Ce cancer touche près de 3000 femmes chaque année. Le plus souvent invisible, il peut être soigné s’il est dépisté à temps.
Avec 2920 nouveaux cas en 2018, le cancer du col de l’utérus est le douzième cancer en matière de fréquence chez la femme en France. Depuis 35 ans, son incidence a été divisée par deux. Cette diminution, très forte dans les années 1980, grâce au dépistage des lésions précancéreuses par la réalisation régulière de frottis, marque nettement le pas. Il s’agit du seul cancer dont le pronostic se dégrade dans notre pays, avec un taux de survie à cinq ans passé de 68 % dans les années 1990 à 62 % aujourd’hui. Causes, symptômes, traitements... Le Figaro fait le point sur ce cancer.
1. Quelles causes?
Dans près de 99 % des cas, ce cancer est lié à une infection persistante par le papillomavirus humain ou HPV. Ce virus, très contagieux, se propage par simple contact sexuel. «À la différence des autres infections sexuellement transmissibles, il se transmet dès les premiers attouchements, même sans pénétration», indique le Dr Delphine Hudry, chirurgien gynécologue au centre de lutte contre le cancer Oscar-Lambret (Lille). Le préservatif n’en protège pas, car le virus, très petit, peut passer à travers ses pores.
On estime qu’environ 80 % des hommes et des femmes seront infectés par un papillomavirus au moins une fois dans leur vie. Chez la femme, la majorité des infections au niveau du col guérissent spontanément. Mais dans 10 % des cas, le virus s’installe durablement et provoquera des lésions précancéreuses ou cancéreuses.
Si le papillomavirus est le facteur de risque principal, d’autres cofacteurs importants interviennent également, en particulier le tabagisme. «En induisant une inflammation chronique au niveau du col, en plus de celle liée au virus, le tabac l’empêche de guérir de son infection», précise le Dr Hudry. Des infections du col (chlamydia, virus de l’immunodéficience humaine, gonocoque, virus herpès simplex 2), évitables, elles, grâce à l’utilisation du préservatif sont aussi mises en cause.
La prise prolongée de contraceptifs oraux ou les accouchements multiples (à partir de 6 à 8, selon le Dr Hudry) peuvent jouer un rôle, mais dans une moindre mesure. Quant au nombre élevé de partenaires sexuels, parfois évoqué, «c’est un facteur de risque beaucoup moins important, voire discutable», souligne la gynécologue.
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2. Quelle prévention?
Seule la vaccination contre le HPV permet de prévenir l’apparition de lésions précancéreuses et, donc, à terme, des cancers du col de l’utérus, à condition d’intervenir avant les premiers rapports sexuels. Elle permet aussi d’éviter d’autres cancers liés au HPV, dont certains peuvent toucher les hommes: certains cancers ORL (oto-rhino-laryngologiques), de la verge, de l’anus, de la vulve et du vagin, ainsi que les condylomes (ou verrues génitales), des lésions bénignes liées à l’infection par le papillomavirus.
En France, la vaccination est recommandée chez les jeunes filles de 11 à 14 ans et jusqu’à l’âge de 19 ans en rattrapage ; chez les hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes jusqu’à l’âge de 26 ans ; et chez les personnes immunodéprimées. Son extension à l’ensemble des garçons, en cours de discussion à la Haute Autorité de santé (HAS), est expérimentée depuis fin 2018 dans les régions Grand Est et Auvergne-Rhône-Alpes. Cervarix, Gardasil et Gardasil 9: trois vaccins sont aujourd’hui disponibles, protégeant contre les principales souches du HPV - dont les génotypes 16 et 18, responsables de près de 70 % des cancers du col.
«Malheureusement, la vaccination est sous-utilisée, puisque seulement 15 % des enfants sont vaccinés», regrette le Dr Delphine Hudry. En France, le taux de couverture vaccinale des jeunes filles contre les principales souches du papillomavirus humain est l’un des plus bas d’Europe: moins de 20 % (contre 87 % au Portugal).
