Donner un traitement pour abaisser le niveau de cholestérol chez des personnes de moins de 45 ans pourrait permettre de réduire le risque de maladies cardiovasculaires et d’AVC plus tard dans leur vie, conclut une étude de grande ampleur publiée ce mercredi dans la revue médicale britannique The Lancet.
The non-HDL cholesterol level in our blood, and its sex and age-specific impact on heart outcomes. Based upon ~400,000 people, 38 cohorts, 5.6 M person-years follow uphttps://t.co/0iyadkjllr @TheLancet
— Eric Topol (@EricTopol) December 4, 2019
by Fabian Brunner, @ChristophWalde3 and network of investigators pic.twitter.com/oXLRDK658X
Ses auteurs, qui ont analysé les données de plus de 400.000 habitants de 19 pays occidentaux sur une longue période (jusqu’à 43 ans pour certains), confirment le lien déjà établi entre un taux trop élevé de cholestérol et un risque cardiovasculaire accru à long terme. Mais ils montrent aussi que cette augmentation du risque est plus forte chez les patients relativement jeunes (moins de 45 ans) que chez ceux de 60 ans.
La durée d’exposition jouerait un rôle important
Ainsi, les femmes de moins de 45 ans avec un niveau de cholestérol « non-HDL » (c’est-à-dire « mauvais ») un peu élevé – entre 1,45 et 1,85 gramme par litre – et présentant au moins deux facteurs de risques de maladies cardiovasculaires (tels que l’obésité, le diabète, l’hypertension ou le tabagisme) avaient une probabilité de 16 % d’accident cardiovasculaire avant l’âge de 75 ans.
Alors que chez les femmes de 60 ans ou plus avec le même profil, le risque n’était que de 12 % selon l’étude. Chez les hommes présentant les mêmes caractéristiques, les probabilités étaient de 29 % et de 21 %.
« Ce qui suggère que ce n’est pas seulement le niveau de cholestérol mais la durée d’exposition à un cholestérol élevé qui met la santé à risque », observe Paul Leeson, professeur de médecine cardiovasculaire à l’Université d’Oxford (Royaume-Uni), dans un commentaire indépendant sur l’étude.
Les bienfaits d’une prise en charge précoce
A l’aide d’une modélisation statistique, les chercheurs montrent ensuite que si l’on diminuait de moitié le taux de mauvais cholestérol, au moyen par exemple de médicaments de la famille des statines, le risque cardiovasculaire des femmes de moins de moins de 45 ans chuterait à 4 % et celui des hommes, à 6 %.
« Ces résultats confortent l’idée que contrôler le niveau de cholestérol plus tôt au cours de la vie pourrait davantage porter ses fruits que si l’on attend d’être plus avancé en âge », commente le Pr Leeson.
Un traitement sans risque ?
Toutefois, avant d’en déduire des recommandations médicales, davantage de recherches doivent être menées, notamment pour mesurer les effets d’un traitement en continu pendant des décennies pour réduire le cholestérol.
Les données actuelles sur les statines « n’ont pas évalué des traitements durant plusieurs décennies, ce qui signifie que le risque d’effets indésirables – qui modifieraient le ratio bénéfice-risque – n’est pas clairement établi », estime aussi Jennifer G. Robinson, professeure au département d’épidémiologie de l’université d’Iowa (Etats-Unis), dans un autre commentaire indépendant sur l’étude.
Plusieurs auteurs de l’étude ont déclaré avoir reçu des financements (bourses de recherche, rémunérations…) de la part de différents laboratoires pharmaceutiques.
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