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Le vaccin contre la grippe saisonnière à l'aube d'une révolution - Le Journal du dimanche

Et si la pandémie de Covid-19 nous faisait prendre conscience des dangers de la grippe saisonnière? Alors qu'en France la stratégie de prévention contre le virus influenza cible les populations fragiles, aux États-Unis on vaccine même les enfants, ces super-propagateurs de souches venues de l'hémisphère Sud. Certes la couverture vaccinale des personnes à risque a bondi l'an dernier, mais elle restait insuffisante en 2018-2019 : 51% des plus de 65 ans, loin de l'objectif de 75% fixé par l'OMS. Quel niveau atteindra-t‑elle cette année où l'épidémie de grippe pourrait être "plus forte", selon le ministre de la Santé, ­Olivier Véran, et où une double circulation influenza - Sars‑CoV-2 et des coïnfections grippe - Covid-19 sont redoutées? Réponse à partir du 26 octobre, date du début des injections gratuites proposées à 18 millions d'assurés sociaux.

Défiance vis‑à-vis du vaccin, retard chronique en matière de prévention, invisibilité des vagues d'absentéisme au travail ou des 8.000 à 14.500 décès annuels survenant dans 90% des cas chez des personnes âgées qui ne meurent pas de la grippe mais de ses complications bactériennes ou de l'aggravation de maladies préexistantes… la plupart des causes de la faible prise en compte de cette menace sanitaire hivernale sont connues. L'une d'elles, cependant, mérite d'être creusée. D'autant qu'elle pourrait n'être bientôt plus qu'un mauvais souvenir.

Un vaccin avec quatre fois plus d'antigène arrive en France cette année

Le succès des produits à ARN contre le Covid-19 met en lumière les piètres performances de ceux anti-influenza : de 40 à 70% d'efficacité globale selon les années et les catégories de population concernées. D'après la Haute Autorité de santé (HAS), elle est moindre chez les personnes âgées : 35% en moyenne contre les décès pour la période 2000-2009. "Le vaccin contre la grippe, c'est le maillon faible de la vaccination", résume Daniel Floret, expert à la HAS. Autre handicap : l'efficacité varie selon les années. "Les souches ciblées sont choisies en février par l'OMS pour une commercialisation en octobre, poursuit le professeur Floret. Entre-temps, les virus peuvent muter. Le pari de février est parfois perdant."

Lire aussi - La présidente de la HAS au JDD : "Nous voulons être sûrs du bénéfice du vaccin Moderna chez les jeunes"

Contre ces mauvaises grippes, fortement tueuses, Sanofi Pasteur, leader mondial du marché, propose depuis plus de dix ans aux États-Unis, au Canada ou en Australie un outil plus dosé qui arrive chez nous cette année. "L'idée a été de mettre au point un vaccin contenant quatre fois plus d'antigène, c'est‑à-dire plus adapté au système immunitaire des personnes âgées", détaille Elaine O'Hara, responsable commerciale du groupe pour l'Amérique du Nord. D'après elle, il s'agit d'une "vraie innovation" dont l'efficacité contre "les symptômes et les hospitalisations" serait "démontrée" et dont on n'aurait pas encore pris la mesure en Europe.

L'ARN devra être "10 à 15% plus efficace" pour envisager une commercialisation

Chargée d'évaluer l'intérêt d'Efluelda, la HAS a livré des conclusions mitigées. "Il apporte un plus chez les personnes âgées mais ce n'est pas énorme", assure la professeure d'infectiologie Élisabeth Bouvet, qui préside la commission technique des vaccinations de cette instance. Également convaincu que "le progrès n'est pas spectaculaire", Daniel Floret note, lui, que son efficacité est meilleure "les années où c'est la souche H3N2 qui circule le plus". "C'est important car c'est celle qui tue le plus les personnes âgées", ajoute-t‑il. Malgré ces réticences, un consensus médical émerge : Efluelda devrait être proposé aux assurés les plus fragiles. Et Olivier Véran a balayé mercredi sur Franceinfo les doutes sur ce produit boosté vendu 30 euros contre 10 euros ­habituellement.

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Si la technologie de l'ARN messager fonctionne, elle pourrait accélérer la vitesse de production des vaccins

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Le choix sera peut-être tout autre dans quelques années. Car, si aucun pas de géant n'a été fait depuis la mise au point du vaccin antigrippal en 1944-1945, laboratoires académiques et industriels se reprennent à espérer. Première piste : une plate­forme basée sur l'ARN messager. Sanofi Pasteur, qui a racheté Translate Bio, un des pionniers du domaine, a lancé des essais en juin, avant Pfizer et Moderna. "C'est une technologie à fort potentiel qui, si elle fonctionne, pourrait accélérer la vitesse de production des vaccins", commente Jean-François Toussaint, responsable au niveau mondial de la recherche et du développement chez Sanofi Pasteur.

Ce dernier estime toutefois qu'il faudrait qu'elle soit "10 à 15% plus efficace" pour envisager une commercialisation. Mais le haut cadre reste prudent : "C'est une maladie très compliquée et d'autres obstacles devront être vaincus pour parvenir à conserver les produits dans des seringues à la température du réfrigérateur."

Un nouvel essai de vaccin universel en phase 1

Une découverte fondamentale assez récente ouvre encore d'autres pistes. "En 2015, deux équipes de chercheurs ont identifié des motifs communs à toutes les souches grippales sur l'hémagglutinine, une protéine équivalente à la Spike pour le Sars-CoV-2, la clé que le virus utilise pour entrer dans nos cellules", dévoile le vaccinologue Cecil Czerkinsky, chercheur émérite à l'Inserm. À ses yeux, cette avancée donne du crédit au vieux rêve d'un vaccin universel contre tous les virus grippaux.

En juin, un essai clinique de phase 1 a d'ailleurs débuté chez l'homme aux États-Unis, à la suite de résultats encourageants chez la souris, le furet et le singe. "Des copies multiples de ces fragments sont assemblées dans des nanoparticules", détaille Czerkinsky. Au lieu de se concentrer sur la tête de la protéine, comme les vaccins actuels, les chercheurs ont dans leur ligne de mire une partie plus discrète de son anatomie : sa tige, sur laquelle se trouvent les segments épargnés par les mutations. "Ces travaux sur les animaux suggèrent une protection croisée contre différentes souches", ajoute Czerkinsky. Ou comment un pas de géant est souvent un pas de côté.

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