3. Quels symptômes?
Dans la majorité des cas, il n’existe pas de symptômes aux stades précoces de la maladie, c’est-à-dire avant l’apparition des lésions cancéreuses. Lorsque ces lésions sont présentes, des saignements (métrorragies) peuvent se produire lors des rapports sexuels, entre les périodes de règles ou après la ménopause. Il peut aussi y avoir des pertes vaginales anormales et/ou persistantes liées à un déséquilibre de la flore vaginale provoqué par le cancer. «En cas de modification des pertes, de saignements ou de tout symptôme gynécologique anormal, il est donc impératif de consulter», souligne le Dr Hudry.
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4. Quel diagnostic?
Les lésions précancéreuses évoluant de façon silencieuse, le dépistage par frottis cervico-utérin, qui consiste à prélever des cellules superficielles au niveau du col avec une petite brosse, reste le meilleur moyen de les détecter. Et ce, que les femmes soient ou non vaccinées, car la vaccination ne protège pas contre la totalité des virus HPV à haut risque oncogène.
En France, la Haute Autorité de santé (HAS) recommande que ce frottis soit effectué tous les trois ans, après 2 frottis annuels normaux, chez toutes les femmes asymptomatiques âgées de 25 à 65 ans. Depuis cette année, le cancer du col de l’utérus fait l’objet d’un dépistage organisé au niveau national, comme le cancer du sein et le cancer colorectal avant lui.
Chaque année, les femmes de 25 à 65 ans qui n’ont pas réalisé de frottis depuis au moins trois ans seront invitées, par courrier, à se rendre chez un médecin généraliste, un gynécologue ou une sage-femme pour effectuer ce test de dépistage pris en charge à 100 % par l’Assurance-maladie.
«Lorsque le col est normal, on réalise un frottis pour dépister une éventuelle anomalie non visible à l’œil nu», explique le Dr Hudry. Si le résultat de ce frottis est anormal, un nouveau frottis - ou une biopsie - est alors recommandé. «Lorsque le col présente des anomalies, une biopsie est effectuée d’emblée», précise la gynécologue.
Seule la biopsie, réalisée grâce à un microscope grossissant appelé «colposcope», permet de déterminer la nature des lésions et de poser un diagnostic. «Lorsqu’elle est anormale, on réalise soit une biopsie chirurgicale, appelée conisation, qui consiste à enlever une partie plus importante du col pour avoir une analyse plus fine, poursuit-elle, soit une imagerie par résonance magnétique (IRM) pelvienne pour déterminer l’étendue des lésions.»
5. Quels traitements?
Les lésions précancéreuses de bas grade sont soit simplement surveillées, car elles peuvent régresser spontanément, soit détruites (par laser ou cryothérapie). «Pour les lésions précancéreuses de haut grade ou lorsque la tumeur mesure moins de 4 cm, le traitement sera uniquement chirurgical», indique le Dr Hudry. Il consistera à retirer une partie du col de l’utérus (conisation) au laser ou à l’anse diathermique (instrument tranchant fonctionnant à l’électricité). Une ablation totale de l’utérus (hystérectomie) est pratiquée si la tumeur mesure plus de 1 cm. «Lorsque la tumeur reste localisée au niveau du col mais qu’elle mesure plus de 4 cm, il faudra faire une radio-chimiothérapie concomitante», poursuit la gynécologue.
La radiothérapie sera externe et couplée à une séance de chimiothérapie toutes les semaines pour aider les rayons à fonctionner. Le traitement se clôturera par une curiethérapie, sorte de radiothérapie interne utilisant un applicateur disposé au niveau du vagin, qui délivre de hautes doses de rayons à l’endroit où était localisée la tumeur. «En cas de métastases, une chimiothérapie seule traitera l’ensemble de l’organisme. Si elle fonctionne bien et que la maladie ne progresse pas, le cancer initial peut parfois être traité avec une radiothérapie externe et une curiethérapie», précise la gynécologue.
6. Quel suivi?
Pour détecter les rechutes, «la surveillance clinique prime», indique le Dr Hudry. Le suivi est le même pour toutes les patientes: un examen clinique tous les quatre mois pendant trois ans, puis tous les six mois jusqu’à cinq ans et enfin tous les ans, à vie.
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