Cet été, ils font leur grand retour dans les rayons de nos supermarchés (et sur nos écrans de télé) : les bonbons, sirops, sodas, glaces, yaourts au goût "cocktail". Saveur mojito, pina colada, spritz ou encore margarita, ces produits séduisent les plus grands, mais aussi les enfants. Même les cosmétiques s'y sont mis, imaginant des laits hydratants et gels douches aux saveurs de l'apéro. Une tendance que ne goûtent pas vraiment les addictologues.

"En matière de santé publique, c’est d’une bêtise folle. Les souvenirs d’enfance jouent un rôle une fois adulte. Cela les conduira plus tard à sous-estimer le risque de l’alcool, c’est la même farce qu’avec le Champomy", a indiqué William Lowenstein, président de SOS Addictions, à nos confrères du Parisien.

Une consommation d'alcool banalisée

Si l'alcool est interdit aux mineurs, rien de leur empêche de découvrir le faux-semblant de goût des célèbres cocktails servis dans les bars. "Ce que je vois à travers ce nouveau packaging des industriels, c’est rendre accessible un produit qui est interdit pour les jeunes, c’est-à-dire l’alcool. (...) Derrière ce type de marketing qu’est-ce qu’il se cache ? Il se cache de banaliser la consommation d’alcool", souligne Amine Benyamina, le président de la Fédération française d’addictologie dans une interview accordée à RTL.

Chose sûre, ces produits séduisent les Français. La marque n°2 du bonbon en France, Lutti peut l'attester : en l'espace d'un an, son bonbon au mojito a permis à l'enseigne de faire 1 million d'euros de chiffre d'affaires. Cet été, les nouveautés saveur spritz et pina colada pourraient bien rencontrer le même succès. Au dos de ces paquets, on peut lire : "Pas envie d’attendre vendredi soir pour le prochain mojito ? Emportez votre mini-dose (sans alcool) partout…"

De leur côté, les marques se défendent de toute volonté d'associer leurs produits avec l'alcool. "Notre cible est adulte, on vise les 25-49 ans", se défend Cédrick Maurel, directeur marketing de la marque de bonbons Lutti. Selon la Direction générale de la Santé, la vente de ces produits est tout à fait légale.

L'alcool et le sucre, un cocktail détonnant pour la santé

Autre point de vigilance soulevé : ces produits à la base bien sucrés le sont d'autant plus avec les additifs et aux édulcorants ajoutés pour recréer le goût d'un cocktail. Aujourd'hui, un Français consomme en moyenne 30 kilogrammes de sucre par an. "Le sucre et l’alcool sont deux gros fléaux que tout le monde connaît sur le plan de la santé", précise Amine Benyamina. 

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Chaque année, près de 50 000 personnes décèdent à cause de l'alcool. Un chiffre douze fois plus élevé que celui des morts sur les routes. L'alcool est la substance psychoactive la plus consommée en France. Seulement 7% des personnes âgées entre 18 et 75 ans n'en ont jamais bu. En moyenne, 92 000 personnes consultent des spécialistes pour des problèmes liés à l'alcool