L'épidémie de rougeole est particulièrement sévère cette année. Débutée en novembre à Bordeaux, elle n'a cessé de s'étendre pour atteindre 913 cas diagnostiqués jusqu'au mercredi 14 mars 2018, où le Ministère de la Santé a fait un point d'information.

Ce dernier mois, le nombre de malades a augmenté significativement avec un tiers de cas de plus que les trois mois et demi précédents. Cette tendance "nous fait craindre une épidémie d'ampleur importante comme celle que nous avons observée en France entre 2008 et 2012", a indiqué Jérôme Salomon, le directeur général de la Santé. A l'époque, 24 000 cas avaient été enregistrés, dont 15 000 en 2011.

Il a également rappelé que "l'élimination de la rougeole est un objectif prioritaire de l'Organisation mondiale de la santé (OMS)". En effet, cette maladie peut s'avérer très grave pour les sujets à risque, comme les nourrissons, les enfants, les femmes enceintes et les personnes âgées. Face à l'épidémie, la Direction générale de la Santé a souligné l'importance de la vaccination, alors qu'une femme de 32 ans jamais vaccinée est décédée au début du mois de février.

Le Ministère de la Santé estime donc qu'"il est nécessaire d'atteindre un objectif de couverture vaccinale de 95% chez les personnes à risque", car la rougeole est extrêmement contagieuse. Ces sujets sont toutes les personnes nées après 1980, date à laquelle la maladie a reculé en France. Celles qui sont nées avant ont plus de chances de l'avoir déjà eue, et donc d'être immunisées. Les épidémiologistes ont insisté sur le principe "d'immunité collective" car "pour faire barrière collectivement, face à un virus [...] parmi les maladies les plus contagieuses, par transmission aérienne en plus, c'est uniquement quand on atteint ce niveau de couverture vaccinale très élevée dans un groupe que le virus ne circule plus".

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D'après des données de Santé Publique France, la couverture vaccinale avec la seconde dose de vaccin contre la rougeole (ROR), nécessaire pour garantir l'immunité, varie de 62 à 88% en fonction des départements. L'organisme a souligné que, dans l'épidémie actuelle, "85% des cas français sont observés chez des personnes non vaccinées". Parmi elles, 15% sont des enfants de moins de 1 an. Il rappelle donc la nécessité de vacciner les adultes, car les tout-petits, ainsi que les femmes enceintes et les personnes immunodéprimées, "ne peuvent être protégés indirectement par la vaccination de leur entourage".