A force d'observer les malades, et d'échanger entre eux des informations, les médecins ont pu affiner leur connaissance des symptômes du Covid-19. Même s'ils admettent encore être loin de tout savoir. Le point sur ce que l'on sait aujourd'hui.
De la toux et de la fièvre… comme une rhinite
Comme les banales rhinites, le coronavirus qui circule actuellement provoque « de la toux sèche, de la fièvre, comprise entre 38°et 40°, et des maux de tête. On peut avoir l'un ou l'autre de ces symptômes, ou les trois » précise le docteur Serge Smadja, président de SOS Médecins. Ce virus peut aussi provoquer des maux de ventre et des diarrhées, comme de « banales » pathologies de l'hiver.
Une perte de goût et de l'odorat dans huit cas sur dix
Une nouvelle étude rendue publique ce mercredi 1er avril permet d'en savoir plus sur la perte de goût et de l'odorat, une des signatures désormais connues du virus. Un groupe de spécialistes ORL de la Fédération internationale des sociétés d'ORL (Ifos) a mené une vaste enquête auprès de 417 patients infectés par le Covid-19, coordonnée par le Dr Jérôme Lechien du service ORL de l'hôpital Foch de Suresnes (Hauts-de-Seine) et par le Pr Sven Saussez, ORL et chercheur à l'université de Mons (Belgique) avec 33 médecins ORL et chercheurs dans 12 hôpitaux européens. Parmi les malades, on compte 263 femmes (63 %) et 154 hommes (37 %). Les résultats montrent que 86 % des patients infectés présentent des troubles partiels ou complets de l'odorat et 88 % des troubles partiels ou complets du goût. Ils surviennent soit avant l'apparition des symptômes (généraux et ORL) (dans 12 % des cas), soit pendant (65 % des cas) ou soit après (23 % des cas). « De manière surprenante, les femmes sont nettement plus atteintes par ces symptômes et cette différence liée au sexe est significative sur le plan statistique » précise l'étude.
Bonne nouvelle toutefois, 44 % des patients ont déjà récupéré leur odorat dans un délai court de 15 jours. Les autres patients doivent garder un bon espoir de récupération qui pourrait se faire dans les 12 mois suivant l'apparition des symptômes (la récupération nerveuse est un processus lent). Les chercheurs proposent que les patients atteints de perte d'odorat et de goût soient considérés comme potentiellement infectés par le Covid-19 et donc isolés pour une période minimale de 7 jours (à discuter avec le médecin traitant). Ils rappellent aussi que les traitements habituellement donnés pour traiter la perte de l'odorat, à savoir les corticoïdes oraux ou nasaux (spray) sont contre-indiqués dans le cadre de ces anosmies en relation avec l'infection à Covid-19.
Une « grande fatigue », des allergies cutanées… la réponse du système immunitaire
Les professionnels de santé expliquent aussi que certains des symptômes ne sont pas dus au virus lui-même, mais à la réaction de notre propre système immunitaire face à l'agression, une réaction très variable d'un individu à l'autre. « C'est le cas de la grande fatigue, épuisante, qui est clairement une réponse de notre système immunitaire », précise le Pr Jean-Daniel Lelièvre, chef du service d'infectiologie à l'hôpital Mondor de Créteil (Val-de-Marne). La « douleur musculaire » participe du même phénomène. Pour la même raison, certains patients, mais de façon relativement rare, développent des réactions allergiques sur la peau, avec apparition de plaques et de rougeur.
Attention en cas d'allergies aux pollens
C'est aussi pour cette raison qu'avec la progression des pollens de graminées, en cette période de printemps ensoleillé, les personnes allergiques doivent être particulièrement prudentes, face au risque du Covid-19, car leur système immunitaire est particulièrement sollicité. « Elles doivent continuer à prendre leur traitement antihistaminique. En cas d'asthme, il ne faut pas hésiter à consulter si les symptômes s'aggravent », ajoute le Dr Serge Smadja.
