Près d'un adulte sur trois souffre d'hypertension artérielle (HTA), dont la moitié qui l'ignore, a indiqué mardi 24 avril 2018 un rapport de l'agence sanitaire Santé publique France, qui déplore l'absence de progrès contre cette maladie, dont la prise en charge s'est même dégradée pour les femmes. "La prévalence de l'hypertension artérielle était de 30,6%", a indiqué l'autorité sanitaire, en présentant une enquête menée entre 2014 et 2016 auprès de 2.169 Français de 18 à 74 ans. Cette étude incluait une enquête par questionnaires en face à face, par auto-questionnaires, une enquête alimentaire et la réalisation d'un examen de santé.
L'hypertension, responsable de 13% des décès chaque année dans le monde
La pression artérielle résulte de la force exercée par le sang sur la paroi des artères. L'hypertension artérielle, définie par une pression systolique supérieure à 140 (systolique) /90 (diastolique) millimètres de mercure (mmHg), est "directement liée à 13% des décès annuels dans le monde", selon la Société française de cardiologie, qui la qualifie de "véritable maladie chronique" qui doit "être prise très au sérieux". En effet, "la mortalité cardiovasculaire double pour chaque augmentation de 20/10 mmHg de la pression artérielle systolique/diastolique", écrit Santé Publique France. La fréquence de l'hypertension est "plus élevée chez les hommes que chez les femmes (36,5% contre 25,2%)", et elle augmente avec l'âge, a ajouté Santé publique France. Le tabagisme, une alimentation déséquilibrée, une vie sédentaire, le surpoids et le stress sont des facteurs de risque d'HTA, qui peut ainsi être due à de multiples facteurs. Parmi ces derniers, on trouve l'hérédité, certaines maladies, certains déséquilibres hormonaux, ou encore la prise de certains traitements. "Il est primordial de poursuivre les efforts de prévention en matière d'activité physique et de nutrition, principaux déterminants de l'hypertension", selon Santé publique France.
Aucune amélioration dans la détection ni la prise en charge
En comparant les données de 2014-2016 avec d'autres recueillies dix ans plus tôt, Santé publique France a constaté que l'hypertension n'était pas mieux détectée ni soignée. La prévalence de l'HTA est ainsi restée stable autour de 31% depuis une précédente enquête de 2006. Cette maladie chronique reste mal détectée puisque "seule une personne sur deux avait connaissance de son hypertension", et moins d'une sur deux (47,3%) prenait des médicaments. Parmi les personnes traitées, seulement 55% avaient une pression artérielle contrôlée (revenue à des valeurs normales). Pourtant, "de nombreux essais thérapeutiques" montrent "une réduction de 7% et 10% du risque de mortalité" par maladie coronarienne (bloquage ou rétrécissement des coronaires, artères du coeur) et accident vasculaire cérébral "pour une réduction de 2 mmHg de la pression artérielle", d'après le rapport. La Société française de cardiologie recommande donc de se faire prendre la tension par un médecin "au moins une fois par an à partir de 40 ans". Si la pression artérielle systolique est supérieure ou égale à 140, ou la pression artérielle diastolique à 90, il y a hypertension.
Chez les femmes, une hypertension moins traitée et qui s'aggrave plus
"Chez les femmes, la prise en charge thérapeutique s'est dégradée sur la période" observée, a déploré l'autorité sanitaire. En effet, la proportion d'hypertendus détectés et traités à diminué de manière significative en 10 ans, passant de 82% à 72,6%. "Cette diminution était complètement imputable aux femmes", explique Santé Publique France, chez lesquelles la proportion d'hypertendues détectées et traitées est passée de 86,6% à 70,7%. "Cette diminution du nombre de femmes traitées est un signal assez défavorable concernant la prise en charge de l'HTA en France", se désole l'agence sanitaire, ajoutant que ce constat nécessitera "une analyse plus fine du profil des femmes hypertendues non traitées" pour en comprendre les raisons.
De plus, en 10 ans, la sévérité de l'HTA (valeur moyenne de la pression artérielle systolique) a augmenté chez les femmes dans toutes les classes d'âge jusqu'à 64 ans, tandis qu'elle était restée stable chez les hommes, s'alarme Santé Publique France. Une différence qu'elle attribue en partie à la corpulence, stable chez l'homme, alors que les femmes montrent une élévation de plus de 20% de la prévalence du surpoids et obésité entre 40 et 54 ans. De plus, le niveau d'activité physique des hommes a augmenté, avec 10% de plus qui se déclarent physiquement actifs, contre une diminution chez les femmes "de 18,5% chez les 18-39 ans, de 21,7% chez les 40-54 ans et de 8,2% chez les 55-74 ans".
Avec AFP
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