Question posée par lewy le 13/03/2020
Bonjour,
La pandémie de Covid-19, provoquée par le virus Sars-Cov-2, a débuté à Wuhan (province chinoise du Hubei) en décembre. Le nombre de personnes atteintes dans ce pays – 81 130 cas officiellement recensés – commence à se stabiliser, laissant entrevoir un reflux de l’épidémie dans cette région du monde.
En Europe, en revanche, le Sars-Cov-2 connaît une progression fulgurante, avec 31 500 cas cumulés mardi en Italie, pays le plus touché du continent, devant l’Espagne (11 178 cas) et la France (6 633 cas).
Les mesures visant à limiter les contacts sociaux s’y mettent progressivement en place, notamment dans le sud de l’Europe, avec un confinement de la population en Italie, puis en Espagne, et désormais en France depuis lundi, qui oblige les gens à rester chez eux, sauf pour aller travailler ou se ravitailler.
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Confinement et mesures barrières
Le confinement, barrière efficace pour arrêter le virus ? En Chine, où l’épidémie semble donc décliner, la mesure, poussée à l’extrême, a conduit à mettre en quarantaine quelque 40 millions d’habitants du Hubei – avant de s’étendre avec plus ou moins de rigueur à l’ensemble du pays –, à interdire les rassemblements et à isoler les malades.
Selon une étude de l’université de Southampton, en Angleterre, publiée sur Medrxiv et évoquée par le site Futura Sciences, ces mesures auraient permis de diminuer de 66% les cas d’infections dans le pays. Elles auraient même été encore plus efficaces si elles avaient été prises plus tôt, selon les chercheurs.
«Les premières mesures en Chine ont été prises le 23 janvier, deux jours avant le Nouvel An chinois, à Wuhan. Soit à peu près un mois après le début de l’épidémie. Si elles avaient été mises en place une semaine avant cette date, le nombre de cas aurait pu être réduit de 86%, selon la simulation. Une action encore plus précoce, trois semaines avant le 23 janvier, aurait permis de diminuer le nombre de cas de 95%», rapporte un article de Futura Sciences.
Parmi les différentes mesures barrières mises en place, les chercheurs estiment que les plus performantes ont été l’isolement des malades et des cas contacts, le dépistage, la limitation des rapports sociaux, et la prohibition des rassemblements. Les interdictions de voyages auraient eu, pour leur part, des effets moins importants.
Sur France Inter mardi matin, le ministre de la Santé, Olivier Véran, a estimé que les mesures barrières en France pourraient commencer à produire leurs effets sur l’épidémie d’ici quinze jours.
Problème : si ces dispositifs, particulièrement efficaces en Chine, car imposés par un régime autoritaire, ont pour l’heure fait leurs preuves, rien n’indique qu’ils soient efficaces dans la durée. Car si les mesures barrières ont tenu à distance du virus une immense majorité de la population chinoise, cette dernière, non exposée au Sars-Cov-2, n’a pas développé d’immunité. Résultat : si la virulence du Sars-Cov-2 semble s’être atténuée dans ce pays, il pourrait, une fois les mesures levées, y réapparaître dès cet été – si le virus n’est pas sensible à la chaleur – ou l’hiver prochain.
Immunité collective
D’autres pays optent pour la stratégie inverse, en laissant la population être exposée au virus, afin de générer une immunité collective. Même si le Premier ministre Boris Johnson s’en défend, c’est ce qui paraît ressortir de la stratégie, un peu brouillonne pour l’instant, du Royaume-Uni.
«A l’opposé de l’immense majorité des pays, le gouvernement britannique a décidé de ne pas instaurer de mesures drastiques de confinement. Pas de fermetures d’écoles ou d’universités, d’interdictions de rassemblements de masse (sauf en Ecosse)», écrivait Libération vendredi.
«Rien n’est fermé, ni les pubs ni les écoles, et les concerts comme ce week-end à Cardiff, où 6 000 personnes se sont collé les unes aux autres, sont maintenus, nous confirmait lundi notre correspondante à Londres, Sonia Delesalle-Stolper. Même s’il y a un cas de contamination dans une école, elle reste ouverte, et on demande à l’élève de rester chez lui sept jours, même pas quatorze jours, soit la durée maximale d’incubation.»
