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Alerte contre l'utilisation de l'hydroxychloroquine en automédication - Le Monde

Une boîte de Plaquénil, tenue par un pharmacien à Rennes (Ille-et-Vilaine), le 23 mars.
Une boîte de Plaquénil, tenue par un pharmacien à Rennes (Ille-et-Vilaine), le 23 mars. DAMIEN MEYER / AFP

L’agence régionale de santé (ARS) de Nouvelle-Aquitaine a émis, dimanche 29 mars, une « alerte danger » concernant des cas de toxicité cardiaque signalés à la suite de prises en automédication de Plaquénil (nom commercial de l’hydroxychloroquine) chez des patients craignant d’être infectés par le nouveau coronavirus. Ces cas ont « parfois nécessité une hospitalisation en réanimation », indique l’ARS, qui souligne que l’hydroxychloroquine « ne doit en aucun cas être prise en automédication ».

L’emploi de l’hydroxychloroquine et de l’azithromycine, « en particulier en association, fait courir des risques d’effets indésirables graves, en particulier cardiaque », souligne dans un communiqué, la Société française de pharmacologie et de thérapeutique. Plusieurs cas viennent d’être rapportés aux centres régionaux de pharmacovigilance. Des suspicions de décès liés à ces automédications sont à l’étude. L’Agence nationale de sécurité du médicament devait se réunir à ce sujet lundi 30 mars.

Le Plaquénil est disponible sur prescription médicale obligatoire uniquement, dans des indications comme le lupus, de polyarthrite rhumatoïde ou encore, à titre préventif, pour les allergies au soleil (lucite). Mais son utilisation face au Covid-19, préconisée notamment par l’équipe de Didier Raoult (Institut hospitalo-universitaire Méditerranée infections, Marseille), a semble-t-il conduit certains à se l’administrer en dehors d’un cadre médical contrôlé dans un établissement de santé, tel que préconisé par un décret récent. Or « cette molécule n’est pas anodine car elle peut provoquer des troubles du rythme cardiaque graves pouvant être fatals, précise l’ARS. La prescription de cette molécule est systématiquement accompagnée d’une surveillance médicale (notamment par monitoring cardiaque) permettant d’adapter son dosage et de limiter ainsi les risques. »

L’hydroxychloroquine fait partie d’un vaste éventail de traitements actuellement à l’essai dans le monde pour contrecarrer l’épidémie de Covid-19. Le professeur Raoult estime qu’en association avec un antibiotique, l’azythromycine, il pourrait réduire rapidement la charge virale des patients et permettre ainsi d’éviter l’évolution vers des cas plus graves. Mais un premier essai clinique conduit par son équipe sur un petit échantillon de porteurs du coronavirus n’a pas convaincu la communauté scientifique, pour des raisons méthodologiques.

Pas de groupe de contrôle

Le professeur Didier Raoult a mis en ligne, vendredi 27 mars, une nouvelle étude qui selon lui, confirme « l’efficacité » de ce traitement contre le SARS-CoV-2. Une affirmation à nouveau aussitôt contestée par de nombreux scientifiques. Leur principal reproche : l’étude ne comprend pas de groupe contrôle (c’est-à-dire des patients à qui l’on n’administre pas le traitement étudié) et il est donc impossible d’établir une comparaison pour déterminer si c’est bien le traitement qui est à l’origine de l’amélioration.

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