
Flemme : grande paresse, envie de ne rien faire. On a souvent tendance à associer ce mot à l'adolescence mais si vous y ajoutez la passion pour les écrans et le rejet du moindre exercice physique, le cocktail se révèle éminemment toxique pour les adultes en devenir. C'est ce que pointe une expertise de l'Agence de sécurité sanitaire (Anses) qui sera rendue publique ce lundi.
L'Anses s'alarme du fait que les deux tiers des 11/17 ans ont des comportements de sédentarité et d'inactivité corporelle de nature à les exposer à des risques pour la santé. « En dehors du temps scolaire, la moitié des ados passent plus de quatre heures et demie par jour sur leurs écrans et/ou pratiquent moins de vingt minutes par jour d'activité physique, explique le professeur Irène Margaritis, cheffe de l'unité d'évaluation des risques liés à la nutrition à l'Anses. Or, les risques sanitaires liés à cette sédentarité sont multiples et très graves. »
Prise de masse graisseuse, obésité, troubles du comportement alimentaire, moindre qualité du sommeil, augmentation à l'âge adulte des risques de maladie cardiovasculaire ou de certains cancers… « Le problème est que les habitudes prises à l'adolescence tendent ensuite à s'installer », s'inquiète la spécialiste.
Evidemment, le confinement incite encore moins les jeunes à « se bouger ». « Le contexte actuel est particulièrement propice à l'augmentation des temps de sédentarité et tout particulièrement du temps consacré aux écrans avec le développement d'une offre numérique abondante et de nouvelles technologies incitant encore davantage à la sédentarité, souligne l'Anses. Les effets du confinement accentuent par ailleurs la tendance à l'inactivité physique. »
Qui n'a pas bataillé ces dernières semaines pour convaincre son ado d'aller « mettre le nez dehors » ? « C'est tout le problème du conditionnement, explique Irène Margaritis. Moins vous en faites, plus cela vous demande d'efforts et provoque chez vous du stress quand vous devez bouger. La flemme est juste une stratégie d'évitement parce que c'est dur de se remettre à une activité physique quand on ne fait rien. »
Les ados entre 15 et 17 ans les plus touchés
Dans le détail, l'Anses a pu mesurer que le niveau de sédentarité était plus élevé encore chez les adolescents les plus âgés (15-17 ans) et chez les jeunes issus des milieux les moins favorisés. Par ailleurs, pour les 11-14 ans, les filles sont moins nombreuses (15,5 %) que les garçons (24 %) à pratiquer au moins une heure d'activité physique par jour.
Mais qui dit bouger son corps ne dit pas forcément faire du sport. « Se déplacer à pied, jouer à des jeux de plein air, porter une charge ou encore monter ou descendre les escaliers contribue également à l'activité physique », explique l'Anses. « Moi par exemple, j'ai incité ma fille de 17 ans à faire au moins 20 minutes à pied sur ses 40 minutes de trajet scolaire, explique Irène Margaritis. Quand elle arrive au lycée, son cerveau est oxygéné, elle me dit qu'elle se sent mieux que lorsqu'elle n'utilisait que les transports en commun. »
En cette période de confinement qui incite encore plus les ados à « cocooner » dans leur chambre, sur le canapé ou sous la couette les yeux hypnotisés par leur écran, Irène Margaritis incite les parents à « l'exemplarité ». Elle conseille par exemple d'entraîner avec soi son ou ses enfants pour une sortie au grand air en cochant la case « déplacement bref dans la limite d'une heure quotidienne » sur l'attestation de déplacement. « C'est un bon moyen pour les attirer dehors, estime la spécialiste de l'Anses. Cela permet de créer un lien particulier avec nos ados et peut-être d'enclencher chez eux le besoin de bouger ».
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