
Après s'être attaqué au sucre, avec la "taxe soda", entrée en vigueur en 2013, le gouvernement pourrait bien s'intéresser au sel. Un rapport sur la Commission d'enquête parlementaire sur l'alimentation industrielle devrait proposer à la fin du mois de septembre au gouvernement d'instaurer une taxe sur le sel.
Celle-ci pourrait bien être calquée sur la "taxe soda" : elle serait calculée non pas à partir d'un seuil, mais de la proportion de sel dans les plats préparés, les surgelés, les conserves, les soupes, les quiches... Tous les produits industriels en somme. L'objectif : pousser les géants de l'agro-alimentaire à faire encore plus d'efforts.
De leur côté, les industriels ont déjà fait des progrès par l'adoption de chartes et d'engagements. Il y a trois ans, par exemple, le secteur de la charcuterie a signé un accord pour réduire la teneur en sel de 5% dans ses produits. En outre, en 10 ans, l'Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire des aliments) a constaté une baisse de 19% dans les plats préparés, et de 23% dans les pizzas.
Privilégier les circuits courts
Mais ces mesures sont-elles suffisantes ? Selon le rapport d'enquête parlementaire, cette nouvelle taxe aura pour objectif de déshabituer les Français à manger trop salé. Arnaud Cocaul, médecin nutritionniste, précise néanmoins que le sel que l'on rajoute nous-même dans notre assiette n'est pas le principal problème.
"Ce sel que l'on rajoute nous-même compte environ pour 1/5e de nos apports quotidiens en sel. C'est donc bien le sel caché dans les plats préparés, dans toute l'alimentation manufacturée, les produits ultra-transformés, qui pose problème", explique-t-il.
Un excès de sel peut en effet être à l'origine de certaines complications de santé : hypertension, insuffisance rénale, insuffisance cardiaque... Pour le médecin, la solution est donc d'éviter les plats préparés et de privilégier les circuits courts : il faut que les gens "s'habituent à avoir des dates limites de consommation qui soient moins longues, qu'ils se dirigent plutôt vers les produits moins transformés".
Pour ceux préférant les plats préparés, Arnaud Cocaul conseille de regarder plus attentivement les étiquettes d'ingrédients : "Il faut regarder si le sel fait partie des premiers ingrédients inscrits" et préférer les produits où le sel se situe le plus loin dans la liste.
Une taxe sur le sel, la meilleure solution ?
Pour Jonathan Cohen, nutritionniste, l'alimentation des Français est "très clairement en danger", mais une taxe sur le sel ne constitue pas la meilleure solution. "Dans la pratique, cette taxe est une très mauvaise idée. Comme la 'taxe soda' (qui est de 2 centimes d'euros par canette, ndlr), la taxe sur le sel sera sans doute trop minime pour avoir un impact sur la population au point de faire changer les habitudes alimentaires".
Si cette idée de taxe reflète une prise de conscience du gouvernement sur l'alimentation des Français, "des spots télévisuels ou des interventions dans les établissements scolaires se révéleraient plus efficaces", précise le nutritionniste.
Et si les industriels tardent à baisser les taux de sel dans les plats, c'est évidemment pour une question de saveur et de durée de vie des produits. "À l'instar des produits sucrés qui sont devenus light, l'ingrédient manquant sera inévitablement remplacé par un autre pour leur donner un goût et allonger la date limite de consommation des aliments", indique-t-il.
Jonathan Cohen rappelle également que, même si l'on ne peut pas vivre sans sel, les Français sont dans l'excès : ils consomment entre 8 et 10 grammes de sel par jour, soit le double que ce qui est préconisé par l'OMS (Organisation mondiale de la santé) qui recommande 5 grammes par jour, cuisson comprise. En France, 35.000 décès sont imputables au sel.
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