Le chiffre est maintenant bien connu. La grippe saisonnière tuerait en moyenne10 000 personnes par an en France. Elle infecterait entre 2 millions et 6 millions de personnes. Au niveau mondial, le nombre de morts annuels est estimé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) entre 290 000 et 650 000. Mais faut-il pour autant, comme de nombreux Français, sous-estimer le Covid-19, responsable de la mort de 2 718 personnes au 25 février selon l’OMS ?
La question de la létalité
« Les modèles épidémiologiques estiment que le taux du Covid-19 de létalité est d’environ 1 %, voire moins », assure le docteur Sybille Bernard-Stoecklin, experte à Santé Publique France au Parisien. Ce taux permet de faire le rapport entre le nombre de personnes décédées et celui des cas détectés. « Pour la grippe saisonnière, on estime que le taux de létalité est inférieur à 0,5 % », complète Sybille Bernard-Stoecklin.
Mais le taux de létalité Covid-19 reste encore très incertain. Une étude, reprise par Le Monde dans son édition du 27 février, évoque un taux de létalité de 3,3 %. Des différences qui peuvent s’expliquer par les territoires où frappent le nouveau coronavirus : ce taux est élevé en Italie et dans la province de Hubei en Chine, faible au Japon et en Corée du Sud. De plus le taux varie évidemment selon la tranche d’âge observée. En Chine, il est, par exemple, de plus de 14,8 % pour les plus de 80 ans et de 0,2 pour les 20-29 ans.
En l’espèce, en début d’épidémie, prévoir ce taux pour la France, même à la machine à café, reste un pari aussi incertain que prévoir la météo à plus de quatre jours.
La question de la contagion
« Les études montrent qu’une personne qui a le coronavirus en contamine entre 2 et 3, voire plus de 3 », continue Sybille Bernard-Stoecklin. Pour la grippe saisonnière, la chercheuse évalue ce chiffre moyen à 1,3 autre personne. Mais comme le taux de létalité, en l’état des connaissances, il faut admettre des marges et des différences selon les régions. Elles se situent entre 1,5 et 3,5 selon les cas, toujours supérieures aux estimations de la grippe saisonnière.
Difficile donc d’écarter les risques d’évolution du Covid-19 au prétexte que « la grippe fait 10 000 morts et personne n’en parle », comme on peut l’entendre parfois. Sur le papier, ce virus est plus dangereux qu’une grippe et surtout il vient s’y ajouter. Un graphique réalisé par Nice-Matin permet d’ailleurs de comparer ces indices avec ceux d’autres maladies.
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