
"Oui, on peut regreffer"
Si la première greffe partielle du visage s’est déroulée en 2005 sur une femme de 38 ans défigurée par son chien, la transplantation du visage entier de Jérôme était à l’époque une première mondiale. Cette deuxième intervention est tout aussi inédite : c'est son 3ème visage !
Selon l'Agence de la biomédecine et l’AP-HP, elle "démontre dans le domaine des greffes vascularisées composites (face et main) qu'en cas de rejet chronique, une retransplantation est possible". "Bien sûr que cela suscite beaucoup d’espoir et que cela ouvre d’importantes perspectives. Avant, nous ne savions pas. Aujourd’hui, on peut dire : oui, on peut regreffer.
C’est techniquement possible", précise le professeur Lantieri. Une opération particulièrement délicate cependant : rentré au bloc opératoire lundi 15 en début d'après-midi, l'intervention ne s'est terminée que le mardi 16 janvier en début de matinée.
Une opération hors-normes
Depuis 2005, près d’une quarantaine de greffes du visage, dont certaines complètes, ont été réalisées dans le monde. En dehors des lourdes implications psychologiques et éthiques, il s'agit d'une opération techniquement délicate, mais le risque est surtout lié au phénomène de rejet.
Le risque de rejet est très important en raison de la multiplicité des types de tissus humains greffés, en particulier les couches profondes de la peau qui contiennent beaucoup de cellules immunologiques, les lymphocytes, une catégorie de globules blancs qui s'attaquent aux tissus greffés qui sont considérés comme n'appartenant pas au "soi".
Ce risque de rejet majoré impose une protocole thérapeutique anti-rejet très lourd qui abaisse les défenses de l'organisme, expose à des infections et des cancers et doit quand même être pris à vie.
Des conséquences imprévisibles
"Cette greffe est soumise à des contraintes immunologiques sévères et seul le suivi à plusieurs semaines confirmera la viabilité du greffon", précisent l'Agence de la biomédecine et l’AP-HP.
Ce qui n'est pas précisé, ce sont les conséquences psychologique pour cet homme qui est confronté à son troisième visage. Certes, il vaut mieux avoir un visage qui n'est pas le sien que le visage d'un monstre et après une phase d'appropriation du greffon, le greffé avait surmonté l'ébranlement identitaire. Certes, dans le cas présent, après le rejet de son deuxième visage et son retrait chirurgical, l'homme était en coma artificiel, en réanimation et sans visage, dans l'attente du bon greffon.
Mais là, il en est à son troisième visage, le chimérisme est à son paroxysme et la tâche sera rude pour rester lui-même.
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