
Loubna Chlaikhy est journaliste à "La Dépêche du Midi", à la rédaction de Haute-Garonne. Elle a appris lundi qu'elle était malade. Confinée, elle raconte chaque jour dans un carnet de bord l'évolution de son état de santé.
38.5°C. Lundi, le verdict d'un thermomètre surmonté d'une tête de poussin est sans appel, la fièvre est là... Bon jusque-là pas de panique, j'ai des bouffées de chaleur, la gorge qui gratte, mais rien de bien méchant. La secrétaire de mon généraliste me donne un rendez-vous ce mardi à 10h15 : « Pour ceux qui ont de la fièvre ou qui toussent , c'est uniquement le matin », m'explique-t-elle. Ainsi soit-il...
"Nous sommes en stade 3, il n'y a plus de dépistage"
Le lendemain le réveil est difficile, je n'ai pas bien dormi, la fièvre est montée dans la nuit et je commence à tousser. L'arrivée chez le médecin me sort du brouillard. « Entrez et mettez un masque », m'indique mon médecin traitant. Elle porte elle-même des gants et un masque à bec d'oiseau. Après une longue liste de questions sur mes symptômes, et les personnes avec lesquelles j'ai été en contact, place à l'auscultation: prise de tension, visualisation de la gorge, écoute des poumons, température, les gestes sont précis. « Bon, votre cas est suspect. Nous sommes en stade 3 donc il n'y a plus de dépistage, vous allez devoir rester confinée dans une pièce dédiée, chez vous pendant 14 jours. Lorsque vous devez manger, on vous dépose le plateau devant la porte de la chambre, si vous devez aller aux toilettes vous vous assurez que vous ne croiserez pas vos proches dans le couloir », détaille-t-elle tout en remplissant un arrêt de travail. « Vous avez des questions ? » , conclut-elle. Oui j'en ai plein... Pourquoi rester dans ma chambre alors que j'ai certainement déjà contaminé mes proches ? Que doivent-ils faire de leur côté ? J'ai 27 ans, je suis en bonne santé, je ne suis pas inquiète pour moi, mais je vis avec une personne à risque... « Vous ne leur avez peut-être pas encore transmis donc restez enfermée, et dites-leur de prendre leur température régulièrement, nous, on se revoit dans une semaine », m'assure-t-elle. Je repars avec une ordonnance de paracétamol pour faire baisser la fièvre, et l'appréhension de passer autant de temps seule dans une chambre : le confinement dans le confinement.
"Mon premier plateau-repas est déposé devant la porte de ma chambre"
À peine arrivée dans la rue, je reçois un appel de ma mère : « Alors ? » Je tente de présenter la chose du mieux possible mais je sens à sa voix qu'elle panique. « Viens chez moi, je m'occuperai de toi », me dit son instinct maternel. De longues minutes sont nécessaires pour lui expliquer qu'il ne faut pas que je contamine un nouveau foyer. Elle raccroche au bord des larmes. Hasard du destin, je croise ensuite mon père qui traverse la rue. Après la réaction de ma mère je ne voulais pas lui dire, tant pis. Il tente de cacher son inquiétude mais n'y parviens pas, je ne veux pas l'approcher, lui aussi est à risque, je pars.
Me voilà finalement rentrée pour le déjeuner, derrière mon masque j'explique la situation et file dans ma chambre. Une heure plus tard, mon premier plateau-repas est déposé devant la porte. Lorsque je l'ouvre, je vois au bout du couloir qu'on me regarde... premier fou rire ! Reste 13 jours...
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