Aucun vaccin contre le Covid-19 ne devrait être commercialisé d'ici 2021 mais déjà certains Etats se prononcent déjà sur une éventuelle obligation vaccinale. En France, une telle décision pourrait-elle être prise ?
Le Premier ministre australien Scott Morrison s'est montré catégorique, mercredi 19 août, en affirmant que se faire vacciner devrait "être obligatoire, dans la mesure de ce qui peut être obligatoire". Une prise de position tranchée, prenant de cours les mouvements anti-vaccin s'opposant à ce genre de disposition.
En France, le Conseil scientifique, dans sa stratégie de vaccination publiée le 9 juillet dernier, a complètement balayé cette éventualité : "Une vaccination obligatoire n’est ni souhaitable ni envisageable" détaille le rapport. Pourquoi une telle affirmation ? Principalement parce qu'elle susciterait un possible rejet de la part d'une part importante de la population.
Les Français sont "frileux"
En 2017, l'extension de l'obligation vaccinale chez le nourrisson, portée par la ministre de la Santé de l'époque Agnès Buzyn, avait nourri un débat très animé, avant d'être finalement adoptée le 1er janvier 2018. Le nombre de vaccins obligatoires était alors passé de 3 à 11. Deux ans plus tard, comme l'expose le rapport du ministère de la Santé sur la question publié fin juin, la couverture vaccinale est meilleure mais l'adhésion des Français au vaccin n'a pas beaucoup évolué. Concernant le coronavirus en particulier, d'après un sondage réalisé par Ifop fin mars, 26% de la population refuseraient d’être vaccinés contre la Covid en cas de découverte d'un vaccin.
Le Docteur Etienne Moulin, président du Conseil de l'Ordre des médecins du Tarn, regrette "l'immense frilosité" d'une partie de la population en matière de vaccination. "Les mouvements anti-vaccin sont très puissants en France, ce qui cause des problèmes avec beaucoup de couvertures vaccinales" regrette le médecin.
Pour rappel, pour éliminer une maladie, il faut que la couverture vaccinale passe le seuil des 95%. "On a clairement des problèmes de méningite et de rougeole que d’autres pays n’ont plus car ils ont dépassé les 80 % de vaccination. En France, on n’a même pas atteint les 50 %" expose le Dr Moulin, alors que l'Organisation mondiale de la santé alertait l'année dernière encore sur une hausse du nombre de cas de rougeole dans le monde.
Convaincre plutôt que contraindre
Il n'empêche qu'une politique d'obligation vaccinale peut également être délétère : en 2018, le docteur Guillaume Barucq écrivait que "plus les autorités de santé contraignent, plus la population se méfie de la vaccination". L'idéal pourrait donc être de convaincre plutôt que de contraindre.
Ainsi le vaccin contre le coronavirus, s'il était commercialisé prochainement, serait plutôt fermement conseillé, à l'image de ce qui existe aujourd'hui pour la grippe. Etienne Moulin insiste : "Pour que la politique de vaccination soit efficace, il faudra qu'elle soit persuasive". Le médecin imagine bien une sorte de campagne de sensibilisation qui "rappellerait les bienfaits qu'ont pu apporter les vaccins dans la lutte contre ces maladies dévastatrices que sont la polio, la tuberculose ou la diphtérie".
Dans sa stratégie de vaccination, le Conseil scientifique détermine déjà les catégories de populations qui seraient fortement incitées à se faire vacciner : personnes à risque du fait de leur âge ou de leur état de santé, à risque d’exposition professionnelle ou vivant en situation de grande précarité. Cela représenterait en tout plus de 30 millions d'individus d'après le rapport du Conseil.
A lire aussi : Coronavirus : pourquoi les Etats passent-ils des commandes de vaccins si colossales ?
L'État compte d'ailleurs se donner les moyens de mener cette politique de vaccination : plusieurs accords dont un massif (300 millions de doses pour l'Union européenne) avec le laboratoire AstraZeneca ont été passés et la France devrait être largement pourvue en vaccins. Faut-il encore que la recherche aboutisse enfin, et pour l'heure, ce n'est pas prévu avant 2021.
Bagikan Berita Ini
0 Response to "Coronavirus : le vaccin contre le Covid-19 pourrait-il devenir obligatoire ? - LaDepeche.fr"
Post a Comment