- Fin février, YouTube, Pinterest et Amazon Prime se sont engagés dans la lutte contre les fausses informations relatives à la vaccination.
- La Semaine de la vaccination, créée en 2005 par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), aura lieu du 24 au 30 avril.
- Dans le dernier volet de sa série, «20 Minutes» donne la parole à des lecteurs et lectrices qui racontent comment leur méfiance à l'égard des vaccins a évolué au fil des années.
Des « inquiétudes » ou des « interrogations », une « vigilance particulière »… Si les témoignages des lecteurs et lectrices de 20 Minutes longtemps réfractaires aux vaccins mais aujourd’hui plus nuancés racontent tous une histoire personnelle différente, tous emploient le même vocabulaire pour aborder cette question clivante de santé publique.
Retrouvez notre dossier sur les antivaccins
Aucun lecteur ni aucune lectrice ne se définit d’ailleurs à proprement parler comme « antivaccin », soit parce qu’ils n’ont jamais été catégoriquement opposés à la pratique, soit parce que leur opinion, bien qu’ayant évolué, reste empreinte de prudence. « Je ne suis pas contre les vaccins mais je suis méfiante [à l’égard] de certains d’entre eux, notamment ceux qui comportent beaucoup d’effets secondaires potentiels », explique ainsi Séverine, professeure d’anglais.
« A la naissance de ma fille aînée, il y a 15 ans, mon compagnon était clairement antivaccin donc on avait fait le strict minimum. Pour ma deuxième fille, qui a deux ans et demi, je suis beaucoup plus les conseils du médecin, mais je garde un œil sur les notices de médicament », ajoute la trentenaire.
« J’oubliais volontairement le carnet de santé de mon fils »
Sonia, 38 ans, secrétaire médicale dans un hôpital, a pour sa part toujours été vaccinée par ses parents sans la moindre interrogation. Sa défiance lui est venue « par le biais des médias ». La naissance de son fils joue aussi le rôle de détonateur. Elle se renseigne alors sur les risques liés à certains vaccins, tombe sur de nombreuses vidéos d’antivaccins, mais les aborde avec distance : « J’ai notamment lu les articles du Monde qui revenaient sur les vidéos complotistes, j’ai confronté les sources. »
En conséquence, elle adopte une stratégie spécifique pour son fils, aujourd’hui âgé de 9 ans : « Je lui ai toujours fait faire le strict minimum, c’est-à-dire les vaccins vieux d’une trentaine d’années, à une époque où il y avait moins de conflits d’intérêts, comme le DTP [contre la diphtérie, le tétanos et la poliomyélite]. J’ai refusé le vaccin ROR [contre la rougeole, les oreillons et la rubéole]. J’oubliais volontairement le carnet de santé de mon fils pour qu’il ne fasse pas certains vaccins, ça a marché tous les ans. »
En 2016, la condamnation d’un couple à deux mois de prison avec sursis pour avoir refusé de faire vacciner leurs enfants amène toutefois Sonia à reconsidérer cette question : « J’ai couru chez le médecin en apprenant que je risquais de la prison ».
L’article L3116-4 du code de la santé publique envisageait en effet une telle peine, même si elle était rarement appliquée. Il a toutefois été abrogé en décembre 2017 par la loi instaurant les 11 vaccins obligatoires. « Si j’avais un enfant né après l’obligation vaccinale, je ne lui ferais clairement pas faire les 11 vaccins obligatoires », affirme Sonia.
« Certains YouTubeurs expliquent bien les choses »
Pour d’autres, comme Vincent, 36 ans, la distance à l’égard des vaccins s’est toujours imposée : « Dans notre famille, on a toujours évité les vaccins, on nous disait : “Tout le monde est vacciné donc ça ne sert à rien de l’être aussi, il n’y a pas de risque” ». Un accident de travail sur un chantier le conduit chez le médecin, qui lui recommande de se faire vacciner contre le tétanos. Incité par sa compagne et ses proches à reconsidérer la peur de ce vaccin, il découvre alors « des YouTubeurs compétents » comme Defekator, Mr. Sam ou encore La Tronche en biais. Il se fait alors vacciner contre le tétanos sans souffrir d’aucun effet secondaire. Puis il réalise d’autres vaccins, « pour voyager notamment », là encore sans problème.
