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Mémoire: «Le sommeil joue un rôle considérable dans la mémorisation, il trie les informations importantes et… - 20 Minutes

Illustration d'une jeune fille en train de dormir. Notre mémorisation se fait en partie pendant notre sommeil. — Pixabay
  • Pourquoi ne retient-on qu’une infime partie de ce qu’on apprend ? La mémoire n’a pas encore révélé tous ses secrets.
  • Les neurosciences nous renseignent toutefois de plus en plus sur le fonctionnement de notre cerveau, et notamment de l’hippocampe, organe clef pour la mémorisation.
  • Grâce au podcast Sixième Science sur la mémoire et cette interview de Géraldine Rauchs, chercheuse à l’Inserm, on essaie d’en savoir un peu plus.

Pourquoi se souvient-on mieux de vacances il y a 25 ans que de son plat de la veille ? Les neurosciences nous apprennent de plus en plus de choses sur les mystères de notre cerveau et de son développement. A l’occasion du podcast Sixième Science, organisé par 20 Minutes en partenariat avec Sciences et Avenir, on a voulu en savoir un peu plus sur le fonctionnement de la mémoire, et notamment ses liens avec le sommeil. Géraldine Rauchs, chercheuse à l’Inserm et pour la plateforme d’imagerie cérébrale Cycéron , à Caen, a éclairé notre lanterne sur mémoire, sommeil… et maladie d’Alzheimer.

Quelles sont les phases de la mémoire ?

On en distingue trois : l’encodage, c’est-à-dire l’apprentissage des informations pour créer des connexions entre les différents éléments. Puis vient la consolidation : cet apprentissage est stocké dans la mémoire à long terme. Elle intervient pendant l’éveil, mais est optimisée pendant le sommeil. Troisième étape, c’est le rappel, par exemple le contrôle de classe du lendemain pendant lequel il faut ressortir des informations.

Comment le sommeil intervient-il dans notre mémorisation ?

Initialement, on pensait qu’il n’y avait que le sommeil paradoxal, pendant lequel on rêve, qui était important pour la mémorisation. Mais des études ont montré que le sommeil lent profond intervient également dans les apprentissages. On a longtemps opposé le sommeil lent profond, important pour la mémoire épisodique, c’est-à-dire toutes les informations de la journée, et le sommeil paradoxal, qui jouait un rôle pour la mémoire procédurale, quand on apprend à faire du ski ou du violon. Mais en fait, aujourd’hui, on sait que tous les stades du sommeil ont leur importance pour les différents pans de notre mémoire. Si on perturbe l’architecture des cycles de sommeil, on dérange l’apprentissage.

Justement, vous avez mené une étude sur des étudiants privés de sommeil. Que peut-on en conclure ?

On proposait à des étudiants d’apprendre des mots à retenir et à oublier. Certains rentraient chez eux pour la nuit, d’autres étaient privés de sommeil. Le lendemain matin, tous les étudiants revenaient au laboratoire, et on faisait un test de mémoire. Tous ces étudiants avaient des performances équivalentes sur les mots à retenir. Par contre, paradoxalement, ceux qui avaient été privés de sommeil se rappelaient davantage des termes à oublier que les autres. Voilà pourquoi le sommeil joue un rôle considérable dans la mémorisation : il permet de consolider les informations pertinentes, mais aussi d’éliminer celles qui sont inutiles. L’oubli est souvent vu comme un dysfonctionnement de notre cerveau, mais en fait, si on n’oublie pas, on ne peut pas apprendre correctement. 

Peut-on booster notre mémoire la nuit ?

Pour l’instant, ce ne sont que des expériences dans des conditions de laboratoires qui tendent à montrer que des sons, des stimulations électriques ou encore des odeurs réactivent les connexions pendant le sommeil. De là à booster soi-même sa mémoire pendant la nuit, ce qui fait beaucoup fantasmer, on n’y est pas ! Donc écouter l’enregistrement de son cours toute la nuit avant un examen, pour le moment, ça ne marche pas. D’autant que cela va à l’encontre des règles d’hygiène du sommeil. Pendant certains stades de sommeil, notre cerveau travaille, il a donc besoin d’être dans un environnement calme.

Vous axez aussi votre recherche sur la maladie d’Alzheimer, un sujet évidemment lié à la mémoire…

On travaille sur le lien entre durée et qualité de sommeil et les atteintes cérébrales et cognitives. Ce qui est assez nouveau, mais c’est une hypothèse, c’est que le sommeil permettrait un nettoyage du cerveau, qui élimine des déchets métaboliques. C’est une piste très intéressante pour toutes les maladies neurodégénératives, liées à l’accumulation de certaines protéines dans le cerveau. Peut-être qu’un sommeil de mauvaise qualité augmente la production de ces protéines ou empêche le nettoyage. Et du coup accroît le risque de développer la maladie d’Alzheimer.

En quoi cette recherche sur le sommeil et la maladie d’Alzheimer est-elle importante ?

Pour le moment, on n’a pas trouvé de médicament efficace pour lutter contre cette maladie, une fois qu’elle s’est installée. D’où l’importance de mieux la prévenir, surtout dans un contexte de vieillissement de la population. D’autant plus qu’un adulte sur deux se plaint de son sommeil ! On teste deux techniques, imagerie à l’appui, pour voir si la méditation d’un côté, l’apprentissage d’une nouvelle langue de l’autre, permettent d’améliorer la qualité du sommeil, et ainsi de limiter les atteintes du cerveau lié au vieillissement.

Pourquoi les personnes âgées qui perdent la mémoire oublient-elles davantage les événements récents plutôt que les souvenirs de leur enfance ?

Quand vous vivez un événement, le souvenir va être conservé après une longue réorganisation dans votre cerveau. La mémoire de court terme sollicite votre hippocampe, structure clef de la mémoire. Il étiquette les souvenirs mais ne les stocke pas, c’est la table des matières en quelque sorte. Un souvenir va être stocké dans différentes zones du cerveau : une odeur dans le cortex olfactif, une image dans le cortex visuel… Pendant la consolidation de ce souvenir, on va renforcer les connexions entre les différentes aires du cerveau et on n’aura plus forcément besoin de passer par l’hippocampe pour le réactiver. Dans le cas de la maladie d’Alzheimer, l’hippocampe est déficient, on va donc davantage se rappeler de l’enfance que de la visite de la voisine la veille. Un souvenir est mieux encodé quand il y a une émotion forte, positive ou négative. Or, le début de la vie d’adulte, son mariage, la naissance de ses enfants n’a pas la même richesse émotionnelle que le thé de la veille…

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