Des médecins américains s'alarment, alors que des utilisateurs de Snapchat complexés par leur visage font de plus en plus appel à des chirurgiens plasticiens pour ressembler à leurs filtres.
“Dysmorphophobie” : c'est le nom que les spécialistes ont donné au nouveau mal du siècle - soit, la peur d'avoir un défaut physique. Et les utilisateurs des réseaux sociaux Snapchat et Instagram en sont les principales victimes. En effet, sur ces applications, les visages sont corrigés par des filtres qui les rendent plus lisses, plus beaux, plus soyeux. Au point que les accrocs à ces subterfuges sont dégoûtés par leur apparence réelle. C'est ce qui inquiète de plus en plus trois médecins américains, qui tirent la sonnette d'alarme.
Lèvres pulpeuses, yeux plus grands et nez plus fin
D'après un article publié sur la revue web Journal of the Américain Médical Association, repéré par le site Inverse et par BFM TV, une part de plus en plus importante d'Américains consultent des chirurgiens plasticiens dans le but de se faire opérer, afin de ressembler à l'image truquée qu'ils renvoient sur ces réseaux sociaux. “Auparavant, les patients arrivaient en consultation avec des photos de célébrités pour leur ressembler. Un nouveau phénomène, baptisé 'dymorphophobie de Snapchat', amène les patients à vouloir ressembler aux versions filtrées d'eux-mêmes, avec des lèvres plus pulpeuses, de plus grands yeux et un nez plus fin”, explique ainsi la dermatologue Neelam A Vashi.
Son quotidien a donc grandement changé depuis quelques années déjà. “Je vois défiler beaucoup d'images qui sont juste complètement irréalistes. Et cela installe des attentes tout aussi irréalistes dans l'esprit des patients, parce qu'ils essayent de ressembler à des versions fantasmes d'eux-mêmes”, analyse-t-elle.
Une “force culturelle” capable de transformer la chirurgie esthétique
Selon cette spécialiste, les réseaux sociaux fonctionnent comme des éléments déclencheurs de la dysmorphophobie, et peuvent même la renforcer lorsqu'elle est seulement latente, au point que des patients obsédés par leurs imperfections viennent consulter des chirurgiens.
Selon l'American Academy of Facial and Reconstructive Plastic Surgery, cette tendance est en forte croissance, puisqu'en 2017 55% des praticiens ont été consultés par des patients “souhaitant être plus beaux sur leurs selfies”, en augmentation de 13% par rapport à l'année précédente. Le même rapport considère que les réseaux sociaux constituent désormais une “force culturelle” capable de bouleverser l'industrie de la chirurgie esthétique.
Neelam A Vashi déconseille cependant à ses homologues de céder aux volontés de leurs patients dans ce domaine, car les filtres projettent tout simplement une esthétique qui est fictive : “Les filtres appliqués aux selfies font apparaître un physique inaccessible et amenuisent la frontière entre la réalité et le fantasme pour ces patients”, alerte-t-elle.
Les dangers de l'objectivation des corps
Un autre chercheur interrogé par Inverse, Kaylee Kruzan, du Cornell’s Social Media Lab, est tout aussi circonspect. Selon lui, les réseaux sociaux entraînent une forme de servitude volontaire à l'image qu'ils reflètent : “Les plateformes comme Snapchat, Instagram ou Facebook incitent les utilisateurs à considérer leur corps depuis le point de vue d'une tiers personne, ou d'un observateur. Cela peut conduire à une objectivation du corps, connue pour entraîner une détérioration de la santé mentale et du sentiment de bien-être”.
Alors que dans le passé, les célébrités avaient particulièrement recours à la chirurgie esthétique parce qu'elles avaient accès à une vision retouchée d'elles-mêmes dans les magazines et les publicités, désormais, le commun des mortels dispose de son propre avatar sur les réseaux sociaux. En attendant le développement salvateur de la réalité virtuelle, la dysmorphophobie de Snapchat semble avoir de beaux jours devant elle.
https://www.lesinrocks.com/2018/08/03/actualite/des-medecins-salarment-de-voir-des-gens-se-faire-operer-pour-ressembler-aux-filtres-snapchat-111111258/Bagikan Berita Ini
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