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Perturbateurs endocriniens : un rapport très critique

Bilan positif pour les actions engagées par l’État français depuis 2014, mais une stratégie européenne déficiente et un manque de moyens pour la recherche. Ce sont, selon "Le Monde" qui s’est procuré le document, les conclusions d’un rapport sur les perturbateurs endocriniens, commandé en août 2017 par le gouvernement, mais pas encore rendu public.

Pesticides, solvants, colles… Les substances soupçonnées d’être des perturbateurs endocriniens, perturbant le fonctionnement hormonal des êtres vivants, sont omniprésentes dans notre environnement, et suscitent des inquiétudes croissantes pour la santé humaine.

En août 2017, le gouvernement français a demandé à trois institutions (l’inspection générale des affaires sociales (Igas) ; au Conseil général de l’environnement durable et au Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux) un rapport d’évaluation de la stratégie nationale mise en place depuis 2014.

Le Monde a pu consulter ce rapport qui n’est pas encore rendu public.

Il rappelle les affections dont les perturbateurs endocriniens sont suspectés d’être (au moins en partie la cause) : baisse de la qualité du sperme, abaissement de l’âge de la puberté, malformations du développement, certains cancers, voire certains cas de diabète de type 2, d’obésité ou d’autisme.

Les impacts seraient plus importants en cas d’exposition importante du fœtus, du jeune enfant ou de l’adolescent. Mais, et c’est tout le problème, « le lien de causalité reste difficile à établir ».

Manque de stratégie européenne

Si le rapport adresse un satisfecit au gouvernement français pour avoir mis en place une stratégie de recherche depuis 2014, il pointe que ces initiatives sont rares en Europe (seuls le Danemark et la Suède ont fait de même), mais que l’Union européenne n’a aucune stratégie cohérente, alors qu’elle est chargée de réglementer le risque chimique.

La stratégie française : formation des professionnels de santé, identification des substances les plus nocives, investissement dans la recherche, mesures pour évaluer les effets d’une réduction de l’exposition (depuis l’interdiction du Bisphénol A en France en 2015) est bonne, estime le rapport. Il pointe cependant la réduction des crédits alloués à la recherche depuis 2014, fragilisant la recherche fondamentale dans ce domaine. Elle est pourtant essentielle, tant nous manquons de marqueurs pour évaluer la réelle toxicité de ces substances.

Le bisphénol A a été interdit dans les biberons et les tickets de caisse.
Le bisphénol A a été interdit dans les biberons et les tickets de caisse. | Ouest-France

Perte de confiance

Enfin, le rapport souligne que la surveillance de l’exposition des populations est très incomplète. Celle de l’eau, encadrée par une directive européenne, est assurée. Pas celle de l’air ou des sols.

Le rapport a également un volet politique. Il incite le gouvernement à agir fortement auprès de l’Union européenne, afin qu’elle fasse évoluer sa réglementation et puisse interdire plus facilement des perturbateurs endocriniens. Il en va de « la crédibilité de l’action communautaire » déjà mise à mal.

De même, il faudrait renforcer la stratégie nationale et l’élargir à l’ensemble des ministères potentiellement concernés (seuls ceux de la santé et de l’écologie sont actuellement engagés). Là aussi, la « crédibilité dans l’action de l’État » est engagée sur ce sujet qui préoccupe de plus en plus les populations.

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https://www.ouest-france.fr/sante/perturbateurs-endocriniens-un-rapport-tres-critique-5540524

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