
L'information aurait pu rester noyée dans les publications scientifiques. Mais en pleine épidémie de coronavirus, la découverte par des chercheurs chinois d'une nouvelle souche de grippe porcine en Chine prend un tout autre tour. Susceptible de créer, selon eux, une « pandémie », ce virus montre une haute adaptabilité « pour infecter les humains ». Faut-il s'en inquiéter? Les spécialistes restent prudents.
La grippe porcine a marqué les esprits en 2009. Le virus avait notamment tué plusieurs centaines de personnes au Mexique, et 30 000 cas avaient été identifiés dans plus de 70 pays. Devant l'ampleur de l'épidémie, l'OMS avait qualifié la situation de « pandémie » le 11 juin 2009. Et c'est bien la même souche, qui descend génétiquement de celle du H1N1, que les scientifiques ont encore identifié en Chine.
« Ce n'est pas la première fois »
Suit-on le même chemin, plus de dix ans après ? « Il faut rappeler qu'en 2009 il s'agissait d'une grippe qui réunissait plusieurs origines, pas seulement porcine », tempère Jeanne Brugère Picoux, professeure honoraire de l'École nationale vétérinaire d'Alfort.
Selon la définition de l'Organisation mondiale de la santé animale (OIE), la grippe porcine est « une infection virale hautement contagieuse du porc. La maladie se propage généralement très rapidement dans les élevages sans que pour autant tous les porcs infectés montrent des signes cliniques d'infection. Les porcs infectés se rétablissent ensuite rapidement ». Selon les spécialistes, la maladie est courante. « Il y a en tout le temps », confirme au Parisien Vincent Enouf, directeur adjoint du Centre National de référence de la grippe à l'Institut Pasteur. « Il n'y a pas de lieu de s'inquiéter. Ce n'est pas la première fois qu'on annonce une épidémie par les porcs. C'est logique car le porc est l'homme sont sensibles aux mêmes virus », reprend Jeanne Brugère Picoux.
Pas de transmissions inter-humaines
La plupart des virus de la grippe porcine ne sont néanmoins pas pathogènes pour l'homme, selon l'Organisation mondiale de la Santé (OMS). « Toutefois, certains pays ont signalé des cas d'infection humaine par ces virus. La plupart ont été bénins et les virus ne se sont pas transmis ultérieurement à d'autres personnes », précise-t-elle. C'est par exemple le cas en Chine. En effet, si les chercheurs américains ont trouvé chez les ouvriers et personnes travaillant avec les porcs une proportion élevée de personnes infectées : 10,4 %, rien ne prouve que le virus peut être transmis d'humain à humain.
« Il n'y a pas de preuve de transmission inter-humaine. Ça souligne l'intérêt de surveiller ces élevages, dans lesquels le virus à l'air de plus circuler. Et d'être vigilant dans ces régions si la grippe circule. Mais il manque ce point dans l'article », souligne Vincent Maréchal, virologue. « Le porc peut héberger des virus chimères, provenant d'autres souches de grippe. Ces nouveaux virus peuvent poser problème car ils peuvent être alors adaptés à l'homme et être prépandémiques. C'est donc tout à fait normal qu'il y ait cette surveillance. Cela tient à également à l'histoire des pandémies grippales qui partent souvent de Chine », souligne le professeur.
« Après le coronavirus, c'est logique que les chinois disent surveiller leurs élevages porcins, car c'est bien un zoonose qu'il s'est passé pour le Covid, une transmission de l'animal à l'homme. Et surtout quand on sait que 75% des nouveaux virus émergents sont issus de virus grippaux zoonotiques. Mais pour l'instant ces chercheurs ont mené un travail d'épidémiologiste qui n'a pas montré son installation chez l'homme », avance Jeanne Brugère Picoux.
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