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Coronavirus : quel délai pour un vaccin - Le Parisien

Peut-on espérer trouver rapidement une parade contre le coronavirus apparu en Chine, où il a déjà fait plus de 200 morts? Si pour l'instant, les hôpitaux se disent « prêts » à accueillir des patients infectés, ils ne disposent à l'heure actuelle que des traitements classiques pour prendre en charge les patients qui souffrent de fièvre, de difficultés respiratoires : hydratation, vitamine, antidouleurs, masques à oxygène… A quand un antidote? Un médicament, un vaccin et dans quel délai?

Aussitôt l'alerte lancée par la Chine sur le 2019-nCoV, tous les laboratoires en pointe dans la lutte contre les maladies infectieuses se sont lancés dans la course. Chinois, américains, français, australiens. L' Organisation mondiale de la santé (OMS) « a elle aussi mobilisé tous ses laboratoires, précise Anne Goffard, virologue et chercheuse au CHU de Lille (Nord), c'est clair, tout le monde en ce moment met le paquet ».

Et déjà les annonces à grand renfort de trompettes tombent : « Les premiers vaccins expérimentaux pourraient être testés sur l'homme dans trois mois », a laissé entendre, il y a quelques jours, le Dr Anthony Fauci, une sommité de l'Institut national de la santé (NIH), l'une des grandes agences de recherche américaines.

« A ce stade, nous n'avons rien dans nos éprouvettes »

Possible ? Anne Goffard écarquille les yeux : « Si vraiment ils y arrivent, chapeau ! Voici deux ans que des essais vaccinaux sur le MERS-CoV sont menés, et ça ne marche toujours pas. Ce virus qui appartient, lui aussi de la famille des coronavirus, sévit pourtant depuis déjà cinq ans », relève-t-elle, dubitative.

A l'Institut Pasteur, on est aussi sur le pont. Mais, prévient d'entrée de jeu Christophe d'Enfert, son directeur scientifique, « Soyons très clair, à ce stade, nous n'avons rien dans nos éprouvettes. Nous n'avons même pas encore isolé le virus, la mise en culture vient juste de démarrer. On ne peut donc pas espérer disposer d'un prototype de vaccin, prêt à être testé, avant six à huit mois ».

C'est qu'un vaccin, conçu à partir d'un « virus atténué », la grande spécialité de l'Institut Pasteur, ça ne s'invente pas d'un claquement de doigts. « C'est long, complexe, car une fois la formule vaccinale mise au point, il faut ensuite la tester, d'abord pour s'assurer qu'elle n'est pas toxique pour l'organisme, ensuite qu'elle est suffisamment efficace auprès de tous. Pour le virus Ebola, par exemple, cette phase-là d'essais cliniques a pris un an », note-t-il.

Plusieurs pistes à l'étude

Bref, dans le cas du coronavirus, il est tout à fait illusoire d'espérer, en France, en tout cas, les premiers essais sur l'homme avant « la fin de l'été », résume-t-il. Et si tout roule, personne ne pourra bénéficier d'une injection « avant minium un an et demi » prévient-il. Pour trouver la formule miracle, les chercheurs de Pasteur ont leur plan : « On va travailler sur un dérivé du vaccin de la rougeole, explique Christophe d'Enfert. L'idée est de le modifier génétiquement afin qu'il exprime un antigène correspondant au coronavirus. On a déjà utilisé cette stratégie, avec succès pour le chikungunya, cette infection transmise par les moustiques et cela fonctionne » précise le chercheur.

Coronavirus : quel délai pour un vaccin ?

Autre piste étudiée par l'Institut Pasteur, un traitement médicamenteux à base d'anticorps, comme on le fait désormais dans le traitement de cancers du sein. Dans ce cas, on procéderait à des injections qui viendraient « tuer » directement les cellules infectées par le coronavirus. Mais, cette voie-là, médicamenteuse donc, François Bricaire, l'ancien chef du service maladies infectieuses et tropicales de l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris, n'y croit pas : « Pour les coronavirus, on part de trop loin, on ne dispose d'aucun élément solide sur le plan scientifique pour savoir si une molécule pourrait les contrer ou pas ».

Retour donc à la piste vaccinale, avec un gros hic : le vaccin, s'il y a, risque d'arriver après la fin de l'épidémie, comme cela avait été le cas lors de celle du Sras.

Jeudi, l'OMS a décrété que l'épidémie constitue « une urgence de santé publique de portée internationale ». Cela pourrait ouvrir la voie à une accélération des procédures. « Après des tests accélérés sur les animaux, on pourrait en faire sur des gens sains, là aussi pour voir leur réaction immunitaire, avant de l'utiliser sur une population à risque, notamment les personnels hospitaliers les exposés au risque de contagion », évoque le médecin virologue Jean-Paul Gonzalez, professeur associé au sein du département d'immunologie et de microbiologie de l'université de Georgetown à Washington. Cet usage « compassionnel », l'OMS l'a déjà autorisé dans le cas d'Ebola.

VIDÉO. Coronavirus en France: symptômes et prévention

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