Dans un rapport publié ce mardi 20 février, l'ONG Générations futures assure que 72% des fruits et 41% des légumes non bio présentent des traces de pesticides. Les raisins, les clémentines, les cerises, les pamplemousses et les céleris présentent les plus forts taux.
L'association, qui milite contre les pesticides, se base sur les données collectés de 2012 à 2016 par la direction générale de la répression des fraudes (DGCCRF), qui effectue des contrôles au niveau des supermarchés et des grossistes. Au total, 19 fruits et 33 légumes ont été passés au crible.
"C'est un travail inédit en France", a expliqué au Monde le président de l'association François Veillerette. "Il y avait une demande des consommateurs : faute de données sur notre erritoire, ils se tournaient vers des études nord-américaines alors que les substances actives autorisées ne sont pas les mêmes ni les méthodes de production".
LES ASPERGES, LES BETTERAVES ET LES AVOCATS PLUS ÉPARGNÉS
"Nous avons choisi d'agréger les données sur cinq ans, aliment par aliment, pour avoir une taille d'effectifs plus importantes et lisser les aléas par exemple climatiques", a ajouté François Veillerette. "Pour les fruits, nous avons pu constater, en moyenne, la présence de résidus de pesticides quantifiés dans 72,6% des échantillons analysés", explique l'association. Dans 2,7% des cas, ces résidus étaient supérieurs aux limites autorisées.
En moyenne, 89% des échantillons de raisins présentaient des marques de pesticides, 88,4% pour des clémentines ou mandarines et 87,7% des cerises. Concernant les dépassements des limites maximales, ils concernent avant tout les cerises (6,6% des échantillons) et les mangues ou papayes (4,8%).
Dans le cas des légumes, 41,1% avaient des traces de pesticides et 3,5% des échantillons montraient des résidus supérieurs aux limites maximales. Les échantillons de céleri branche sont ceux présentant les traces les plus importantes de pesticides (84,6%), devant les herbes fraîches (74,5%) et les endives (72,7%). Les herbes fraîches étaient les plus concernées par les dépassements des valeurs autorisées (29,4% des cas), devant le céleri branche (16%).
À l'inverse, les avocats (23%), les kiwis (27%) et les prunes-mirabelles (35%) sont les moins affectés pour les fruits. Pour les légumes, les asperges (3,2%), les betteraves (4,4%), les choux fleurs (6,7%) et les patates douces (7,4%) sont les plus épargnés.
"Certains légumes sont plus rustiques ou enterrés et reçoivent moins de pesticides car une partie reste sur les feuilles ou sur le sol", précise François Veillerette. "De manière générale, ce classement montre que la présence des pesticides est encore un vrai souci dans l'alimentation. Il permettra aux consommateurs d'être mieux informés".
UNE PARTIE DES RÉSIDUS "NON DÉTECTÉS"
Les données de la DGCCRF portent uniquement sur les résidus quantifiés et pas sur les résidus détectés mais non quantifiables, ce qui fait dire à Générations futures que "les résultats présentés ignorent une partie des résidus réellement présents".
Le gouvernement a prévu un plan d'action pour réduire les produits phytopharmaceutiques dans l'agriculture, après l'échec d'une première série de mesures. Des producteurs maraîchers et arboriculteurs veulent lancer de leur côté un label "zéro résidu de pesticides", différent du bio. Chaque produit ne pourra pas présenter plus de 0,01 mg de pesticide au kilo.
Pour Générations futures, cette solution n'est pas satisfaisante car "ces offres ne garantissent pas une absence d'utilisation de pesticides" et elles ne "suppriment pas les pollutions environnementales".
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