Un test urinaire développé par des scientifiques anglais simplifie le dépistage du cancer de la prostate. Fini le toucher rectal, les hommes n'auront qu'à envoyer leur première urine du matin par la poste pour analyse. Les scientifiques espèrent que leur kit sera disponible d'ici cinq ans dans les hôpitaux.
Selon l’Institut national du cancer (INCa), le cancer de la prostate est le premier cancer masculin, suivi des cancers colorectaux et du poumon. Plus de 8.000 personnes en sont mortes en 2015, surtout des hommes de plus de 75 ans. Le cancer de la prostate est difficile à diagnostiquer : impossible de distinguer une tumeur qui deviendra agressive d'une tumeur bénigne. De plus, un des moyens de dépistage est particulièrement redouté : le toucher rectal, il s'agit d'introduire un doigt ganté dans le rectum pour palper la prostate.
Des scientifiques anglais, de l'University of East Anglia, ont développé un kit de dépistage simple et moins incommodant, baptisé PUR-test pour « Prostate Urine Risk ». Il s'agit d'un test urinaire à faire à la maison dans lequel on recherchera l'expression de trois gènes spécifiques des cancers de la prostate.
Trois gènes synonymes de cancer de la prostate
« La prostate est un organe sécréteur. Les sécrétions entraînent des cellules et des molécules de la prostate jusqu'à l'urètre qui sont ensuite évacuées par l'urine. Si un cancer est présent, alors des cellules tumorales seront aussi transportées par les sécrétions. Elles seront détectables dans l'urine », indique Jeremy Clark, le chercheur aux commandes de cette étude publiée dans le journal BioTechniques. Pour que le test soit efficace, il faudra impérativement collecter les premières urines matinales.
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Comme la prostate sécrète en permanence, les biomarqueurs dans l'urine seront présents en plus grande quantité le matin. L'expression de trois gènes (c'est-à-dire l'ARN transcrit) sera analysée par PCR : le gène KLK2 qui n'est exprimé que dans la prostate, TMPRSS2 qui est exprimé dans 50 % des cancers de la prostate et enfin, PCA3 qui est surexprimé dans les cancers de la prostate malins.
Les résultats de ces tests urinaires ont été comparés à ceux obtenus après un toucher rectal chez 14 volontaires. « Les échantillons d'urine pris à la maison montrent les biomarqueurs pour le cancer de la prostate bien plus clairement qu'après un toucher rectal », explique Jeremy Clark. Selon lui, les bénéfices iront aussi aux patients puisque la surveillance des cancers de la prostate sera beaucoup moins stressante et nécessitera moins de voyage à l'hôpital.
Un test disponible d’ici cinq ans dans les hôpitaux
Ce test pourrait révolutionner l'approche dans le dépistage du cancer de la prostate. Les hommes n'auraient à se déplacer que dans le cas de résultats positifs. De plus, le PUR-test permet de diagnostiquer un cancer bien plus tôt que les méthodes traditionnelles. « Notre étude préliminaire, publiée plus tôt cette année, a montré que l'urine est utile pour diagnostiquer les cancers de la prostate et prédire s'il deviendra plus gros et plus virulent dans les cinq années à venir », précise Jeremy Clark.
Ainsi, un homme avec un résultat négatif ne sera dépisté que tous les deux ou trois ans. Le PUR-test a reçu le prix du « Movember and Prostate Cancer UK Innovation Award » qui leur ont permis d'avoir des fonds nécessaires aux prochaines étapes du développement du test. La prochaine étude se fera sur plus de 1.500 hommes provenant d'Europe mais aussi d'Amérique du Nord. « Nous espérons que le PUR-test pourra être utilisé dans les hôpitaux d'ici cinq ans », conclut Jeremy Clark. Si cette étude de validation confirme les résultats précédents, le PUR-test pourra remplacer le toucher rectal.
Un test urinaire pourrait suffire à repérer un cancer de la prostate
Article publié le 16 février 2019 par Jean Etienne
La présence d'un acide aminé, la sarcosine, témoignerait de la présence d'une tumeur de la prostate. Cette découverte ouvre l'espoir d'un dépistage facile et rapide, après une simple analyse d'urine. En outre, le rôle de cet acide aminé dans le déclenchement ou l'évolution de la tumeur pourrait mener à de nouvelles voies thérapeutiques.
La détection du cancer de la prostate se fait essentiellement par le dosage du taux sanguin de PSA. Cette protéine est normalement sécrétée par les cellules prostatiques mais son abondance peut être décuplée après l'apparition de cellules cancéreuses. Cependant, cette méthode permet difficilement de déterminer le niveau d'évolution du cancer, ainsi que sa capacité à développer des métastases ou non. De plus, il n'est pas considéré comme totalement fiable car de nombreux facteurs (volume de la prostate, inflammations, infections...) peuvent faire varier le taux sanguin de PSA dans des proportions importantes en l'absence de tumeur.
C'est fortuitement que l'équipe conduite par le professeur en pathologie et urologie Arul Chinnaiyan, de l'université du Michigan, a découvert une autre méthode. Alors qu'ils procédaient à diverses analyses d'échantillons sanguins, ces chercheurs ont constaté que le niveau de la sarcosine, un acide aminé, était de 79% plus élevé chez les personnes souffrant de cancer de la prostate métastasé et de 49% chez les malades à un stade récent, non métastasé. La sarcosine est, en revanche, absente chez les volontaires sains.
Faut-il cibler la sarcosine pour réduire les tumeurs ?
La découverte est d'importance. En effet, le dosage de cet acide aminé peut se faire dans l'urine et permettrait, en une seule analyse, de détecter la présence d'une tumeur et d'en évaluer la gravité. De nombreux patients sont aujourd'hui soumis à une thérapie excessive, inutilement agressive en l'absence de connaissance du niveau précis d'évolution de leur cancer, et les médecins ne peuvent prévoir si celui-ci sera ou non d'évolution lente.
Les recherches menés par Arul Chinnaiyan apportent aussi une meilleure connaissance du déclenchement et de l'évolution de la maladie. L'équipe a en effet constaté en outre, au cours de tests in vitro, que la sarcosine avait la faculté de déclencher le processus tumoral en transformant les cellules de la prostate saines en cellules cancéreuses invasives, prélude aux métastases. Dans le futur, un espoir de guérison en prenant pour cible la sarcosine au moyen d'un traitement novateur n'est pas vain.
On mesurera l'importance de cette découverte, publiée dans la revue Nature, en mentionnant qu'en France, environ 10.000 personnes décèdent des suites du cancer de la prostate, la tumeur la plus fréquente chez les hommes de plus de 50 ans.
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