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« Pour comprendre la schizophrénie, il faut se mettre à la place du cerveau du schizophrène»

Les associations de proches de personnes souffrant de schizophrénie veulent  changer le regard du grand public sur cette maladie en organisant une semaine de sensibilisation qui aura lieu du  17 au 24 mars en 2018. Une nouveauté en 2018, une vidéo  semaine de sensibilisation. Cette année, une vidéo invite chacun à se mettre à la place d'un schizophrène.

 Pourtant, la médecine hésite souvent à porter ce diagnostic, d’abord parce qu’il n’est pas facile, mais également parce que le pronostic est souvent plutôt grave.

Plus le traitement est précoce, meilleurs seront les résultats.

D’où la nécessité, à défaut d’en comprendre les causes ou le mécanisme, de savoir en reconnaître les premiers signes.

Or, on a longtemps simplifié la schizophrénie en parlant de dédoublement de la personnalité. C’est en fait beaucoup plus complexe.

Le plus spectaculaire des symptomes est incontestablement un épisode de délire, que l’on appelle d’ailleurs bouffée délirante. Lorsque survient une de ces crises, toujours impressionnantes pour l’entourage, il faut savoir que, dans 25 % des cas, ce délire cessera complètement et ne se reproduira plus jamais, mais que ce n’est que chez 20 % des malades, après plusieurs épisodes délirants, qu’on pourra parler de schizophrénie établie.

Ces crises ne sont, en effet, malheureusement pas le mode le plus fréquent de début de cette maladie, car le diagnostic serait alors facile, mais dans la majorité des cas, il existe des signes avant-coureurs que le psychiatre saurait facilement reconnaître, mais que la médecine générale, l’entourage et à fortiori le malade, ne détectent pas.

Il s’agit d’hallucinations auditives – on entend des voix – ou visuelles, d’idées délirantes souvent de persécution – on se sent poursuivi – ou mystiques. Il n’est pas rare, en effet, que le schizophrène se sente investi d’un pouvoir divin. Les signes peuvent être encore plus difficiles à détecter car négatifs, comme un manque d’énergie, un émoussement affectif, un retrait social ou une pauvreté de pensée. Et là, vous comprendrez que cela peut correspondre à bons nombres de reproches que l’on peut entendre tous les jours.

Ce n’est pas simple, mais cela vaudrait la peine car il se passe deux ans entre les premiers symptômes et l’évocation du diagnostic.

Repérer c’est parler de sa survenue chez les adolescents

Il  y a là un message essentiel : tout adolescent qui se met à mal travailler, fume du cannabis de façon régulière et se renferme sur lui-même ne souffre pas toujours de cette crise juvénile déplaisante, mais que les parents acceptent au non de la construction de leur enfant. Ce peut-être aussi, les premières manifestations de la maladie.

Cela ressemble au portrait de  bon nombre d’adolescents, ce qui pourrait  affoler pas mal de gens. Mais, pas si on insiste sur la notion de rupture  et la brutalité de l’apparition de cette crise. La crise traditionnelle de l’adolescence, celle qui ne pose pas de problèmes, est habituellement assez progressive.

Le recours à la consultation spécialisée doit donc être la règle au moindre doute, même si c’est hélas un réflexe trop rare.

Avec l’objection fréquente d’évoquer la maladie mentale chez un enfant qui n’en souffre pas. En disant cela , on diabolise le psychiatre qui est pourtant celui qui peut rassurer tout le monde, parents et enfants, ou commencer un traitement qui plus il est précoce, plus à de chance à rendre cette maladie curable. Ici, les derniers chiffres évoquent 50% de vie acceptable, certes avec une diminution de rang social,  une vie acceptable… et dénuée de violence

Maladie mental et violence

On parle beaucoup, depuis quelques années, de schizophrénie et de violence, en raison de meurtres particulièrement sanglants et de la non-responsabilité pénale que peut conférer ce diagnostic devant les juges…

Les psychiatres veulent dédramatiser ce sujet . Il ne faut pas croire que le contact quotidien avec des malades mentaux, comme les schizophrènes, banalise  la  perception  des psychiatres sur  la dangerosité de ces malades.

Quelques chiffres : Il y a en France, 1% de la population qui souffre de schizophrénie. 600 000 malades ! si la violence était réellement la règle, on serait  devant un immense problème de société.

4% des crimes de sang sont commis par des schizophrènes, ce qui signifie toutefois que ces malades sont 4 fois plus dangereux que la population normale, mais il faut ajouter que 90% d’entre eux ne commettent jamais de violence.

S’ils ne sont naturellement pas violents, qu’est-ce qui les fait passer à l’acte de façon aussi spectaculaire ? La schizophrénie est une maladie de la communication, ce qui dans un monde qui est régie par celle-ci, fait que le schizophrène souffre probablement plus qu’autrefois et de façon différente. Ils ont les mêmes rêves que les autres, mais ils ne peuvent tout simplement pas y accéder. Les psychiatres  dénoncent la surmédiatisation de cette violence qui est différente de la violence spectacle que l’on voudrait bien décrire. Elle n’est en fait que la projection à l’extérieur de leur violence interne.

Fréquente mais mystérieuse, médiatique mais méconnue, la schizophrénie doit être découverte le plus tôt possible. C’est le travail du psychiatre, encore faut-il consulter.

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