L’Agence nationale de sécurité sanitaire souhaite une harmonisation des règles concernant le dosage de ces produits en Europe.
Est-il anodin de prendre des compléments alimentaires contenant de la mélatonine? Non, répond l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), qui met certaines populations à risque en garde contre l’usage de ces compléments alimentaires.
La mélatonine est une hormone naturellement produite par une région du cerveau pendant la nuit. Elle permet notamment de réguler les rythmes quotidiens (veille sommeil) et de favoriser l’endormissement. Les compléments alimentaires contenant cette hormone aident notamment à atténuer les effets du décalage horaire et à réduire le temps d’endormissement. Environ 1,4 million de boîtes de ces comprimés, gélules ou sprays, sont vendues chaque année en France.
Effets indésirables
L’Anses a reçu 90 déclarations d’effets indésirables liées à ces produits entre 2009 et 2017: maux de tête, somnolences, cauchemars, tremblements, nausées ou encore vomissements. Un chiffre apparemment faible, mais suffisant pour que l’agence lance en 2017 «une évaluation des risques liés à la consommation» de ces supplémentations. «Ce qui compte, c’est de disposer de quelques cas bien documentés, avec de fortes probabilités de relation entre le complément alimentaire et les effets indésirables, comme c’est le cas ici», explique la Pr Irène Margaritis, chef de l’unité d’évaluation des risques liés à la nutrition à l’Anses. «Par ailleurs, nous savons que de nombreux cas ne sont pas déclarés, soit parce que le consommateur ne va pas voir son médecin, soit parce que ce dernier n’interroge pas le patient sur les compléments alimentaires.»
Dans ses conclusions, l’agence déconseille l’usage de ces compléments chez les femmes enceintes, les enfants, ou encore chez les personnes souffrant de maladies inflammatoires ou auto-immunes. Pour les personnes souffrant d’épilepsie, d’asthme ou de troubles de l’humeur, l’Anses estime qu’un avis médical est nécessaire avant de se supplémenter. «Plus largement, lorsqu’une personne souffre d’une pathologie, qu’elle prenne des médicaments ou non, il faut qu’elle demande conseil à son médecin», rappelle la Pr Irène Margaritis.
En France, la mélatonine est vendue comme un complément alimentaire (en pharmacie ou en grande et moyenne surface) lorsqu’un comprimé contient moins de 2 mg de substance active. Au-delà, c’est un médicament délivré sur prescription (Circadin, par exemple). En Allemagne ou en Belgique, au-delà de 0,3 mg, la mélatonine est un médicament. «Une telle disparité entre pays laisse penser que l’on manque d’éléments pour identifier la dose à laquelle le complément devient médicament», remarque la Pr Irène Margaritis. L’Anses plaide donc pour qu’«un cadre réglementaire harmonisé soit défini au niveau européen».
Selon la spécialiste, avant de prendre un complément alimentaire à base de mélatonine, il faut «chercher les causes du trouble de sommeil, qui peuvent venir du mode de vie de la personne (stress, manque d’activité physique, exposition trop tardive à la lumière…)».
Bagikan Berita Ini
0 Response to "Prudence sur la prise de compléments contenant de la mélatonine"
Post a Comment