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Trois morts, quarante victimes présumées : un chirurgien de l'obésité poursuivi en justice dans l'Aisne

Trois décès qui posent question et une quarantaine de victimes : dans l’Aisne, un chirurgien de l’estomac renommé fait l’objet d’un volumineux dossier judiciaire depuis bientôt onze ans.

Tout commence en 2007. Cette année-là, une première plainte pour homicide involontaire est déposée à l’encontre du Dr Maher Hamdan, après le décès d’un de ses patients. Le médecin exerce alors à l’hôpital de Laon, et fait régulièrement l’objet d’articles de presse vantant son expertise. Il est considéré comme l’un des pontes de la chirurgie de l’obésité, et plus particulièrement de la sleeve gastrectomie, une opération qui consiste à réduire l’estomac des personnes obèses pour leur faire perdre du poids. 

L’un de ces articles attire également l’attention d’une patiente, victime de complications, qui ne supporte pas que le médecin continue de promouvoir sa pratique. Elle porte plainte, suivie par d’autres victimes présumées.

En 2011, le docteur Hamdan est mis en examen pour trois homicides involontaires, ainsi que pour des blessures involontaires sur d’autres patients. Pendant que la justice instruit le dossier, le médecin continue d’exercer.

En 2012, une nouvelle patiente, Cécile Hansali, connaît des complications graves après son opération. 

L’estomac entièrement retiré

La jeune femme, qui avait atteint 183 kilos, avait choisi de se faire opérer par le Dr Hamdan pour prendre un nouveau départ, considérant la sleeve comme l’opération "de la dernière chance". 

"Il se présentait comme un spécialiste, il parlait bien, il avait l’air de s’y connaître, je lui ai fait confiance", raconte-t-elle aujourd’hui au Courrier Picard.

Mais trois jours après son opération, la mère de famille se plaint d’importants maux de ventre. Transférée dans un hôpital parisien, elle se voit diagnostiquer une fuite sur sa suture ainsi qu’une infection. Quasiment entièrement nécrosé, son estomac doit lui être retiré. 

Réopérée, la patiente vit depuis un calvaire, entre "fatigue constante" et coliques hépatiques extrêmement douloureuses. Elle devra de nouveau subir une intervention en septembre pour réduire le risque d’une hernie de son système digestif.

Côté justice, les instructions suivent leur cours. Trop lentement au goût des patients. Cécile Hansali a porté plainte en 2015, rencontré un expert en 2017, et depuis "plus rien". Ses appels et courriers à la juge d’instruction sont restés lettre morte, tandis que sa santé "se dégrade de jour en jour", indique la jeune femme. 

Le chirurgien se défend de tout manquement

Maher Hamdan a été interdit d’opérer en juillet 2015, avant d’y être de nouveau autorisé par décision de justice le mois suivant, en attendant la tenue d’un procès.

Le praticien se défendait à l’époque de tout manquement et mettait en avant le risque inhérent aux opérations.  "La chirurgie de l’obésité est une chirurgie grave et difficile (…) Les malades sont informés à chaque fois de cette dangerosité et des risques de mourir. J’ai pratiqué six cents opérations par an en moyenne. Je suis mis en cause pour trois morts", estimait-il dans le Courrier Picard

Un argument balayé par certains de ses confrères, interrogés par France 3, qui parlaient au contraire d’une chirurgie "de tous les jours", sans risque de complications graves. 

Les experts devront trancher lors du procès à venir. Selon le Courrier Picard, qui cite l’avocat des parties civiles, il pourrait se tenir dès 2019. Un calendrier "présomptueux", juge cependant l’avocat du chirurgien. 

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