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9 experts rappellent que "vu du foie, le vin est bien de l'alcool"

"Vu du foie, le vin est bien de l'alcool", soulignent neuf "membres d'associations, professionnels de santé, (et) citoyens responsables" dans une tribune publiée lundi 5 mars 2018 dans Le Figaro à la suite de déclarations du président de la République. Emmanuel Macron a en effet confié le 22 février 2018 "boire du vin le midi et le soir" et assuré que, tant qu'il sera président, il n'y aurait pas "d'amendement pour durcir la loi Evin" restreignant la publicité pour les boissons alcoolisées.

9 SIGNATAIRES. Les 9 signataires de la tribune sont le Pr Michel Reynaud, président du Fonds action addiction, le président et le vice-président de l'Association nationale de prévention en alcoologie et addictologie (ANPAA), Nicolas Simon et Bernard Basset, la Dr Irène Frachon, pneumologue (Brest), Catherine Hill, épidémiologiste réputée ainsi que les professeurs Serge Hercberg (expert en nutrition) Amine Benyamina (psychiatre, addictologue), Albert Hirsch (Ligue contre le cancer) et Gérard Dubois (Académie de médecine).

"Le vin est un alcool comme un autre"

"Ce qui compte en termes de toxicité, c'est la quantité d'alcool bue", écrivent les neuf signataires engagés dans la défense de la santé publique et des "plus fragiles". La ministre de la Santé, Agnès Buzyn, "s'est trouvée bien seule dans un gouvernement qui nie les évidences scientifiques et se montre plus sensible aux intérêts de l'alcool qu'à l'intérêt général", estiment-ils. La ministre avait en effet déclaré le 7 février sur France 2 à propos du vin que sa consommation impliquait "zéro différence du point de vue du foie… C'est exactement la même chose de boire du vin, de la bière, de la vodka ou du whisky. (…) On a laissé penser à la population française que le vin serait protecteur, qu'il apporterait des bienfaits que n'apporteraient pas les autres alcools. C'est faux scientifiquement, le vin est un alcool comme un autre". De son côté, Emmanuel Macron avait affirmé à des journalistes de la presse régionale en marge d'une rencontre avec des agriculteurs : "Il y a un fléau de santé publique quand la jeunesse se soûle à vitesse accélérée avec des alcools forts ou de la bière, mais ce n'est pas le cas avec le vin".

"Le vin représente près de 60% de la consommation d'alcool" relèvent les auteurs de cette tribune qui rappellent que "l'alcool tue près de 50.000 personnes par an" en France. Ils notent également que "les trois-quarts de la population consomment moins de deux verres par jour, mais le quart restant boit 75% de l'alcool commercialisé en France". Les signataires de la tribune demandent aux élus et au gouvernement d'élaborer et d'adopter "un Plan national alcool". "Faute de quoi, ajoutent-ils, force sera d'en appeler à l'opinion publique, qui à 60%, trouve la réglementation de l'alcool insuffisante". "Les études ont montré une augmentation de la morbidité et de mortalité, à court et long terme, pour des consommations faibles d'alcool par jour", écrit Santé Publique France dans un rapport de 2016 à propos des avertissements de rigueur ("l'abus d'alcool est dangereux pour la santé"), "ainsi, ce n'est pas 'l'abus d'alcool' qui est à risque mais une consommation, même faible". Cependant, l'institution rapporte également que "la thématique du 'zéro alcool' fait un tollé général", rapportant un côté "excessif" et "irréaliste", "inadapté à la culture française". "Si le dossier alcool reste en l'état, immanquablement, lorsque demain les responsables auront à répondre devant la justice, ils ne pourront pas dire qu'ils ne savaient pas", concluent les auteurs de la tribune.

LE MYTHE DE LA MODERATION. Une méta-analyse de 2016 a réexaminé les études qui prétendaient trouver un effet bénéfique à une consommation d'alcool modérée. Ils ont alors découvert que ces études mêlaient les anciens consommateurs d'alcool aux abstinents dans le groupe qui leur servait de comparateur au groupe buvant modérément. Or, la plupart des anciens buveurs, en plus d'avoir déjà un sur-risque pour la santé du fait de leurs excès passés, avaient pour la plupart arrêté complètement de boire justement à cause de leur mauvaise santé. Ainsi, le pronostic des buveurs modérés sortait grandi en comparaison de cette population. 

Le "french paradox" ne serait peut-être pas dû à notre consommation de vin

Dans les années 70, les anglo-saxons constatent que les Français, malgré un régime alimentaire riche en matières grasses, sont relativement peu sujets aux problèmes cardiaques, un phénomène qu'ils nomment "french paradox". Pour expliquer cette particularité française, grosse consommatrice de vin, on prête alors des propriétés curatives au resvératrol, un polyphénol retrouvé dans le vin rouge, le chocolat noir et certains fruits. Antioxydant et anti-inflammatoire, il serait également utile pour prévenir l'apparition de cancers et de maladies cardiovasculaires.

Un article du Pr Pierre Ducimetiere en 2000 dans le journal Médecine/sciences remet cependant en cause la notion même de "paradoxe français". Selon lui, il semblerait que les médecins français, à l'époque où les données ont été récupérées, ne déclarent des problèmes au cœur comme cause du décès "que lorsque le décès s'est produit dans la suite immédiate d'un infarctus du myocarde, conduisant ainsi à une sous-déclaration comparativement aux autres pays" où les antécédents de problèmes cardiaques seraient plus pris en compte. Il s'appuie sur le registre MONICA de l'Organisation Mondiale de la Santé, qui montre que les régions françaises examinées montrent en réalité une fréquence d'épisodes coronaires (infarctus et décès d'origine cardiaque) supérieure à celles des régions italiennes, espagnoles et suisses. Il conclut ainsi à une "absence de spécificité française". Il observe cependant un gradient "nord-sud" au sein de l'Europe, les sudistes étant moins victimes de problèmes cardiaques. Une différence dont l'explication serait multifactorielle, mêlant "habitudes de consommation" et "autres aspects de l'environnement personnel et collectif des individus qui les composent".

En attendant, les polyphénols peuvent également être trouvés en quantité dans des aliments dépourvus d'alcools, tels que le thé vert ou noir, le café, le chocolat noir ou certains fruits.

Avec AFP

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