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CO2, odeurs, gènes… : pourquoi certaines personnes attirent plus les moustiques que d’autres ? - Sud Ouest

C’est LA grande question : pourquoi les moustiques ciblent-ils certaines personnes et pas d’autres ? "De nombreuses recherches ont été menées pour trouver l’écran de fumée parfait qui empêcherait les moustiques de trouver l’être humain", souligne dans la revue scientifique Proceedings of the National Academy of Sciences of the United States of America le chercheur en neurosciences Jeff Riffell. "Mais il y a tellement de facteurs, liés les uns aux autres…" 

Car si la "peau à moustique" n’existe pas à proprement parler et que manger de l’ail (ou n’importe quoi d’autre) repousse peut-être les vampires mais certainement pas les moustiques, diverses études ont tout de même mis en évidence divers facteurs aiguisant l’appétit des moustiques.

La production de CO2

On le sait depuis les années 1950–1960, les moustiques sont en priorité attirés par le dégagement de CO2, lié à la respiration et/ou la transpiration. Ils sont d’ailleurs capables de détecter ces rejets à près de 50 mètres. Les personnes dégageant plus de CO2 que les autres, sont donc celles qui les attirent le plus.

Selon plusieurs études, les femmes enceintes, qui émettent 21% de CO2 de plus, se font par exemple piquer plus fréquemment. Les personnes en surpoids, celles qui viennent de faire du sport ou encore celles qui boivent de l’alcool sont aussi des cibles privilégiées car tous ces facteurs favorisent la hausse du rythme cardiaque et de la chaleur corporelle, provoquant une augmentation du CO2 rejeté. 

Mais une fois ses proies repérées ainsi, le moustique va ensuite affiner sa sélection selon d’autres critères.

Les odeurs corporelles

Deuxième filtre : l’odeur corporelle. Les moustiques sont notamment attirés par celle de la sueur, car elle dégage des substances qui les attirent, comme l’acide lactique. Mais là encore nous ne sommes pas tous égaux, car des facteurs indépendants de notre volonté influent sur notre odeur corporelle et font qu’elle diffère grandement d’un individu à l’autre. Du moins d’un point de vue de moustique. 

Il y a d’abord les gènesLes auteurs d’une étude datant de 2015 ont confronté des jumeaux à des moustiques de type Aedes aegypti. "Et, comme il fallait s’y attendre, les vrais jumeaux ayant en commun la totalité de leurs gènes ont eu de façon constante des scores plus ressemblants que ceux des faux jumeaux mettant ainsi en lumière un composant génétique évident", commentent-ils. "Selon cette comparaison, 67% des différences entre les personnes sont dues à leurs gènes."

Mais ce n’est pas tout. À l’origine de ces effluves propres à chacun, on trouve aussi les bactéries de la peau, car nous ne partageons les uns avec les autres qu’une petite fraction d’espèces microbiennes. Pour le reste, notre empreinte microbienne est spécifique. Et nous ne la choisissons pas. Comme l’explique l’épidémiologiste britannique Tim Spector, "tout comme les moustiques, si certains microbes préfèrent coexister avec nous, d’autres vont s’installer ailleurs". En l’occurrence, une étude datant de 2011 a prouvé que certaines compositions bactériennes sont plus à même d’attirer les moustiques que d’autres. Les chercheurs ont par exemple découvert que l’espèce Anopheles gambiae (que l’on trouve en Afrique) développe une préférence pour les personnes dont la peau porte une quantité importante de bactéries mais de faible diversité. 

Conclusion, si vous attirez les moustiques, c’est en partie à cause de vos gènes et de vos bactéries. Difficile de lutter…

La couleur, la lumière ou la hauteur jouent-elles ?

Selon l’entomologiste médical à l’Université de Floride Jonathan Day, les gens qui portent des couleurs sombres ont plus de chances de se faire piquer que ceux qui revêtent des couleurs claires. Mais dans la mesure où le facteur visuel n’intervient que lorsque le moustique se trouve à moins d’un 1m50 de sa proie, ce critère est plus anecdotique et hasardeux. 

On s’imagine aussi souvent qu’il faut éteindre pour avoir la paix. Mais en réalité,  peu de moustiques sont attirés par la lumière. Seules quelques espèces le sont, parmi les Culex (les plus courants en Nouvelle-Aquitaine, qui piquent le soir et la nuit) et les Anopheles. Mais les moustiques tigres (Aedes albopictus), qui piquent plutôt le jour avec un pic d’agressivité à l’aube et au crépuscule, y sont totalement insensibles. 

Et selon l’Établissement interdépartemental pour la démoustication du littoral atlantique (EID), "en général, les moustiques qui piquent les humains préfèrent voler à des altitudes de moins de 7 mètres". À partir du 3e étage, on est donc en théorie moins exposé. Mais dans les faits, des moustiques tigres asiatiques ont été trouvés dans des arbres à plus de 12 mètres. À Singapour, ils ont été trouvés dans des appartements à 21 étages au-dessus du sol. Et des moustiques ont été observés jusqu’à 2 500 mètres dans l’Himalaya et 600 mètres sous terre dans les mines en Inde…  

De l’eau sucrée pour calmer l’appétit du moustique tigre ?

Enfin, dans une étude publiée en mai dernier dans la revue PLOS Biology, des chercheurs italiens expliquent avoir découvert que les jeunes moustiques tigres femelles (seules les femelles piquent) perdaient leur appétit pour le sang humain lorsqu’elles étaient nourries au sucre. On le doit au fait qu’un repas sucré, de même qu’un repas de sang, fait augmenter chez elles le taux de vitellogénine, cette protéine indispensable aux bébés moustiques en formation. 

Nourrir les moustiques tigres à l’eau sucrée serait donc la solution miracle pour éviter d’être piqué ? Pas vraiment, car cela ne calme l’appétit que des jeunes femelles, pas celui des plus âgées. Et cela ne vaut pas pour toutes les espèces. Donner un repas sucré à un Anopheles gambiae va par exemple diminuer son système immunitaire, le rendant encore plus susceptible de contracter et transmettre le paludisme, qui infecte déjà plus de 200 millions de personnes dans le monde et en tue plus de 400 000 par an. Mais la piste de la vitellogénine reste une piste intéressante à creuser pour les chercheurs. 

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