«Si vous supprimez très fortement quelque chose, quand vous relâchez ces mesures, le risque est de subir un rebond, au mauvais moment», a expliqué Patrick Vallance, conseiller scientifique du gouvernement britannique, pour justifier cette stratégie. Selon lui, il faudrait que 60% de la population britannique soit exposée au virus pour développer une telle immunité collective.
Sous le feu des critiques, Boris Johnson s’est résolu, lundi en fin de journée, à demander aux Britanniques de mettre fin aux contacts sociaux et aux déplacements non essentiels. Une «forte recommandation», mais toujours pas d’interdictions ou de fermetures de lieux publics, jugées «pas nécessaires».
Inconvénient de la stratégie du "laisser-faire": le risque de saturation des infrastructures de santé – déjà sous pression en temps normal outre-Manche – conduisant à une surmortalité dans le pays. Selon une étude de l’Imperial College de Londres portant sur les Etats-Unis et le Royame-Uni, et dont Le Monde s’est fait l’écho mardi, cette option, visant à seulement atténuer les effets de l’épidémie, «n’empêcherait pas une augmentation des cas qui excéderait jusqu’à huit fois les capacités en lits d’hôpitaux et de ranimation, dans le scénario le plus optimiste».
A la place, les chercheurs proposent d’imposer des mesures d’endiguement plus strictes du virus, régulièrement allégées, puis réinstaurées dès que les capacités de prise en charge des hôpitaux sont débordées. Et ce, jusqu’à la découverte d’un hypothétique vaccin.
Reste que le principe de l’immunité collective, encouragée ou subie, constitue une voie d’extinction du virus. «Plus élevé est le nombre de personnes qui auront été touchées par le virus, et qui auront donc développé une forme d’immunité plus ou moins durable, moins la circulation ultérieure du virus sera possible après la phase épidémique, explique à CheckNews Gilles Brücker, membre de la direction internationale de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP). La grande vulnérabilité aux épidémies, ce sont les populations "neuves", celles qui n’ont jamais vu ce virus. C’est tout le danger des nouveaux virus où tout le monde est réceptif.»
Sur France Info dimanche, le ministre de l’Education, Jean-Michel Blanquer, l’a lui même évoqué : «On considère, et là je ne fais que répéter ce que disent les scientifiques, que 50 à 70% de la population finissent par être contaminés par le virus, et c’est d’ailleurs ça qui met fin au virus puisque ça crée une forme d’immunité majoritaire, et donc le virus s’éteint de lui-même.»
Chaleur et sécheresse
Troisième façon potentielle pour le Sars-Cov-2 de disparaître, au moins provisoirement : le climat. «Il est un encore un peu tôt pour être affirmatif, mais on ne constate pas, pour l’instant, d’explosion épidémique du virus dans les pays où c’est actuellement l’été. Et notamment dans les pays chauds, comme l’Asie du sud-est ou l’Afrique subsaharienne, avance Pierre-Marie Girard, directeur international des instituts Pasteur dans le monde. Cela signifie peut-être qu’il y a un facteur saisonnier important et que le virus peut suivre les saisons, c’est en tout cas quelque chose qu’il faudra surveiller.»
Selon la carte de l’organisation mondiale de la santé (OMS), régulièrement mise à jour, le Sars-Cov-2 semble en effet, en date de ce mardi, essentiellement présent dans l’hémisphère nord, où l’hiver s’achève.
Si le phénomène de saisonnalité se confirme, cela ne signifie pas pour autant que le virus va disparaître : «Ce qui disparaît et apparaît, c’est l’épidémie», ajoute Pierre-Marie Girard. Mais le virus est toujours là, et l’épidémie peut ressurgir une fois la chaleur et le temps sec disparus. Entre-temps, l’épidémie devrait s’être déplacée dans l’hémisphère sud, où l’hiver va débuter. Avec le risque également de provoquer une mutation du virus, qui reviendrait plus virulent encore sous nos latitudes.
Le vaccin
Dernière clef pour éteindre l’épidémie : le vaccin. Mais si de nombreuses équipes dans le monde se sont déjà lancées dans cette voie, elle devrait prendre entre un an et deux ans.
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