De la même façon, la couverture insuffisante avec le vaccin contre la méningite C (70 % à l’âge de 2 ans, mais faible chez les adolescents et les jeunes adultes) est responsable de la majorité des près de 800 cas et 100 décès survenus depuis 2011.

Une controverse paradoxale

Dans le cadre de l’extension de l’obligation vaccinale, la vaccination devient un débat dans l’opinion et une controverse, alimentée à plein, tant par les arguments scientifiquement non-fondés et démagogiques des lobbys anti-vaccins, que par le manque de formation du corps médical et du public sur le sujet. La France, pourtant la patrie de Pasteur, est devenue un des pays au monde où la défiance vaccinale est la plus forte avec plus de 40% des français qui pensent que la vaccination n’est pas sûre.
Cette controverse a lieu alors même que l’obligation vaccinale correspond au calendrier vaccinal actuel (vaccins obligatoires et recommandés) et qu’elle n’ajoute aucun vaccin supplémentaire. Elle vise simplement à faire en sorte que tous les enfants reçoivent effectivement les vaccins qu’ils auraient dû recevoir si le calendrier vaccinal était respecté pour tous les enfants. 
Pourtant, l’expérience de certains pays européens, comme les Pays-Bas, montre qu’on peut réussir à faire presque disparaître des maladies comme les infections à méningocoque C grâce à une couverture vaccinale très élevée chez les enfants de 1 à 18 ans.

Efficacité et innocuité des 11 vaccins obligatoires

Les 11 vaccins qui seront obligatoires en France sont très efficaces. Ils protègent les enfants à plus de 90 % contre les maladies et les effets indésirables, quand ils existent, sont généralement mineurs et de courte durée.
Certains effets indésirables mineurs sont communs à tous les vaccins injectables : réaction au site d’injection (douleur, rougeur, gonflement) dans environ 10 cas sur 100 enfants vaccinés), certains effets généraux, également de courte durée (fièvre, douleurs musculaires ou articulaires) dans 1 à 10 cas sur 100 vaccinés.
Les réactions allergiques graves sont extrêmement rares (moins d’un cas sur 450 000 vaccinés), or elles sont évoquées dans la majorités des certificats de complaisance. Mais d’autres effets indésirables, parfois attribués à certains vaccins, sont scientifiquement infondés et l’ensemble des données scientifiques a été revu de façon indépendante par l’INSERM pour établir les faits avérés sur la vaccination.

Pas de lien entre autisme et vaccination contre la rougeole

Les preuves scientifiques de l’absence de lien entre la vaccination contre la rougeole (ou les vaccins rougeole-oreillons-rubéole type ROR) et les maladies inflammatoires de l’intestin ou l’autisme sont nombreuses et de très haut niveau scientifique.
Il est par ailleurs avéré que la seule étude qui avait suggéré un lien entre vaccination ROR et autisme portait sur 14 malades et était une fraude scientifique de l’un de ses auteurs. Les co-auteurs se sont rétractés, l’article a été retiré du Lancet et le médecin frauder radié de l’ordre des médecins britanniques.

Pas de lien entre la sclérose en plaques et vaccination contre l’hépatite B

De nombreuses études réalisées entre 1996 et 2004 ont rejeté tout risque, et éliminé le lien suspecté entre la vaccination contre le virus de l’hépatite B et des effets indésirables graves chez l’adulte, que ce soit concernant des atteintes neurologiques de type sclérose en plaques ou d’autres maladies auto-immunes. Ces maladies peuvent survenir de façon coïncidente quand on vaccine des adultes jeunes, classe d’âge où ces maladies se déclarent le plus souvent.
Il faut aussi noter que la suspicion de lien avec la sclérose en plaques n’a jamais été observée lors de la vaccination du nourrisson.

Pas de toxicité des adjuvants

Parmi les 11 vaccins qui seront obligatoires en France, à l’exception du vaccin ROR (qui est un vaccin vivant), tous contiennent des sels d’aluminium, un adjuvant indispensable au renforcement de leur efficacité.
Au vu des données disponibles à ce jour à l’échelle mondiale, avec un recul d’utilisation de 90 ans et des centaines de millions de doses injectées, l’innocuité des sels d’aluminium contenus dans les vaccins ne peut être remise en cause. Une équipe de chercheurs français avait suggéré un lien entre la lésion au site d’injection dénommée « myofasciite à macrophages », qui contient des traces d’aluminium (comme un tatouage contient de l’encre) et l’existence de symptômes chroniques non spécifiques tels que fatigue, douleurs musculaires ou articulaires ou troubles cognitifs. L’analyse indépendante par d’autres équipes de leurs résultats n’a pas permis à ce jour de démontrer l’existence de ce lien. Par ailleurs, cette maladie n’a pratiquement pas été observée hors de France alors que les vaccins contenant de l’aluminium sont utilisés partout.

Pas de dangers avec les vaccins combinés

Les vaccins combinés ont comme intérêt principal de faciliter la vaccination des nourrissons (moins d’injections, moins de rendez-vous médicaux pour les parents).
La réponse immune obtenue pour chacune des infections n’est pas inférieure à celle observée lorsque les différents vaccins sont administrés de manière séparée. Les effets indésirables ne sont pas plus fréquents avec la forme combinée que lors de l’administration séparée (et concomitante) des différents vaccins.
Enfin, les arguments développés par les lobbys anti-vaccins, et qui prétendent que les vaccins combinés provoqueraient un « épuisement du système immunitaire » du nourrisson, ne reposent sur aucune base scientifique.
La stimulation du système immunitaire induite par un vaccin, fût-il hexavalent, est en effet négligeable par rapport à ses capacités de réponse et par rapport aux très nombreuses stimulations environnementales quotidiennes que reçoit un nourrisson dès sa naissance (moins de 0,01% d’utilisation des capacité immunitaires théoriques selon certains experts.

Que risque-t-on en cas de refus de la vaccination ?

Les enfants nés à partir du 1er janvier 2018 et qui ne seront pas en conformité avec leurs vaccinations obligatoires ne pourront pas rentrer dans les crèches et à l’école, afin de ne pas exposer les autres enfants à de potentiels risques de maladies.
Jusqu’ici, les parents qui refusaient la vaccination obligatoire risquaient six mois d’emprisonnement et 3 750 euros d’amende. Une peine qui n’était jamais appliquée et cette règle du code de la Santé Publique (article L 31116-4) a donc été abolie. Une décision en trompe l’œil car n’importe quel professionnel de santé pourra toujours prévenir le procureur de la république s’il constatent que les parents font courir un risque à leur enfant et là on passe au pénal (article 227-17 du code pénal) : qui punit de deux ans d’emprisonnement et de 30 000 euros d’amende « le fait, par le père ou la mère, de se soustraire, sans motif légitime, à ses obligations légales au point de compromettre la santé, la sécurité, la moralité ou l’éducation de son enfant mineur ».
En ce qui concerne les médecins, le Conseil de l’Ordre sera impitoyable et un médecin vient d’être radié pour faux certificat de contre-indication à la vaccination.

Pour la protection de la société française dans son ensemble, et en particulier les personnes les plus fragiles, il est indispensable d’augmenter les niveaux de couverture vaccinale des enfants en France : il s’agit de prévenir des maladies sévères, des séquelles et des décès évitables.
Afin de protéger les personnes qui, pour des raisons médicales, ne peuvent bénéficier de la protection directe de la vaccination et dont la seule protection repose sur l’immunité de groupe, tous les enfants qui ne présentent pas de contre-indications médicales avérées (extrêmement rares) devraient être vaccinés.

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