La difficulté respiratoire, à prendre en charge très vite
Certains symptômes du Covid-10 doivent alerter, sans délai. La « difficulté respiratoire » en est un, de même que la « douleur thoracique », qui peut être un précurseur de l'accident cardiaque. « Quand la réponse immunitaire de notre organisme face au SARS-CoV-2 est très importante, nos poumons peuvent être gênés pour respirer et n'arrivent plus à être efficaces » précise le Pr Lelièvre. « Les patients ont alors la sensation d'avoir le souffle court, et d'avoir beaucoup de mal à bien respirer ». Dans ce cas-là, le patient doit très rapidement appeler son médecin, ou le 15, pour être secouru, éventuellement avec un apport supplémentaire en oxygène. Cela peut se faire à l'hôpital, en clinique, ou même, dans certains cas, à domicile. « Le médecin va mesurer sa fréquence cardiaque et sa fréquence respiratoire, et décider de la réponse à mettre en place », ajoute le Dr Smadja.
Ce qui se passe dans les formes graves
Lorsque des formes graves de Covid-19 se déclarent, le patient doit être aidé par des machines pour respirer, dans des services, ou pour les cas plus complexes en réanimation. « Il faut éviter l'embolie pulmonaire. C'est ce qui se produit lorsque l'artère pulmonaire se bouche, et cela entraîne un arrêt cardio-respiratoire », explique le Dr Smadja. « Une autre issue fatale est la myocardite. Cela se produit lorsque le SARS-CoV-2 infecte le muscle cardiaque. ».
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La plupart des malades guérissent
Même si le SARS-CoV-2 est très dangereux, il faut garder en tête que la plupart du temps les malades guérissent. « Sur l'ensemble des gens qui sont infectés par le Covid-19, seuls 20 % vont aller à l'hôpital. Les autres vont guérir tous seuls. Et sur la population qui va aller à l'hôpital, un tiers seulement ira en réanimation. Et on estime qu'une personne sur deux va sortir de réanimation », rappelle le Pr Lelièvre. Les médecins estiment toujours que 90 % des personnes guériront. « Mais la difficulté du Covid-19 est qu'il infecte très vite beaucoup de monde, car avant de l'avoir croisé, personne n'est immun face à lui », ajoute le Pr Lelièvre. Et comme il n'existe pas, pour le moment, de médicaments efficaces, les équipes doivent s'en remettre à des machines pour remettre en marche l'organisme lorsqu'il est trop agressé.
Une maladie qui dure d'une à trois semaines
Selon les spécialistes, la durée de la maladie est « d'au minimum une semaine, c'est certain. Cela dure le plus souvent quinze jours, et dans certains cas jusqu'à 21 jours », précise le Dr Smadja. Au cours de cette période, les médecins ont souvent noté une aggravation « entre le 6e et le 9e jour ». Mais avant que les symptômes ne se déclarent, les médecins estiment que l'on est contagieux au cours des quinze jours précédents.
Quand rester chez soi, quand appeler le médecin en urgence ?
« Si on a un doute sur des symptômes du Covid-19, il faut appeler le médecin », explique le Dr Smadja. Après consultation, ou téléconsultation, celui-ci doit prendre sa décision. « En général, si les gens n'ont pas d'autres pathologies ou risques particuliers, et qu'ils ne présentent que de la toux, de la fièvre et des maux de tête, on leur dit de rester chez eux, et de se confiner. » Concrètement, cela veut dire s'isoler autant que possible dans une pièce, respecter les gestes barrière, et porter un masque pour ne pas contaminer son entourage, pendant deux semaines minimum, voire trois. En revanche, si le patient a l'impression que son état s'aggrave, et, en particulier, s'il a des difficultés à respirer, il doit alors prendre contact avec son médecin, ou appeler le 15. Celui-ci le prendra alors en charge pour trouver une situation adaptée.
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