« Le ministère de la Santé n’informe pas correctement »
Si Vincent a donc changé d’avis sur les vaccins, il reste convaincu que le « ministère de la Santé n’informe pas correctement » sur le sujet : « Dire “Vaccinez-vous, il n’y a pas de danger”, ça suscite forcément la méfiance. Il y a des effets secondaires – certains de mes proches ont eu le bras engourdi pendant plusieurs jours après s’être fait vacciner – et des conflits d’intérêts sont possibles. Donc il ne faut pas juste parler des bénéfices mais aussi des risques, reconnaître cet ensemble et dire : ‘Voilà les chiffres’. »
Séverine abonde : « Ce n’est pas normal d’entendre une ministre de la Santé [Marisol Touraine, en 2015] dire “la vaccination, ça ne se discute pas”. Il faut qu’il y ait un débat scientifique, qui doit pouvoir avancer sans que le ministère n’intervienne. »
Isabelle, une infirmière de 46 ans, reconnaît aussi les limites de la communication gouvernementale : « Le ministère de la Santé a forcément un parti pris : il est en charge de la santé publique donc il incite à la vaccination. » Elle ajoute : « Le fait d’être informée amène à se poser des questions et à en chercher d’autres. J’ai toujours un regard critique et j’essaye de mesurer les enjeux pour moi et pour la population. »
« Evaluer les bénéfices et les risques »
Dans l’immédiat, Isabelle s’interroge sur le Gardasil, le vaccin contre le papillomavirus : « Je suis plutôt défavorable à l’idée de faire ce vaccin à ma fille adolescente mais un médecin m’y encourage. Il y a quand même beaucoup d’accidents signalés à son sujet et les bénéfices me paraissent limités. J’en discute avec ma fille pour savoir ce qu’elle en pense, je lui dis ‘voilà ce que ça apporte, voilà les risques…” Sa décision peut faire pencher la balance. »
« J’ai l’intention de me faire revacciner l’an prochain »
Comme Vincent, Isabelle se passe du vaccin contre la grippe, estimant qu’il ne présente pas assez de bénéfices. Notamment pour avoir vu ses grands-parents le faire tous les ans et se retrouver « cloués au lit une année sur deux ».
Un avis pendant longtemps partagé par Franca, 70 ans, aujourd’hui retraitée après avoir travaillé dans un centre médico-psychologique : « Quand je suis arrivée à l’âge où le vaccin antigrippe est recommandé, je ne l’ai pas fait et mon mari non plus. J’avais commencé à avoir des réticences sur les vaccins après certains cas de sclérose en plaques [qui pourraient être liés au vaccin contre l’hépatite B, mais il n’y a pas à l’heure actuelle de consensus scientifique]. »
« Mais à l’hiver dernier je me suis résolue, et nous nous sommes fait vacciner avec mon mari. Je n’ai eu aucune réaction, ni douleur locale ni œdème. J’ai toujours passé des hivers éprouvants sans vaccin, avec des rhumes et des maux de gorge, mais là je n’ai même pas eu à prendre un seul comprimé d’aspirine donc j’ai l’intention de me faire revacciner l’an prochain », raconte-t-elle.
Un changement emblématique, en matière de vaccination, de l’approche prudente et au cas par cas des témoignages recueillis. « Même si on vaccine nos enfants, on ne le fait pas en toute quiétude. Je pense qu’aucune personne clairement antivaccination à l’origine ne pourrait dire qu’elle ne l’est plus du tout aujourd’hui sans le moindre doute. Cela me paraît impossible », conclut Sonia.
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