SANTÉ - La sclérose en plaques touche surtout les femmes et cette tendance ne fait que s'accentuer. Même si les principales raisons sont encore inconnues, la journée mondiale consacrée à cette maladie mercredi 30 mai est l'occasion de rappeler qu'elles peuvent être liées aux modes de vie.
"Aujourd'hui on compte trois femmes atteintes pour un homme, contre deux femmes pour un homme dans les années 50/60. C'est une vraie révolution épidémiologique", explique à l'AFP le neurologue Thibault Moreau, de la fondation française Arsep (Aide à la recherche sur la sclérose en plaques).
La sclérose en plaques est une maladie auto-immune du système nerveux central (cerveau et moelle épinière). Elle provoque un dérèglement du système immunitaire, qui s'attaque à la myéline, la gaine protectrice des fibres nerveuses.
Changement des habitudes de vie
On estime à plus de 2 millions le nombre de malades dans le monde (100.000 en France, 400.000 en Europe). Selon les chercheurs, il s'agit d'une maladie multifactorielle, combinant des facteurs génétiques (même s'il ne s'agit pas d'une maladie héréditaire) et environnementaux.
Ce dernier point pourrait expliquer pourquoi de plus en plus de femmes sont concernées. "Cela pourrait être lié au changement des habitudes de vie", selon le professeur Moreau.
Cette piste a été explorée dans une étude publiée en 2012 par la revue américaine Neurology. Elle portait sur l'augmentation du nombre de scléroses en plaques en Crète entre 1980 et 2008.
En 2008, on comptait deux fois plus de femmes malades que d'hommes, alors que leur nombre était équivalent en 1980. L'étude montrait que l'augmentation concernait surtout des femmes vivant en ville.
La Crète étant homogène du point de vue génétique, les auteurs de l'étude postulaient que cette augmentation était associée au passage d'un mode de vie rural à un mode de vie urbain.
Pour les femmes, l'urbanisation a entraîné "une hausse du tabagisme", "un usage plus fréquent des contraceptifs, un recul de l'âge auquel elles ont leur premier enfant" et un changement d'alimentation (par exemple, le remplacement du lait de chèvre frais local par du lait de vache pasteurisé industriel), relevaient les chercheurs.
Niveau d'ensoleillement, tabac, obésité
Pour tenter de lever un coin de voile sur les causes de la sclérose en plaques, "beaucoup de recherches sont menées dans le domaine de l'environnement", indique à l'AFP la neurologue Catherine Lubetzki.
"Un niveau d'ensoleillement plus bas est un facteur de risques", poursuit la professeure Lubetzki, qui dirige une équipe de recherche à l'Institut du cerveau et de la moelle épinière (ICM) à Paris. Dans l'hémisphère Nord, plus on remonte en s'éloignant de l'équateur, plus la maladie est présente. Autres facteurs de risques: le tabagisme et l'obésité, souligne-t-elle.
Pour autant, les multiples facteurs, génétiques et environnementaux, ne sont pas encore tous connus, et on ignore le mécanisme selon lequel ils participent au développement de la maladie.
Plus récemment, une étude parue dans les dans les Comptes-rendus de l'Académie américaine des sciences (PNAS), affirmait que si les hommes étaient moins touchés que les femmes par cette maladie, c'était parce qu'ils produisaient plus de testostérone, hormone qui semblerait protéger contre la sclérose en plaques.
Apparition des symptômes aux alentours de 30 ans
L'âge moyen du début des symptômes est 30 ans. Le plus souvent, la sclérose en plaques provoque des poussées inflammatoires entrecoupées par des phases d'accalmie durant lesquelles la myéline se reconstitue en partie.
Les symptômes sont variés: faiblesse musculaire, troubles de l'équilibre, de la vision, du langage, paralysies. A plus ou moins long terme, un handicap irréversible peut s'installer.
"On ne sait pas guérir la sclérose en plaques, mais on sait l'atténuer", note le professeur Moreau. Les traitements apparus depuis une vingtaine d'années améliorent la qualité de vie des patients et, grâce aux progrès de l'imagerie, le diagnostic, et donc la prise en charge, sont plus précoces qu'avant.
"La sclérose en plaques aujourd'hui, ça n'a rien à voir avec ce que c'était par le passé", insiste Thibault Moreau. "Dans les années 60, on interdisait aux femmes atteintes de faire des bébés, on sait aujourd'hui qu'il n'y a pas de risque. On peut mener des projets de vie même avec cette maladie".
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